Primaire de la droite : François Fillon crée la surprise après une remontée fulgurante
Sa candidature, François Fillon l'a annoncée dès 2013. Un an avant celle d'Alain Juppé et le retour sur la scène politique de Nicolas Sarkozy. Cette primaire ouverte, une première dans l'histoire de la droite française, est un peu la sienne. Elle fut la condition de son retour au bercail après la sécession ordonnée dans la foulée de sa défaite controversée face à Jean-François Copé pour la présidence de l'UMP, fin 2012.
Mais avec le duel de favoris Alain Juppé-Nicolas Sarkozy et le "renouveau" martelé par Bruno Le Maire, François Fillon reste longtemps sous les écrans radar médiatiques. "Nicolas Sarkozy dit ne pas comprendre pourquoi François Fillon fait ça... Il risque de finir à 2%", glissait un soutien de l'ancien président en avril. Un autre: "on ne peut pas transformer une voiture de course de côtes en Formule 1".
Le Sarthois, avec son programme libéral très avancé, a également perdu quelques troupes en cours de route. A commencer par Eric Ciotti, vite retourné dans les rangs de Nicolas Sarkozy. Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, a elle rallié Alain Juppé... au moment où la vague Fillon commençait à monter.
Les atouts du député de Paris ne manquaient pourtant pas. A commencer par un solide réseau de soutiens chez les parlementaires, notamment au Sénat avec le président Gérard Larcher et celui du groupe Les Républicains Bruno Retailleau. Le renfort de Sens Commun, influent collectif d'opposants au mariage homosexuel. Et un orfèvre réputé en matière d'organisation de campagnes électorales, artisan de la victoire de Jacques Chirac en 1995: Patrick Stefanini.
Un déclic semble s'opérer le 13 octobre à l'occasion du premier débat télévisé. François Fillon transforme l'essai lors de "L'Emission politique" sur France 2 où il n'hésite pas à dénoncer sans hausser le ton la présence de l'humoriste Charline Vanhoenacker.
Rebelote lors du deuxième débat, où sa pondération est soulignée, quand ses concurrents s'en prennent vertement à Nicolas Sarkozy. "Quand j'entends François Fillon, je comprends pourquoi je l'ai nommé Premier ministre", glisse un Nicolas Sarkozy qui se garde bien de le critiquer, malgré les attaques de celui qu'il traitait de "collaborateur". A la fin de l'été, M. Fillon avait ainsi attaqué l'ancien président sur sa probité en lançant: "Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ?", comme l'est M. Sarkozy dans deux affaires, Bygmalion et les écoutes.
Lors du troisième débat, il n'hésite pas à rabrouer les présentateurs qui coupent la parole des candidats.
Sa cote montant en flèche, M. Fillon s'est trouvé ces derniers jours un ultime adversaire en la personne d'Alain Juppé. Le maire de Bordeaux n'hésite plus à dénoncer le programme "le moins crédible" de son nouveau rival, notamment son objectif de suppression en cinq ans de 500.000 postes de fonctionnaires.
"Je lui réponds que cette critique signe son impuissance et justifie ma candidature", cingle Fillon devant 4.000 personnes réunies vendredi au Palais des Congrès. Comme un avant-goût du débat d'entre-deux tours.
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