Primaire de la droite : Juppé gagnant, selon un sondage, du débat marqué par quelques attaques sur les "affaires"
Les affaires judiciaires en point d'orgue, des grands oraux sur l'économie puis la sécurité: le premier débat télévisé entre les sept concurrents de la primaire de la droite jeudi a oscillé entre les brûlantes rivalités, notamment Sarkozy-Copé, et le froid des chiffres.
Les rivaux à la primaire des 20 et 27 novembre, qui ne s'affrontaient que par estrades, livres et micros interposés depuis des mois, ont surtout crevé l'abcès judiciaire lors de ce premier rendez-vous, inédit à droite, sur TF1 d'où Alain Juppé est sorti gagnant selon un premier sondage.
A l'initiative, Bruno Le Maire a demandé un extrait de casier judiciaire pour les candidats à la présidentielle.
En défense, Alain Juppé, condamné en 2004 pour prise illégale d'intérêt, a évoqué des "cicatrices" et répondu que si les Français "estiment que (sa) faute (le) disqualifie, ils ne (l)'éliront pas".
Indigné, Nicolas Sarkozy, mis en examen dans l'affaire Bygmalion, a insisté sur son "casier judiciaire vierge après 37 ans de vie politique".
Tentant de rebondir, Jean-François Copé, qui se considère désormais "totalement hors de cause" dans cette même affaire Bygmalion, a martelé qu'il n'aurait "pas été candidat" à cette primaire s'il avait été mis en examen... comme l'est Nicolas Sarkozy.
Cri de révolte de François Fillon, dont François Hollande confirme dans un livre-confession qu'il a bien demandé à l'Elysée d'accélérer les procédures judiciaires contre Sarkozy: "Je découvre que (François Hollande) non seulement est inefficace et incompétent mais, en plus, c'est un manipulateur".
Peu après, Nicolas Sarkozy a lui aussi attaqué son successeur en dénonçant ses propos sur les magistrats, les sportifs, et les "sans-dents": "Je me demande surtout jusqu'où François Hollande va salir et détruire la fonction présidentielle".
Un ton vif repris face à M. Copé qui lui reprochait d'avoir refusé une loi interdisant le voile intégral, l'ancien locataire de l'Elysée a répliqué: "La loi sur la burqa, pardon Jean-François, ce n'est pas toi qui nous l'a imposée, et tu étais bien incapable d'imposer ni au Premier ministre ni au président de la République quoi que ce soit, pas plus hier qu'aujourd'hui".
Le même Copé avait ouvert avec énergie cet exercice inédit à droite à sept mois de l'élection présidentielle, proposant de "reprendre le flambeau" de la "rupture" promise mais "pas faite" par Nicolas Sarkozy en 2007.
A sa droite, l'ancien président a rappelé avoir "gouverné" avec ceux qui l'entouraient et qui l'ont régulièrement attaqué sur son bilan.
Tous ont marqué leur différence, à l'image de Nathalie Kosciusko-Morizet, seule femme du plateau, raillant "le recyclage", qui "marche pour les déchets, pas pour les idées", vantant sa "droite de progrès" face aux "conservateurs", ou Bruno Le Maire, surenchérissant face à la caméra et sans cravate: "Si vous voulez que tout continue comme avant, eh bien vous avez tout sur ce plateau".
Et l'ancien Premier ministre François Fillon, qui avait lancé la première pique de la campagne sur le thème de la probité, a lâché vouloir être "le président de l'honnêteté".
"Je suis prêt", a assuré le favori des sondages, Alain Juppé, sorti gagnant du débat dans une enquête d'opinion d'Elabe pour BFMTV publiée à l'issue du débat: 35% des téléspectateurs interrogés ont jugé que le maire de Bordeaux avait été "le plus convaincant", devant Nicolas Sarkozy (21%) et Bruno Le Maire (15%).
Tout au long de l'émission, M. Juppé a tenté d'esquiver les attaques et a surtout répété que cette primaire était "ouverte", après avoir enregistré cette semaine le soutien de nombreux centristes. Réplique immédiate de Sarkozy, l'accusant de vouloir faire des "compromis" avec la gauche.
L'inconnu du plateau, Jean-Frédéric Poisson, a reproché à son camp de n'avoir qu'"aménagé des parenthèses" entre les épisodes de la gauche au pouvoir.
Les sept postulants, qui se sont tutoyés, ont aussi passé beaucoup de temps à manier chiffres et pourcentages. Ont été réaffirmées la suppression des emplois aidés (Bruno Le Maire), celle de l'ISF (Nicolas Sarkozy), la hausse de 3 points de la TVA couplées à une baisse de 35 milliards d'euros des charges sociales (Jean-François Copé), etc.
Réagissant sur les réseaux sociaux, la gauche a raillé "la naphtaline" des idées exposées par la "vieille droite". La presse de vendredi 14 a plutôt loué la (trop) bonne tenue d'un débat "sans éclat ni surprise".
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