Statut des fonctionnaires : désavoué par Hollande, Macron recule
C'est un rétropédalage en règle, ou pas. Après avoir confié, lors d'un petit-déjeuner de presse censé rester "off" (c'est-à-dire confidentiel) vendredi 18, qu'il ne trouvait "plus adéquat" le statut des fonctionnaires leur garantissant un "emploi à vie", Emmanuel Macron a fait marche arrière le soir même. Quelques instants seulement après que François Hollande ait en personne rappelé son "attachement" au statut de fonctionnaire.
Les règles du cercle de réflexion "En temps réel" sont pourtant claires, ce qui se dit lors des rencontres qu'il organise doit rester confidentiel, "off the record" comme disent les journalistes. Mais, pas de chance pour Emmanuel Macron, cette fois Ghislaine Ottenheimer, rédactrice en chef de Challenges qui assistait à la rencontre de vendredi, a décidé de ne pas tenir compte de la règle. "On (a) un tout petit peu franchi la ligne jaune", a-t-elle ainsi confié au Monde.
Car l'information est explosive: après avoir eu des propos interprétés comme une remise en cause des 35 heures face au patronat fin août (ce dont Emmanuel Macron s'est ensuite défendu), le ministre s'attaquait cette fois au statut des fonctionnaires. Un statut qui ne serait ainsi "plus adapté au monde tel qu'il va", selon le ministre de l'Economie. "Je ne vois pas ce qui justifie que certains cadres de mon ministère bénéficient d’un emploi garanti à vie, et pas le responsable de la cyber sécurité d’une entreprise...".
La polémique est ensuite arrivée aux oreilles de François Hollande, qui décorait ce même vendredi après-midi un haut fonctionnaire dans son fief corrézien de Tulle. "Vous êtes un fonctionnaire d'État, attaché, comme moi, à son statut. Être un fonctionnaire, c'est être toujours capable d'anticiper, de prévoir et de servir. C'est la raison pour laquelle le fonctionnaire a des droits, le statut, et des devoirs", a souligné le président lors de la cérémonie. Le tout sans nommer son ministre, ce qui ne peut donc être qualifié de recadrage en règle mais plutôt de mise au point.
Contrairement à son discours prononcé à l'université d'été du Medef, fin août, cette fois Emmanuel Macron ne prenait pas la parole en publique et la discussion avec les invités d'"En temps réel" était censée rester "triple off", comme l'a indiqué une proche du ministre au Monde. Le locataire de Bercy ne peut donc être accusé d'avoir voulu polémiquer. Dans la soirée de vendredi il a ainsi souligné n'avoir "à aucun moment parlé de réforme" du statut de fonctionnaire. "Les propos partiels rapportés donnent une vision déformée de ma pensée. Il ne peut y avoir aucune polémique à ce sujet", a-t-il mis au point.
Pour autant, "le ministre assume ses propos", assure RTL, citant l'entourage d'Emmanuel Macron. "Il voulait juste donner en exemple la haute fonction publique. C'est-à-dire celle qui possède un statut à vie et qui est très protégée dans sa carrière n'obéissant pas aux mêmes règles que les autres", ont expliqué en substance ses proches, cités par la radio.
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