Valse de prétendants en vue d'un remaniement ministériel
Un remaniement pour entrer dans la dernière ligne droite de son quinquennat avec un gouvernement en ordre de marche et cohérent à quinze mois de la présidentielle de 2017. Quand? La fenêtre de tir s'ouvre dès le vote sur la révision constitutionnelle à l'Assemblée nationale, soit le 10 février au soir.
Pour le reste, tout tient à Laurent Fabius. Pour que les commissions des Lois du Sénat et de l'Assemblée puissent se prononcer dans les temps sur son entrée au Conseil constitutionnel, le chef de l’État devrait proposer son nom d'ici à la mi-février. Avec à la clef deux options: un remaniement quasi immédiat après cette annonce -hypothèse la plus probable, les dates des 11 et 15 février étant régulièrement citées- ou différé de deux semaines.
Au Quai, le départ de Laurent Fabius ne fait en tout cas plus guère de doute. "On le sent dans son comportement, son cabinet, largement recasé, fait déjà ses cartons", glisse un habitué. De surcroît, même nommé à la tête du Conseil constitutionnel, il serait juridiquement en mesure de conserver, comme il le souhaite, la présidence de la COP21 jusqu'à la fin de l'année, date à laquelle la France remettra le flambeau des négociations sur le climat au Maroc.
Parmi la pléthore de successeurs possibles, un nom revient avec insistance, celui de Ségolène Royal, l'actuelle super-ministre de l’Écologie. Mais on évoque aussi l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, germanophone, et Matthias Fekl, le jeune secrétaire d’État au Commerce extérieur, très en cour parmi les diplomates, et qui, clin d’œil à l'actualité, est binational, français et allemand.
D'autres noms circulent encore: Michel Sapin, Elisabeth Guigou, la présidente de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée, voire Hubert Védrine, qui ferait ainsi son grand retour au Quai. S'il s'agissait de Ségolène Royal cependant, resterait à lui trouver, elle-aussi, un successeur. Et cette fois, le nom de Nicolas Hulot était sur toutes les lèvres. Las, l'ex-animateur d'Ushuaïa et envoyé spécial du président Hollande pour la protection de la planète a dit non merci, ce jeudi sur Twitter.
Du coup, l'hypothèse d'un retour des Verts au gouvernement resurgit. François Hollande n'a cessé de répéter que la porte du gouvernement qu'ils avaient claquée à l'arrivée de Manuel Valls à Matignon en mars 2014 reste ouverte. Des écologistes aussi bien "canal historique" comme la patronne d'EELV, Emmanuelle Cosse, très courtisée, que pro-gouvernement comme Barbara Pompili, François de Rugy ou Jean-Vincent Placé. "Il faut qu'il y ait les premiers pour avoir les seconds", souligne une source gouvernementale.
Dans ce jeu de chaises musicales, il n'y a qu'une véritable certitude, le départ de la radicale de gauche Sylvia Pinel du gouvernement. La ministre du Logement souhaite rejoindre la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées où elle a été élue première vice-présidente.
Son départ pourrait être compensé par l'entrée du président du PRG Jean-Michel Baylet, qui trépigne d'impatience. Ce serait "légitime", juge un autre PRG, Thierry Braillard (Sports). Baylet pourrait succéder à Sylvia Pinel, à Marylise Lebranchu, donnée partante, à la Fonction publique, voire à Stéphane Le Foll, empêtré dans une énième crise du monde agricole.
L'incertitude demeure aussi sur le sort de Jean-Yves Le Drian, à la fois ministre de la Défense et président de la région Bretagne, une entorse à la charte déontologique signée par les membres du gouvernement. L’Élysée reste muet sur ce point, faisant valoir à demi-mot la situation exceptionnelle créée par les attentats de 2015 avec l'engagement des forces françaises sur le territoire national comme sur les théâtres d'opérations extérieures. Le Breton est également très impliqué dans la vente du Rafale à l'Inde.
En attendant, 68% des Français appellent de leurs vœux un remaniement tandis que la cote de confiance de François Hollande a de nouveau plongé pour retrouver, avec 15%, son niveau précédant les attentats du 13 novembre, selon un sondage publié jeudi.
Le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, voit dans le remaniement l'occasion d'un "élargissement" de la majorité gouvernementale. Mais un "hollandais" l'assure: "ce qui est important dans la perspective de 2017, c'est l'assise politique pour l'action du président. Une candidature ne se gère pas avec un remaniement".
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