Mokhtar Belmokhtar, vingt ans de terrorisme de l'Algérie au Mali

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DD.
Publié le 15 juin 2015 - 12:53
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©Thierry Ehrmann/Flickr
Mokhtar Belmokhtar est l'un des principaux leader de la lutte islamiste armée depuis le début des années 90.
©Thierry Ehrmann/Flickr
Si la mort de Mokhtar Belmokhtar suite à une frappe américaine en Libye se confirme, les islamistes au Sahel perdraient l'un de leurs principaux chefs. Connu pour ses coups d'éclat, sa capacité à mener des opérations d'envergure frappant durement les intérêts occidentaux, mais aussi son côté "dissident" des principaux groupes djihadistes, il a derrière lui vingt ans de combat sur différents fronts.

Il est l’ennemi numéro-1 de la France dans le Sahel. Et si le grand public a découvert l’existence de Mokhtar Belmokhtar lors de la prise d’otages d’In Amenas en janvier 2013 qu’il a organisée et revendiquée, il a, avant ce fait d’armes, plus de vingt ans de combat armé derrière lui.

De nationalité algérienne, Mokhtar Belmokhtar, dit "l’Insaisissable", "le Borgne", ou "Mister Malboro" par les services secrets algériens pour sa propension au trafic de cigarettes en marge de ses activités terroristes, s’est formé à l’activisme en Afghanistan dès le début des années 90. Rentré en Algérie, il regagne sa ville d’origine, Ghardaïa, en plein cœur du pays, où il va s’investir massivement dans la sanglante guerre civile (au moins 60.000 morts en dix ans) fondant et dirigeant l’un des groupes islamistes les plus actifs et les plus meurtriers du pays.

Son activité sur le terrain lui permet de rentrer en contact avec al-Qaïda et les émissiaires de Ben Laden, dont il va se rapprocher pour fonder le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), l’ancêtre de ce qui deviendra AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique).

Au début des années 2000, alors que les islamistes algériens sont en train de perdre la guerre civile, Mokhtar Belmokhtar se replie sur la bande sahélienne où il va poursuivre la lutte armée. Il sera notamment à l’origine de l’enlèvement de deux Français en 2011 à Niamey, au Niger, Antoine de Léocour et Vincent Delory, qui seront tués, l'un froidement exécuté, l'autre carbonisé dans le véhicule des ravisseurs lorsque les forces françaises donneront l’assaut.

En froid avec les dirigeants d’AQMI, principalement pour des luttes d’égo entre chefs et des dissensions sur les choix stratégiques concernant le montant des rançons, Belmokhtar va alors fonder sa propre "katiba" (son groupe de combattants) appelé "El-Mouaguiine Biddam" ("les Signataires par le sang") qui coupera définitivement les ponts avec AQMI en décembre 2012, quelques semaines seulement avant l’attaque d’In Amenas, qui provoquera la mort de 37 otages étrangers (dont un Français).

Peu après la prise d’otages d’In Amenas, les forces françaises interviennent massivement au Mali, poussant Mokhtar Belmokhtar à battre en retraite en Libye. Là, il fait fusionner sa "katiba" avec le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) pour créer un groupe plus puissant, "al-Mourabitoune", où les dissensions seront pourtant nombreuses, entre la fidélité à Al-Qaïda "canal historique" défendue par Mokhtar Belmokhtar, et la volonté d’allégeance à l’Etat islamique officiellement annoncée par al-Mourabitoune en mai dernier.

Mokhtar Belmokhtar s’était exprimé dans un communiqué en janvier dernier félicitant l’attentat perpétré par les frères Kouachi dans les locaux de Charlie Hebdo qui a abouti à la mort de 12 personnes.

C’est donc la disparition de l’un des principaux chef islamistes de la région sahélienne qui a été annoncée ce lundi matin par les autorités libyennes. Il aurait trouvé la mort lors d’un bombardement effectué par un avion américain. Les Etats-Unis, plus prudents, n’ont confirmé pour l’instant que l’attaque, sans confirmer la mort de Mokhtar Belmokhtar. L’homme est en effet coutumier des annonces prématurées de sa mort. En mars 2013, les forces tchadiennes pensaient déjà l’avoir tué, publiant même une photo de son cadavre présumé. A tort. "L’Insaisissable" était bien vivant et continuait son action de prise de contrôle progressive et de terreur dans toute la zone sahélienne.

 

 

 

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