Nouvelles frappes de l'armée turque contre le PKK en Irak et en Syrie
La logique d'Ankara est claire: attaquée sur son sol, la Turquie riposte. Suite à l'attentat attribué à l'Etat islamique (EI) contre des militants pro-kurde à Suruç le 20 juillet dernier qui a fait 32 morts, l'armée de l'air turque a frappé des positions tenues par les djihadistes en Syrie. C'est avec cette même logique qu'elle mène également des opérations contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (parti séparatiste kurde en Turquie, PKK).
Dimanche 26 juillet, des chasseurs-bombardiers turcs ont attaqué des cibles liées au PKK en Irak et en Syrie. Ce raid aérien est intervenu après l'explosion dans la nuit de samedi 25 à dimanche 26 d'une voiture piégée au passage d'un véhicule militaire sur une route près de Diyarbakir (sud de la Turquie), qui a tué deux soldats et en a blessé quatre autres. Un communiqué de l'armée a imputé cet attentat aux séparatistes du PKK. Le mouvement kurde a revendiqué l'exécution mercredi 22 de deux policiers dans la ville de Ceylanpinar (sud).
C'est la deuxième fois que l'aviation turque s'en prend à des positions du PKK, faisant ainsi voler en éclat la fragile trêve conclue en 2013 entre Ankara et le parti kurde. Le PKK a qualifié samedi 25 d'"agression" les bombardements menés par l'armée turque et estimé qu'ils avaient "rompu les conditions du cessez-le-feu" entre ses combattants et les forces de sécurité turques. Cet accord de cessez-le-feu avait mis fin à 30 ans de violences qui ont fait 40.000 morts.
Parallèlement à ces actions militaires, les autorités turques ont lancé une vague d'arrestations qui ont touché aussi bien des personnes soupçonnées d'appartenir à des filières djihadistes que des militants d'extrême gauche proche du PKK et de la cause kurde. Selon un bilan fourni par la presse turque, 851 personnes ont été arrêtées depuis vendredi 24.
La Turquie a par ailleurs demandé la tenue d'une réunion extraordinaire de l'Otan mardi 28 pour discuter de sa sécurité.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et la chancelière allemande Angela Merkel ont apporté leur soutien à Ahmet Davutoglu, le Premier ministre turc, dans la lutte contre le terrorisme, tout en l’appelant à ne pas renoncer aux négociations de paix avec le PKK. De leur côté, les Etats-Unis, alliés des Kurdes en Syrie et en Irak, ont condamné très mollement les attaques du régime du président Recep Tayyip Erdogan contre le PKK, appelant les deux belligérants à "une désescalade" et au retour au "processus de solution pacifique".
Ankara a donné son feu vert à l'utilisation de la base d'Incirlik (sud) aux avions américains qui bombardent l'EI en Syrie et en Irak. La Turquie a longtemps été accusée de complaisance et d'inertie à l'endroit des islamistes radicaux en guerre contre le régime de Damas, ce qu'elle a toujours démenti. Elle avait notamment refusé d'intervenir militairement en soutien aux milices kurdes de Syrie, empêchant même les volontaires du PKK de franchir la frontière pour aller soutenir les Kurdes syriens au plus fort de l'attaque djihadiste contre Kobané, fin 2014.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.