"Panama papers" : Le Premier ministre islandais dans la tourmente

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 04 avril 2016 - 19:08
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Le Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson
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Sigmundur David Gunnlaugsson a déclaré qu'il ne comptait pas démissionner suite aux révélations des "Panama papers".
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Le Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson est devenu l'un des symboles du scandale "Panama papers" qui a révélé ses manipulations financières. Bien qu'il nie tout activité illégale, il pourrait être contraint à la démission dans les jours qui viennent.

Le jeune Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson se retrouve dans la tourmente des "Panama papers", enquête journalistique qui révèle ses avoirs dans un paradis fiscal, et qui pourrait provoquer sa chute.

Selon des documents publiés par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), M. Gunnlaugsson, 41 ans, a possédé avec sa femme une société dans les îles Vierges britanniques, jusqu'à ce qu'il lui cède ses parts fin 2009 pour un dollar symbolique. Quand il a été élu député pour la première fois en avril 2009, il a omis cette participation dans sa déclaration de patrimoine. L'affaire est extrêmement sensible dans un pays marqué par les excès des années 2000, où un secteur financier euphorique et ses dirigeants et cadres usaient et abusaient des sociétés écran.

La défense du chef de gouvernement est simple: lui n'a jamais caché d'argent à l'étranger, et sa femme est en règle avec le fisc islandais. "Elle n'a jamais utilisé de paradis fiscal, et on ne peut pas dire non plus que sa société est une société offshore dans le sens où elle paierait des impôts à l'étranger plutôt qu'en Islande", a-t-il écrit sur son site internet. "Je n'ai pas envisagé de démissionner à cause de cela et je ne démissionnerai pas à cause de cela", a-t-il insisté lundi, interrogé par la chaîne Stöd 2.

Lors d'un entretien avec la télévision suédoise SVT réalisé le 11 mars et diffusé pour la première fois dimanche, il s'était montré très mal à l'aise, au point de quitter la pièce quand les questions sont devenues pressantes. "On rend suspect quelque chose qui ne l'est pas", s'agaçait-il.

Fils de député et à l'origine journaliste, M. Gunnlaugsson était censé incarner une rupture avec la classe politique, y compris celle de son parti, qui avait fermé les yeux sur la frénésie d'expansion des banques islandaises. Celle-ci s'est terminée par une crise financière historique, une récession, et un sauvetage du Fonds monétaire international.

L'épouse du Premier ministre, Anna Sigurlaug Palsdottir, 41 ans également, est la fille d'un homme d'affaires qui a fait fortune en étant concessionnaire des voitures Toyota dans le pays. Le 15 mars, c'est elle-même qui avait rendu publique sur Facebook l'existence de la société que le couple a créée en 2007, appelée Wintris, pour gérer la fortune dont elle a hérité. Elle y expliquait qu'avec l'aide du cabinet de conseil KPMG, elle avait fait en sorte de payer tous ses impôts en Islande.

Depuis, l'opposition réfléchit au dépôt d'une motion de défiance. Cela devrait être fait lundi, pour un vote selon toute vraisemblance soumise dans la semaine. L'opposition de gauche devrait certainement l'appuyer, tandis que le parti du chef de gouvernement, le Parti du progrès, devrait s'y opposer. Dans ce cas, le sort du gouvernement serait décidé par la deuxième formation de la coalition gouvernementale, le Parti de l'indépendance (droite), qui apparaît divisé sur la question.

Que M. Gunnlaugsson se soit rendu coupable d'évasion fiscale reste à prouver. Mais politiquement, sa position est devenue intenable. "Le Premier ministre doit immédiatement démissionner" car il "a fait preuve de sa méfiance envers la monnaie et l'économie islandaises en plaçant son argent dans un paradis fiscal", a lancé dimanche soir l'ancienne chef de gouvernement, la sociale-démocrate Johanna Sigurdardottir.

Plus gênant peut-être: Wintris a détenu des créances auprès des banques islandaises en faillite. Or M. Gunnlaugsson a percé en politique après avoir mené un mouvement de fronde, couronné de succès, contre les conditions drastiques auxquelles l'Islande était censée rembourser d'autres pays lésés par la faillite de ces banques.

"C'est triste que ceux qui veulent et affirment montrer l'exemple disent que le fondement c'est de croire en l'Islande, et ensuite décident qu'il vaut mieux placer leur argent ailleurs", a commenté l'historien et intellectuel Gudni Johannesson auprès de la télévision publique RUV.

La commission constitutionnelle du Parlement se réunissait lundi. Des manifestations sont prévues dans la semaine à Reykjavik, la première lundi en fin de journée. Plus de 24.000 personnes, dans un pays de 320.000 habitants, avaient signé dans l'après-midi une pétition en ligne appelant à la démission du Premier ministre.

 

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