Syrie : les forces du régime s'apprêtent à reprendre Alep
Après près de trois ans de statu quo, la seconde bataille d'Alep semble tourner à l'avantage des troupes du régime de Bacahr al-Assad. Leur offensive, soutenue par l'aviation russe, a gagné d'importants secteurs au nord de la ville, et coupé la principale voie de communication reliant les rebelles d'Alep à la frontière turque.
Dimanche 7, grâce au soutien logistique de l'aviation russe et à un intense bombardement d'artillerie, les forces du régime de Damas, appuyées par des combattants du Hezbollah libanais et des conseillers militaires iraniens, ont progressé en direction de la localité de Tall Rifaa, une ville située à une vingtaine de kilomètres de la frontière turque, aux mains des insurgés depuis 2012. Elle est l’un des trois derniers bastions rebelles dans le nord de la province d’Alep, avec Avaz et Marea. Les forces qui s'opposent au régime font partie de groupes rebelles modérés et les islamistes du Front al-Nosra (Al-Qaïda en Syrie).
L'objectif affiché par les forces de Bachar al-Assad est d'encercler la ville d'Alep, ancienne capitale économique du pays, afin de couper le ravitaillement des insurgés, plutôt que de s'engager dans un combat de rue long et coûteux en vies humaines, où la supériorité aérienne du régime serait inopérante. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), raids et combats auraient fait depuis lundi 1er février 435 morts, dont 71 civils, l'aviation russe aurait à plusieurs reprises bombardé des hôpitaux.
La stratégie employée, qui consiste donc à affamer la ville, fait craindre aux ONG une catastrophe humanitaire. Médecins sans frontières a ainsi averti qu’une rupture totale des voies d’approvisionnement serait dramatique pour les quelque 350.000 civils toujours présents dans les quartiers d’Alep contrôlés par les rebelles. Plus de 30.000 civils ont déjà fui les combats et se pressent maintenant à la frontière pour rejoindre la Turquie. Les pays européens font par ailleurs pression sur Ankara pour lui rappeler son devoir d’accueillir les réfugiés syriens. S’ils "sont à nos portes et n’ont pas d’autre choix, nous devons laisser entrer nos frères et nous le ferons", a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan, sans préciser quand. Le seul point de passage possible était encore fermé dimanche.
Cette violente offensive se déroule alors que les négociations de paix entre le régime et les représentants de la rébellion modérée à Genève sont au point mort. En effet, l'opposition a souligné que sa délégation n'est pas à Genève pour négocier mais pour tester les intentions du régime. Il ne pourrait y avoir de discussions, même indirectes, tant que le gouvernement syrien bombarde des secteurs civils, maintient le blocus des villes assiégées et refuse de libérer des détenus. Les pourparlers sont suspendus jusqu'au 25 février.
La Russie, qui affirme combattre des "extrémistes" à Alep, a fait la sourde oreille à ce mécontentement croissant et a affirmé que les frappes ne cesseraient pas. Moscou dit craindre que la Turquie ne prépare une incursion militaire en Syrie.
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