La croissance démographique de la France se poursuivra "essentiellement via l’immigration", qui représente désormais 10% de la population

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France-Soir
Publié le 29 août 2023 - 13:00
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Photo de Chau Cédric sur unsplash.com
Foule qui attend un train, ligne du RER B, à Paris.
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DÉMOGRAPHIE - L’immigration constituera dans les prochaines années "l’essentiel de la croissance de la population française", selon une note de l’Institut Montaigne publiée lundi 28 août 2023. 10% des habitants du pays sont désormais issus de l’immigration, soit près de 7 millions de personnes. Une "proportion inédite" et la croissance de la population se "poursuivra essentiellement via l’immigration".

Si la situation démographique du pays n’est pas inquiétante de l’avis de l’auteur de cette note, Bruno Tertrais, expert associé à l’Institut Montaigne, la France subit non seulement un vieillissement ascendant de la population, mais également une stagnation de son taux de natalité.

Selon les chiffres de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) auxquels se réfère ce laboratoire d'idées français, la population s'élevait au 1er janvier 2023 à 68 millions d’habitants. Il s’agit, certes, d’une croissance 0,3% en 2022 par rapport à 2021 mais d’un ralentissement démographique en comparaison aux années précédentes (0,5% en 2018, 0,3 en 2020).

Depuis le milieu des années 2000, la France, pays le plus fécond d’Europe, enregistre davantage de décès (667.000 en 2022) et moins de naissances (723.000). Le taux de fécondité était de 1,8 enfant par femme l'année dernière, en dessous de 2, le "seuil de renouvellement" sous lequel la population diminue.

La tendance devrait se poursuivre selon les prévisions de l’Insee puisque la population nationale devrait atteindre en 2040 le pic d’environ 69 millions d’habitants, avant de connaître une décroissance jusqu’en 2070 avec 68,1 millions d’habitants.

10% de la population française est immigrée

En plus d’un taux de natalité "en berne", les Français sont confrontés à un vieillissement qui poursuit une courbe haussière. 21,3% de la population est âgée de plus de 65 ans contre 17,1% en 2012. Si ce vieillissement "résulte tout particulièrement de l’allongement de la durée de la vie", lit-on encore, le faible taux de natalité chez les Français s’explique surtout par l’âge élevé de la première naissance et le nombre d’enfants par femme plutôt que par le nombre peu élevé de femmes en âge d’avoir des enfants.

L’immigration devrait alors combler ce "déficit démographique annoncé". "L'apport migratoire est appelé à être structurellement majoritaire dans la croissance démographique du pays", explique Bruno Tertrais.

Selon la même note, les "immigrés étrangers", c’est-à-dire les personnes étrangères, nées à l’étranger et vivant en France sans avoir été naturalisées françaises, sont 4,5 millions et représentent 64% du nombre total d’immigrés.

Le nombre de ceux qui sont devenus Français par acquisition s’élève à 2,5 millions et représente 35% de l’immigration. La proportion totale des étrangers (non naturalisés) sur le sol français est passée de 1% en 1851 à 7,7% en 2021, soit 5,3 millions de personnes, dont les 4,5 millions d’immigrés nés à l’étranger auxquels s’ajoutent près de 0,8 million de personnes nées en France. "Il n’y a jamais eu autant d’étrangers en France depuis le Second Empire", affirme le think-tank.

La proportion de 35% de Français par acquisition connaît une croissance annuelle de plusieurs dizaines de milliers. Il s’agit d’immigrés principalement d’origine africaine qui se deviennent français par naturalisation ou par déclaration (mariages). "Le seuil symbolique de 10% d’immigrés parmi la population française est donc maintenant dépassé alors que cette proportion était de 3,7% il y a un siècle, 5% au sortir de la guerre, 7,4% en 1975 et 8,6% en 2011", résume M. Tertrais.

Des Français "de plus en plus originaires de l’immigration"

En 2022, cette immigration a participé à hauteur de trois-quarts à la croissance de la population française. Le rapport de l’Institut Montaigne et son auteur expliquent cette "proportion inédite" par la contribution des femmes immigrées, dont la fécondité représente près d’un cinquième des naissances, au moment où le nombre de naissances de parents français ou nés en France est en baisse.

Les immigrés et leurs descendants immédiats représentent alors plus d’un cinquième de la population française actuellement. Mais "si l’immigration devient la composante majoritaire, cela ne veut pas dire que les immigrés seront plus nombreux que les natifs ; mais ces immigrés et leurs descendants immédiats représentent désormais un cinquième de la population", précise Bruno Tertrais.

La population française devient ainsi "de plus en plus originaire d’une immigration récente" et la moitié de celle-ci provient du continent africain. "Depuis les années 2000, les Européens ne sont plus majoritaires dans la population issue d’une immigration récente", apprend-on. Le phénomène n’est pas exclusif à la France puisque la croissance de la population "de la plupart des autres États européens se poursuivra désormais essentiellement via l’immigration".

Le rapport du think-tank se penche également sur l’impact économique de l’immigration sur la richesse nationale, les comptes publics, l’emploi et les salaires. Un impact "marginal" dans tous ces domaines. "Passé l’effet transitoire, l’impact à long terme des migrations sur la richesse par habitant, et son évolution, est neutre". De même pour les comptes publics car l’immigration, "une ressource et une charge pour les finances publiques", fait supporter un "impact fiscal généralement faible".

L’incidence de l’immigration est "très faible" sur le marché du travail mais Bruno Tertrais précise que les populations immigrées s’y insèrent moins bien. "La France se singularise par une immigration plutôt moins qualifiée, en moyenne, que celle des autres pays industrialisés. Cela contribue à élever le taux de chômage des immigrés", explique-t-il.

En comparaison aux personnes sans "ascendance migratoire directe", le taux d'emploi chez les immigrés est jusqu'à 10 points inférieur. Le rapport précise que d'autres paramètres sont à prendre en compte, comme la non-équivalence des diplômes ou la discrimination à l’embauche.

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