Petits commerçants : entre numérisation et autres astuces pour rester actifs, comment résistent-ils au reconfinement ?

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FranceSoir
Publié le 18 novembre 2020 - 11:58
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Petits commerçants
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Instagram - Les Fleurs de nice Corniche
J'ai fait une affiche à l'ancienne bien grande où j'indique : drive CB à distance, téléphone, bouquet sur commande”.
Instagram - Les Fleurs de nice Corniche

Alors que les annonces concernant la possibilité d’ouvrir les commerces se font attendre, nombreux sont ceux qui s’activent et se lancent sur les réseaux sociaux pour pouvoir maintenir leur activité. Pour illustrer ces initiatives, nous avons interrogé deux commerçants marseillais, une fleuriste de quartier, et la gérante d’une boutique de mode. Les responsables de ces deux magasins partagent avec nous leur expérience de passage obligé par les outils numériques, pour permettre à leur activité de survivre au reconfinement.

Sans site internet , les réseaux sociaux sont un outil incontournable

Alors que certains commerçants considèrent qu’il est maintenant indispensable de se doter d’un site Internet pour se lancer en ligne, d’autres se laissent guider par leur intuition et leur bon sens, et utilisent des techniques basiques sur les plateformes déjà à leur disposition. “Les Fleurs de Nice”, une fleuriste du 7ème arrondissement de Marseille, réussit par exemple à attirer l’intérêt et les commandes des promeneurs même en étant fermée, avec une affiche bien visible, écrite à la main avec de la peinture bleue, qui informe les clients que leur magasin reste sur le pied de guerre: les commandes par téléphones sont possibles, avec prise de rendez-vous pour la récupération. Dans ce quartier commerçant où la clientèle est faite de passants, qui passent devant pour aller chez le boucher, la boulangerie, l'épicerie, la boutique, comme de nombreux petits commerces, n’avait pas besoin de site Internet de vente en ligne.  La gérante du magasin, Céline, nous explique que malgré l’absence de site Internet, l’association d’Instagram, de son numéro de téléphone portable, diffusés grâce à sa belle affiche “faite-main”, lui permet de rester en contact avec ses clients.

Le manque de temps et de moyens, obstacles pour se lancer sur le numérique

Pour Sarah Zitouni-Contadini, gérante de la boutique Lily Paillettes, concept-store du 7ème arrondissement de Marseille, qui met en avant les créations de nombreux créateurs marseillais, le manque de temps est le principal obstacle pour se lancer en ligne. Depuis l’ouverture de sa boutique en mai 2018 , étant seule à la boutique, elle travaille 6 jours sur 7, 12 h par jour. Difficile dans ces conditions, de trouver le temps de s'occuper de la mise en place et de la gestion d’un site Internet, sans parler de la vente en ligne, de la facturation, des livraisons, etc. Dès les premiers jours de confinement, Sarah a profité du temps libéré par la fermeture du magasin, pour se lancer dans la vente en ligne, et elle s'est vite rendue compte du travail colossal nécessaire à la création d’un “eshop”: faire des photos des produits, rédiger les fiches descriptives, gérer les stocks… La liste des tâches semble interminable.

“Sans ces périodes de confinement je n'envisagerais pas un site”

Du côté des “Fleurs de Nice” la numérisation artisanale s’est faite de manière naturelle: d’un côté grâce au soutien des clients, et d’un autre, avec des pratiques qui s’adaptent naturellement au contexte. Les réseaux sociaux étaient jusqu'alors pour Céline un moyen de chercher de l'inspiration pour son magasin. À l'annonce du second confinement, elle a été surprise par la demande en fleurs des clients, qui souhaitaient continuer à se faire plaisir en période de crise, ou qui recherchaient le réconfort apporté par les couleurs des fleurs et la verdure des plantes, pour égayer leurs maisons confinées. Certains souhaitent aussi simplement soutenir les petits commerces, et toutes ces demandes ont poussé la commerçante à se lancer: “J'ai fait une affiche à l'ancienne bien grande où j'indique : drive CB à distance, téléphone, bouquet sur commande”. Et c'est ainsi que l’aventure numérique a commencé!

C’est précisément cette manière de rester proche de ses clients, avec une méthode simple et sans présomption, qui s’est avérée très efficace. C’est la preuve que les commerces veulent garder le contact sur les réseaux sociaux tout en restant proches: “ c'est écrit à la main, ça interroge les gens ils regardent et certains prennent même l’affiche en photo!”

Le site web, une obligation?

Pour la gérante de la boutique “Les fleurs de Nice” il faudra peut être à l’avenir se doter d’un site marchand, mais ce n’est pas forcément un passage obligé pour son magasin de fleurs; “j'espère que les gens auront toujours le plaisir de venir choisir en magasin ou de téléphoner pour échanger : demander les fleurs de saison, expliquer à qui s'adresse le bouquet....”
Pour la gérante du concept store Lily Paillettes, son commerce est aussi une plateforme pour d’autres créateurs, et le site web est donc au contraire, impératif , “il permet d'augmenter le chiffre d'affaire, la zone de chalandise et c'est aussi une vitrine, 85 % des gens consultent internet avant de se déplacer et de faire l'achat en boutique physique” déclare-t elle.

Quel avenir pour les commerces de proximité?

Sarah conseille de faire appel à des professionnels pour la réalisation du site et réussir un bon référencement, très important pour générer du trafic. Un photographe professionnel, l'esthétique et la mise en valeur des produits peuvent être primordiaux pour l'image de son commerce et donner envie d'acheter. Grâce à cet investissement Lily Paillettes a gagné de nombreux followers sur ses réseaux sociaux et cela a déclenché des ventes en ligne qu’elle expédie elle-même ou que les clients viennent récupérer en drive piéton.
Pour les gérantes de ces deux commerces, la période actuelle, difficile, a aussi été une occasion de se remettre en question. Pour Céline L., cette crise sanitaire permettra à tous de prendre réellement conscience de l'importance des commerces de quartier.

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