Alimentation durable : “L’appli des consos” veut concurrencer Yuka en comblant le vide d’information
Le premier confinement avait fortement influencé les habitudes alimentaires des français, qui avaient adopté des comportements plus conscients des règles diététiques, en mangeant beaucoup plus de repas faits maison, d’aliments bio. Ce changement était un peu forcé, car la fermeture des bars et des restaurants oblige mécaniquement à passer plus de temps en cuisine . Avec cette évolution, des applications déjà très populaires comme Yuka et des outils d’information nutritionnelle comme le Nutriscore ont été plébiscités, car ils aident le consommateur à faire attention à sa santé, en lui fournissant les informations nutritionnelles importantes. Mais le consommateur ne souhaite pas seulement faire attention à sa santé: il se préoccupe aussi de plus en plus de la santé et du respect de la planète et de l’environnement. Pour répondre à cette demande, le créateur de “C’est qui le patron” à lancé l’application “L’appli des consos”, pour aider les français à acheter des aliments bons pour la santé, mais aussi durables et respectueux de la planète.
Le quart de nos émissions de carbone provient de notre production alimentaire
Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le secteur alimentaire a dégagé 5,3 milliards de tonnes équivalent CO2 en 2011, (+14 % par rapport à 2001), soit presque autant que les transports. En France, selon le rapport du Projet CECAM (Contenu énergétique et carbone de l’alimentation des ménages), piloté par le Club Ingénierie Prospective Energie et Environnement, l’alimentation représente 24 % de l’empreinte carbone, soit un tiers de l’empreinte des ménages français. En outre, le secteur agro-alimentaire est responsable de plus de la moitié de l’utilisation d’eau douce, ce qui est une des principales causes des dégâts sur la biodiversité mondiale.
L’industrie commence à se reveiller pour développer des techniques moins polluantes et consommatrices d’énergie, mais toutes les marques ne font pas les mêmes efforts, et tous les aliments n’ont pas le même niveau de respect environnemental. “L’appli des consos” propose donc un outil pour connaître instantanément l’empreinte environnementale des aliments.
Outre les données environnementales, en quoi se différencie “L'Appli des consos” de Yuka?
En plus de prendre en compte des données telles que le respect de l'environnement, “L'Appli des consos” tient compte du prix des produits, du bien-être animal, et permet de savoir si les entreprises sont transparentes sur leurs produits, et leur engagement social. L'Appli peut calculer la distance de transport des aliments ce qui permet de faire une estimation de leur empreinte carbone. En personnalisant l’ordre d’importance des critères, le consommateur peut obtenir un pourcentage de compatibilité en scannant chaque produit.
De l’audit, de l’open data et des avis clients servent à noter les aliments
L'Appli des consos souhaite proposer un “audit” des industriels de l'agro-alimentaire, qui paient pour être référencés. Aujourd’hui, 30 000 produits alimentaires et 4 000 entreprises sont répertoriées. Nicolas Chabanne cofondateur de l’app explique que ces donnees proviennent d’une base de données confectionnée manuellement depuis 8 ans, ce qui la rend très fiable: "On a un très bon niveau de fiabilité, on n'est pas dans du déclaratif. Les recettes sont décortiquées, le plastique pesé, les produits cachés révélés". Pour les produits pas encore référencés, des notes peuvent être calculées à partir des données d'Open Food Facts. Pour garder une certaine objectivité, l’appli réfute tout partenariat et 10% des revenus issus des grandes entreprises sont placés dans un fond solidaire permettant à de petites entreprises d'être référencées elles aussi. Les utilisateurs peuvent aussi soumettre des photos et leurs avis sur les produits.
Préférez-vous les labels et symboles ou les applications de notation?
Ceux qui n’utilisent pas d’applications, peuvent être aidés dans leurs choix par un label qui classe les aliments respectueux de l’environnement. L’’Écolabel européen par exemple, label fiable et officiel créé en 1992 par la Commission Européenne, valorise les produits mais aussi les biens et services respectueux de l'environnement et de la santé tout au long leur cycle de vie (de l’extraction des matières premières à leur utilisation, en passant par leur fabrication).
Grâce à ce label pour lequel les industries doivent aussi payer pour se faire auditer, on peut savoir si nos détergents, papiers, peinture, cosmétiques ou même nos hébergements touristiques répondent aux critères environnementaux de l’ADEME. L’AFNOR est en charge de la délivrance d’un certificat, qui peut inclure, depuis 2015, un QR code qui peut être imprimé sur les produits pour que les consommateurs ne soient pas perdus au milieu de tants symboles sur les emballages.
Mais si le consommateur préfère une app pour centraliser labels et avis client, une application comme “L'Appli des consos” est promise à un beau succès, à l'image de celui de Yuka. Affaire à suivre donc, pour cette application qui va prochainement changer de nom pour s’appeler: “C’est quoi ce produit”
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