Plafonnement du nombre de vols et couvre-feu à Roissy. Mobilisation devant le ministère de la Transition écologique, le 9 mai 2023 à 18 heures
AÉRIEN/NUISANCES - Des élus, des associations de riverains de Roissy, mais aussi d’Orly et du Bourget, demandent un plafonnement du nombre de vols et un couvre-feu pour tous les aéroports d’Île-de-France. Les nuisances sonores et la pollution de l’air doivent être réduites en urgence afin de limiter les dégâts sur la santé des Franciliens.
Tous présents devant le Ministère de la Transition Ecologique le 9 mai, à 18 heures, au 246 boulevard Saint-Germain, à Paris. C’est aussi à cette adresse que se trouve le ministère des Transports englobé dans la grande nébuleuse d’un ministère de la Transition énergétique. Mais que font-ils ? Pas grand-chose semble-t-il du côté du transport aérien !
Des réponses sont attendues de Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports et de Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Se parlent-ils ? Peuvent-ils s’entendre pour prendre des décisions d’intérêt national ? En tout cas, ils sont au pied du mur.
Ce rassemblement du mardi 9 mai s’inscrit dans le cadre d’une mobilisation internationale du 9 au 14 mai 2023, à l’appel de l’Union Européenne contre les Nuisances des Aéronefs, UECNA.
S’y associent la branche française, l’Union Française Contre les Nuisances des Aéronefs, UFCNA, le réseau français AviActions, ADVOCNAR, l’association de défense contre les nuisances sonores à Roissy-CDG et plusieurs dizaines d’associations. Bref, c’est une mobilisation d’une ampleur exceptionnelle avec un consensus partagé entre les différents protagonistes.
Ces acteurs ont signé une tribune, soulignant l’urgence de ces mesures pour préserver la santé de la population et de la planète. "La folle croissance du trafic aérien doit cesser. Elle n’est soutenable ni pour le climat, ni pour les millions de personnes subissant nuit et jour le bruit et la pollution des avions."
300 élus interpellent Clément Beaune, Ministre chargé des Transports
À Roissy, près de 300 élus (toutes tendances politiques) ont adressé un courrier à Clément Beaune et souhaitent être reçus le 9 mai par le Ministre délégué aux transports. "Engagés au service de nos territoires, nous refusons fermement de voir s’accroître les nuisances subies par les habitants de nos communes."
La population proche des aéroports, mais désormais aussi les Parisiens (principalement dans les arrondissements du 8ème, 9ème, 10ème, 17ème, 18ème, 19ème ) sont au premier chef touchés par la dégradation de leur cadre de vie avec des conséquences sur leur santé. Vous pouvez consulter notre dernier article sur ce sujet : Les décollages de Roissy cassent les oreilles des Parisiens.
Ces élus demandent un plafonnement à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle de 440 000 mouvements par an au lieu de 500 000 mouvements (moins 11% par rapport à 2019), soit une moyenne de 1 200 vols par jour (c’est encore beaucoup !). Ils s’appuient sur la décision historique prise en juillet dernier par le gouvernement néerlandais qui donne une lueur d’espoir dans le ciel aérien fortement encombré.
L’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, l’un des plus fréquentés d’Europe avec celui de Londres-Heathrow et de taille équivalente à Roissy-CDG, a limité le trafic aérien à 440 000 au lieu de 500 000 mouvements par an.
"Un nouvel équilibre est nécessaire entre l’importance d’un bon aéroport international, d’un bon climat d’affaires et l’importance d’un cadre de vie meilleur et plus sain pour la population", a souligné Mark Harbers, le ministre néerlandais des Infrastructures.
Non ce n’est pas un mouvement populiste, mais tout simplement une question de bon sens.
En France le PDG d’Aéroport de Paris, Augustin de Romanet, reconnaît que "dans les pays développés qui ont beaucoup profité de l’avion, il faut revendiquer un usage raisonnable".
Par ailleurs, les élus exigent l’instauration d’un couvre-feu à Roissy-CDG entre 22 heures et 6 heures du matin afin de respecter les préconisations de l’OMS qui estime qu’en deçà de 8 heures de repos le sommeil n’est pas réparateur.
"Il y a en moyenne 170 vols par nuit à Roissy, essentiellement pour du fret de vêtements, ce qui ne semble pas constituer une urgence, dénonce Catherine Bouvier, Administratrice à ADVOCNAR. De nombreuses dérogations sont accordées et les infractions délivrées par l’ACNUSA à l’encontre des compagnies aériennes ne les font guère reculer dans leurs pratiques nocturnes."
En seulement un mois, une pétition lancée par Camille Etienne, une jeune femme activiste dans le domaine aérien, demandant ces mesures de plafonnement et de couvre-feu à Roissy, a recueilli plus de 20 000 signatures. Vous pouvez vous y associer.
Mobilisation sur tout le territoire national et dans le monde
Le bruit est un problème de santé publique majeur. Une tribune aujourd’hui signée par près de 200 professionnels de la santé, dénonce les graves impacts du bruit aérien sur la santé. Maladies cardiovasculaires, hypertension, dépression, burn-out, diabète… : le coût social est estimé à 6,1 milliards d’euros annuels par l’ADEME, l’Agence de la transition écologique.
À Orly, les élus et les associations demandent le plafonnement du trafic à 200 000 mouvements annuels et l’allongement significatif du couvre-feu actuellement fixé de 23h30 à 6h. Des demandes légitimes quand on sait que le couvre-feu (inférieur à 8 heures de sommeil) n’est pas toujours respecté. Loin de là ! Des vols qui devaient atterrir à Orly sont régulièrement déroutés en pleine nuit sur Roissy.
Au Bourget, les élus et les associations demandent le plafonnement du trafic à 50 000 mouvements annuels et l’instauration d’un couvre-feu entre 22h et 6h. Et oui, il n’existe pas de couvre-feu pour l’aviation privée et l’aviation d’affaires ! C’est Open bar au détriment de la santé des Franciliens, ces aéronefs survolant allègrement la région parisienne et Paris en pleine nuit.
Sur tout le territoire national, les associations, les collectifs de défense et les citoyens sans étiquette sont nombreux à se mobiliser.
"Nous ne sommes pas dupes de la communication d’Air France pour 'verdir' le transport. Les compagnies aériennes font des économies de kérozène en volant plus bas au-dessus de l’Ile de France et créent de ce fait des nuisances sonores et polluantes, souligne Catherine Bouvier. Il vaudrait mieux plafonner le nombre de vols de manière raisonnable. D’autant que le kérosène d’aviation est exonéré de toutes taxes, à la différence du carburant que l’on met dans nos voitures. C’est une mesure totalement injuste sans parler des compagnies low-cost que l’on subventionne avec nos impôts."
Ci-dessous les mobilisations du 9 au 14 mai 2023 référencées par l’ADVOCNAR dans son dernier communiqué de presse.
Mobilisations en France: Roissy, Orly, Le Bourget, Lille, Toulouse, Bâle-Mulhouse, Nantes, Beauvais, Cannes, Annecy, Pontoise, Toussus-le-Noble, Lognes, Saint-Cyr, Toulouse, Lyon-Bron, Villefranche, Corbas.
Mobilisations en Europe et dans le monde : Heathrow, Amsterdam Schiphol, Francfort, Athènes, Liège, Lisbonne, Malpensa, Leeds-Bradford, Gatwick, Heathrow, London City, Farnborough, Belo Horizonte, Sao Paulo, Brisbane.
- Corine Moriou est journaliste indépendante
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