"Air Cocaïne" : retour sur une incroyable évasion
Un trafic de stupéfiants, deux pilotes français, une évasion avec l'aide d'anciens militaires ainsi que d'un député européen FN. L'histoire a tout du roman policier et les circonstances restaient assez troubles ce mardi soir.
Les pilotes Pascal Fauret et Bruno Odos avaient été arrêtés dans la nuit du 19 au 20 mars 2013, avec deux autres Français (Nicolas Pisapia et Alain Castany), alors qu’ils s’apprêtaient à décoller de Punta Cana (République dominicaine) à bord d’un Falcon 50 contenant 680 kilos de cocaïne. Condamnés à 20 ans de prison et assignés à résidence en attendant l'examen de leur appel, ils ont rejoint la France samedi 24.
>L'évasion
Ils auraient prétexté une excursion touristique en bateau autour de l'île pour s'échapper. Selon certaines sources, ils auraient pour cela bénéficié de l'aide d'anciens militaires de la marine ou de la DGSE (Direction général de la sécurité extérieur, les services secrets français) . Après avoir rejoint une autre embarcation, ils auraient rallier Saint-Martin puis la Martinique et un vol commercial vers Paris.
Un hélicoptère avait également été réservé par le député européen FN Aymeric Chauprade, convaincu de leur innocence. Il aurait été la dernière personne à rencontrer les deux pilotes sur le territoire dominicain. Il s'est félicité du succès de l'évasion, tout en refusant de donner la moindre information sur ses conditions. Il a simplement affirmé que les deux hommes n'étaient jamais montés dans l'hélicoptère en question.
>Réactions de la France et de la République dominicaine
Le Quai d'Orsay a nié toute implication dans cette opération en publiant un communiqué ce mardi: "nous prenons acte du retour en France de nos deux compatriotes. Leur décision est un acte individuel dans lequel l'Etat n'est nullement impliqué". La République dominicaine a de son côté annoncé son intention de lancer un mandat d'arrêt international. Des accords d'extraditions existent entre les deux pays mais la France n'a pas pour habitude d'extrader ses nationaux en dehors de l'Union européenne.
>Les déclarations de leurs avocats
Leurs avocats justifient cette évasion par de graves manquements de la justice dominicaine qui n'aurait pas garanti un procès équitable à leurs clients: "ils n'ont pas décidé de fuir la justice, mais de plutôt de venir la chercher. (...)La première chose qu'ils m'ont demandé de faire, c'est d'écrire à la juge d'instruction", a ainsi déclaré Me Jean Reinhart. "Il n'est pas nécessaire de décerner le moindre mandat que ce soit. Ces hommes ne sont pas en fuite. Il suffit qu'on nous appelle ou qu'on les appelle chez eux pour qu'ils (...) répondent à toutes les questions du juge d'instruction", a renchéri son confrère Me Dupond-Moretti.
>Les deux autres français toujours sur place
Les deux autres Français également condamnés ont affirmé ne pas avoir été mis au courant de l'évasion. Une opération qui risque de nuire aux deux hommes qui ont toujours clamé leur innocence selon leurs avocats. Me Julien Pinelli, conseil de Nicolas Pisapia, dit ainsi craindre des "représailles judiciaires" de la part de la République Dominicaine. Pour l'avocat d'Alain Castany, cette évasion pourrait compromettre le rapatriement en France de son client, hospitalisé après un grave accident de la route.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.