Attentat de Nice : la thèse officielle mise à mal par des documents révélés par "Quotidien"
Plus de deux mois après l'attentat à Nice, la version des autorités sur le déroulé des faits est encore une fois remise en question. Le journaliste de l'émission Quotidien, Azzeddine Ahmed-Chaouch, a pu consulter le procès-verbal dressé par la sous-direction anti-terroriste de la police judiciaire. Le document explique minute par minute ce qui s'est passé le soir du drame. Et contre toute attente, les éléments qui y sont inscrits ne sont pas les mêmes que ceux évoqués par les politiques.
Rappelez-vous, Bernard Cazeneuve avait déclaré peu après l'attaque que l'intervention des policiers avait permis d'arrêter Mohamed Lahouaiej Bouhlel. "Le dispositif de protection a permis à la police nationale d’intercepter le camion et de mettre un terme à sa course meurtrière", avait-il ainsi expliqué. Pourtant, selon le rapport, les policiers se sont retrouvés bloqués sur la route. Des nouveaux éléments qui viennent donc contredire la version officielle.
Le procès-verbal explique qu'à 22 heures 34 minutes et 28 secondes, un véhicule de la police nationale a pris en charge le "camion terroriste". Mais très vite, le véhicule de police s'est retrouvé bloqué par les personnes ayant réussi à s'échapper. "La progression des policiers n'est donc pas aisée, devant +zigzaguer+ entre les personnes apeurées et blessées. A 22 heures 34 minutes et 45 secondes: le véhicule de police est derrière le fourgon à une distance d'environ 60 mètres, bloqué". Mais un évènement va faciliter la tâche des policiers.
"A 22 heures 35 minutes et 46 secondes, constatons que le camion terroriste cale. Il ne repartira plus. 43 secondes plus tard, les policiers se trouvent derrière le camion. La fusillade dure 1 minute et 15 secondes". Concrètement, ce sont bien les policiers qui ont abattu le tireur mais ce ne sont pas eux qui ont stoppé le camion de 19 tonnes.
En parallèle, le rapport révèle également la durée exacte du carnage. Là encore, les éléments inscrits dans le procès-verbal ne correspondent pas à la version officielle. "Il s'est passé 45 secondes entre le moment où le terroriste a pénétré dans la zone interdite et le moment où il a été abattu", affirmait le directeur du cabinet de Christian Estrosi, peu après l'attaque. Cependant, d'après le rapport, la vidéosurveillance capte à 22 heures 33 minutes et 27 secondes la première image du véhicule qui circule sur le trottoir. Si le chauffeur du camion a bien été neutralisé à 22 heures 37 minutes et 44 secondes, comme ils l'ont indiqué, il semblerait donc que l'action terroriste ait duré 4 minutes et 17 secondes.
[EDIT] Suite à la parution de cet article, vendredi 30 septembre, le service presse de la métropole Nice Côte d'Azur a souhaité apporter les précisions suivantes, que FranceSoir publie telles quelles:
"Le directeur de cabinet de Christian Estrosi a toujours indiqué qu’il se passait 45 secondes entre le moment où le terroriste pénètre dans la zone interdite, à savoir la zone coupée à la circulation (à partir de Gambetta, début de la zone piétonne) et le moment où il a été abattu –environ 500 mètres.
"Ce temps et ce trajet ne peuvent être comparés à ceux de l’action terroriste totale, qui concerne l’entrée du camion sur la Promenade jusqu’à la fin de sa course, soit environ 4 minutes et quelques kilomètres".
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