Attentats à Bruxelles : deux suspects en fuite, les services de sécurité en accusation

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 24 mars 2016 - 17:35
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Suspects attentats bruxelles
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Seuls quatre des trente et une personnes mortes lors des attentats à Bruxelles avaient été identifiées ce jeudi.
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Deux jours après les attentats sanglants de mardi à Bruxelles, la traque de deux suspects se poursuit et la Belgique, encore sous le choc, cherche à comprendre. Face aux accusations de failles, les ministres de l'Intérieur et de la Justice auraient présenté leur démission.

La police traquait ce jeudi 24 deux suspects dans les attentats de Bruxelles, dont trois des auteurs sont liés aux attaques de Paris, jetant une lumière crue sur les défaillances de la sécurité en Belgique et plus globalement de la lutte antiterroriste en Europe.

Traumatisée, la capitale belge et de l'Union européenne vivait, au troisième jour de deuil national après les attentats les plus sanglants que le pays ait jamais connus, au rythme des fausses alertes, des colis suspects et des rumeurs. Selon l'enquête, les trois kamikazes identifiés sur les sites des attentats à la bombe -l'aéroport international de Bruxelles et la station de métro de Maelbeek- sont directement liés aux attaques du 13 novembre à Paris (130 morts).

Ils ont également assisté dans sa longue cavale le seul survivant des commandos de Paris, Salah Abdeslam, capturé vendredi à Molenbeek, la commune de Bruxelles où il a grandi. Ce Français de 26 ans, incarcéré à Bruges (nord), souhaite désormais "partir en France le plus vite possible", après avoir refusé dans un premier temps, selon son avocat Sven Mary. A Paris, les familles du 13-Novembre se sont félicitées de ce revirement. Abdeslam n'était "pas au courant" des attentats de mardi 22 à Bruxelles, a assuré Me Mary.

L'émotion restait très vive dans le pays alors que l'identification des 31 morts, selon un bilan toujours provisoire, s'avère très difficile. Seuls quatre d'entre eux ont pu être nommés jusqu'ici. Sur les 300 blessés, 150 étaient toujours hospitalisés, dont 61 en soins intensifs. Quatre des personnes hospitalisées, dans le coma, n'avaient pas encore été identifiées, selon le ministère de la Santé.

Devant l'hôpital militaire Reine Astrid, en partie évacué dans la matinée en raison d'une fuite de gaz, Brocq Burkhardt, grand jeune homme au teint clair, devait patienter, un bouquet de tulipes dans les bras. "Nous sommes ici pour rendre visite à un ami victime du terrorisme. On ne l'a pas encore vu, c'est la première fois. On sait juste qu'il a été blessé mais on ne sait pas à quel point. Il aurait beaucoup de brûlures", dit-il à l'AFP. C'est dans cet hôpital qu'ont été transportés les corps des victimes du métro.

Une page Facebook intitulée "Recherche Bruxelles" a été ouverte pour partager des informations sur les personnes portées disparues.

Transformée en mémorial depuis mardi, la place de la Bourse était envahie de témoignages de solidarité: messages à la craie, drapeaux, bougies, fleurs... "Ik Ben Brussel, je suis Bruxelles", proclame une grande banderole déployée par terre, à côté de centaines de bougies, de fleurs, de mots de soutien, de petites répliques du Manneken-Pis, de bouteilles de bières belges... Des drapeaux brésilien, français, algérien ont rejoint le drapeau belge sur le parvis de la Bourse.

Sur un rond-point, des dizaines de bougies ont été disposées en forme de cœur. "I still love my airport job", clame une pancarte frappée de nombreux noms entourant un cœur rouge, le logo de l'aéroport.

Une nouvelle minute de silence était prévue dans toute la Belgique à 14h30. Le Parlement fédéral a prévu, lui, un hommage à 14h à Bruxelles, en présence du roi des Belges Philippe. Mais au delà des hommages, de l'angoisse et des larmes, les questions et les critiques parfois virulentes se multipliaient face à l'incapacité manifeste des Belges, et au delà des Européens, à se protéger.

Le gouvernement belge était sous pression, soupçonné de ne pas en avoir fait assez pour éviter les attentats. Selon les médias belges, les ministres de l'Intérieur et de la Justice auraient ainsi présenté leur démission que le Premier ministre Charles Michel aurait refusée.

Visée en son cœur, l'UE a convoqué une réunion extraordinaire de tous les ministres chargés de la sécurité et de la justice, jeudi après-midi. Au-delà de la solidarité qui devrait être affichée avec la Belgique, les Etats membres devraient s'engager à accélérer la mise en œuvre de tous les outils antiterroristes européens, et à améliorer des échanges encore lacunaires de renseignement.

Ainsi le président français François Hollande a exhorté "fermement" l'UE à agir contre le terrorisme en adoptant rapidement le registre européen de passagers aériens (PNR) et des mesures contre le trafic d'armes. Depuis mardi, plusieurs responsables politiques français ont mis en cause les services de sécurité belges. Le ministre français des Finances Michel Sapin a ainsi évoqué une "forme de naïveté" belge face à la radicalisation islamiste et au communautarisme dans certains quartiers.

Mais au-delà de la Belgique, c'est l'ensemble de l'Europe qui fait figure d'accusée. La principale charge est venue mercredi de l'ex-secrétaire d'Etat américaine et candidate à la Maison Blanche Hillary Clinton qui a vivement critiqué les pays de l'UE pour la désorganisation et les retards de leur réponse aux menaces djihadistes. "Aujourd'hui, de nombreux pays européens ne s'alertent pas entre eux quand ils arrêtent un suspect djihadiste à leur frontière, ou quand un passeport est volé", a-t-elle notamment déploré.

De fait, les trois kamikazes de Bruxelles, Ibrahim et Khalid El Barkaoui ainsi que Najim Laachraoui, étaient largement connus, voire recherchés. Khalid, 27 ans, qui s'est fait exploser dans la rame de métro de Maelbeek, était fiché pour "terrorisme" par interpol, selon une fiche consultée par l'AFP.

Son frère Ibrahim, 29 ans, qui s'est fait sauter à l'aéroport, avait été signalé comme "terroriste" et expulsé par Ankara, a affirmé mercredi le président turc Recep Tayyip Erdogan. Il avait été arrêté en juin 2015 à Gaziantep, tout près de la frontière syrienne. Le ministre belge de la Justice Koen Geens s'est inscrit en faux contre la version turque. "A ce moment, il n'était pas connu chez nous pour terrorisme", a-t-il répliqué à la télévision belge néerlandophone VRT.

Quant au troisième kamikaze, Najim Laachraoui, dont des restes ont été identifiés à l'aéroport, il était recherché depuis que son ADN avait été trouvé dans plusieurs habitations louées par les commandos des attentats de Paris, ainsi que sur du matériel explosif utilisé lors de ces attaques, également revendiquées par l'EI.

Le quatrième homme -qui figure avec Ibrahim El Bakraoui et Laarchaoui sur une photo de vidéosurveillance en train de pousser des bagages à l'aéroport- est en fuite et activement recherché. Il n'a pas été identifié par les enquêteurs. Enfin, un deuxième suspect est recherché en lien avec l'attentat du métro, un homme aperçu aux côtés du kamikaze Khalid El Bakraoui sur les images de vidéosurveillance, selon des sources policières.

 

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