Attentats de Paris : la Belgique avait des informations sur les frères Abdeslam depuis l'été 2014
Le Comité P, la police des polices belge, enquête sur une information de juillet 2014 concernant une possible radicalisation des frères Salah et Brahim Abdeslam, deux des auteurs des attentats de Paris, qui aurait été négligée par la police antiterroriste, a rapporté ce jeudi 3 mars la presse belge.
Dans la nuit du 10 au 11 juillet 2014, seize mois avant les attaques qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés, une agente de la police judiciaire reçoit un appel d'un informateur "proche de la famille Abdeslam (du quartier bruxellois) de Molenbeek", selon les quotidiens La Dernière Heure ("DH") et Het Laatste Nieuws. Cet informateur explique que les frères Abdeslam sont "complètement radicalisés" et projettent de se rendre en Syrie, qu'ils sont "sous l'influence" du djihadiste de Molenbeek Abdelhamid Abaaoud (tué le 18 novembre 2015 lors de l'assaut policier de Saint-Denis) et qu'ils "ont des plans pour une attaque", selon la même source. La policière, alors en "congé maladie", transmet le soir même l'information à ses collègues de la section antiterroriste de la police judiciaire (DR3), précisent les journaux.
Selon le Laatste Nieuws, le Comité P a entendu mercredi 2 la policière qui avait relayé les informations, dans le cadre d'une enquête visant à déterminer comment celles-ci avaient ensuite été exploitées. Au lendemain des attentats du 13 novembre, lorsqu'il apparaît que Brahim Abdeslam s'est fait exploser boulevard Voltaire à Paris et que son frère Salah a réussi à prendre la fuite vers Bruxelles après avoir convoyé plusieurs djihadistes dans la capitale française, la même policière enverra un e-mail à ses supérieurs pour s'enquérir de la suite qui avait été donnée à ses informations de juillet 2014, selon la DH et Het Laatste Nieuws.
Interrogé mardi 1er sur des informations de presse allant dans le même sens, le parquet fédéral, chargé du volet belge de l'enquête sur les attentats, avait minimisé l'importance des informations, qualifiant "d'inexactes" les conclusions suggérant qu'"on aurait pu éviter les attentats de Paris". "L'information reçue en juillet 2014 ne faisait aucune référence à un quelconque attentat ou projet d'attentat et ne mentionnait pas le nom +Abdeslam+. Seule une vague mention non concrète faisait état de deux frères, dont l'un d'entre eux était probablement en train de se radicaliser", avait indiqué le parquet dans un communiqué. Le parquet soulignait que la "première mention d'un départ possible des frères Abdeslam date de janvier 2015" et qu'elle avait fait l'objet de vérifications à l'issue desquelles "aucune infraction liée au terrorisme n’ayant pu être mise en évidence". Ce jeudi, le parquet fédéral a répété que "la réaction à cette information avait été adéquate".
La semaine prochaine, la commission parlementaire chargée du suivi des Comités P et R (le Comité R contrôle les services de renseignement) se penchera à huis clos sur un rapport intermédiaire relatif aux attentats de Paris, dont la préparation s'est en partie déroulée en Belgique alors que plusieurs des futurs auteurs étaient connus des autorités belges.
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