Bataclan : "intervention efficace" des policiers selon la commission d'enquête
Parfois critiquée par les victimes, l'intervention de la police au Bataclan, où elle est arrivée "un quart d'heure" après le début de la tuerie le 13 novembre, a été saluée ce jeudi 17 mars par des membres de la commission d'enquête parlementaire. Dans la matinée, une délégation de la commission d'enquête sur les "moyens mis en œuvre par l'Etat pour lutter contre le terrorisme" depuis les attentats de janvier 2015 a arpenté pendant deux heures la salle de concert, "pour comprendre la chronologie" de l'horreur.
Et sans doute aussi pour répondre aux critiques qui fusent, du côté des familles des victimes, sur le "manque d'information", les "rivalités" supposées entre services de sécurité et justice, "l'absence de communication" de la commission. "On peut être fier de nos forces d'intervention. Notre sentiment est que les services ont fonctionné comme il fallait. A partir du moment où un policier a tué un des terroristes, il n'y a plus eu de nouvelle personne tuée", a déclaré à la presse le député Meyer Habib (UDI) à l'issue d'une visite fermée à la presse.
Peu avant lui, un autre député et ancien chef de la lutte antiterroriste au parquet de Paris, Alain Marsaud (LR), avait expliqué: "On a reconstitué, minute par minute, les événements. D'abord au rez-de-chaussée puis à l'étage. Je suis un ancien de ces services (antiterroristes). Je n'imaginais pas qu'on soit capable d'intervenir avec cette rapidité et cette efficacité à Paris".
"Il leur a fallu deux heures pour arriver jusqu'à la fin de la progression (et donner l'assaut, NDLR), mais un quart d'heure pour que les premiers policiers fassent évacuer les premières victimes", a-t-il souligné, rejetant l'idée d'une "artificielle guerre entre polices". Les attentats du 13 novembre, qui ont frappé huit sites à Paris et Saint-Denis, ont fait 130 morts et plusieurs centaines de blessés. Le nombre total de victimes, physiques ou psychologiques, est estimé à 4.000.
Au Bataclan, où 90 personnes sont mortes, les djihadistes sont entrés à 21H42 -selon un SMS envoyé par l'un d'eux vers la Belgique-, un commissaire de la Brigade anticriminalité (BAC) entre à 22h00 et tire sur un des kamikazes, dont le gilet explose. La BRI (Brigade de recherche et d'intervention) arrive à 22H15, rapidement suivie du Raid, autre corps d'élite de la police. L'assaut final est donné à 00H18, selon les enquêteurs.
"Il faut du temps pour sécuriser les lieux. Les terroristes pouvaient se faire sauter. Il y avait des gens dans la fosse, des morts, des blessés, c'était terrible mais ils ont fait leur travail", a estimé Meyer Habib. Un constat en forme d'hommage loin de répondre à la douleur et aux questions des familles. "Nous ne savons toujours pas à quelle heure nos enfants sont décédés. Sur le certificat (de décès), on a +entre le 13 et le 14 novembre+. On ne sait pas quand les secours sont arrivés", a déclaré Nadine Ribet-Reinhart, dont le fils de 26 ans, Valentin, est mort au Bataclan.
Elle est arrivée, furieuse et triste, dès 9h30, pour dénoncer "une parodie scandaleuse" de justice, ayant tout juste appris à la radio qu'une "reconstitution" allait avoir lieu, "sans avocat, sans partie civile, sans victime". "Notre but est de faire toute la lumière. C'est bien pour les victimes que nous travaillons", lui a répondu le président de la commission parlementaire, Georges Fenech (LR).
Avant le début de la visite, le député a expliqué qu'il ne s'agissait "pas d'une reconstitution, qui relève de la justice", mais de chercher à tracer une chronologie pour comprendre, en présence de policiers, "pourquoi il a fallu trois heures entre la première attaque et (la fin de) l'intervention, trois heures pour extraire les dernières victimes". "On a d'abord entendu les victimes. On nous aurait reproché de ne pas être allés au Bataclan", a observé le député PS Sébastien Pietrasanta, rapporteur de la commission, qui devrait rendre son rapport en juillet.
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