Essai clinique à Rennes : décès du patient en état de mort cérébrale, le point sur le drame

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 18 janvier 2016 - 08:22
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Le laboratoire Biotrial.
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©Damien Meyer/AFP
En plus des volontaires hospitalisés, "84 autres personnes volontaires ayant été exposées au médicament de l’essai" ayant entraîné la mort d'un patient.
©Damien Meyer/AFP
Le patient en état de mort cérébrale suite à un essai clinique ayant mal tourné est décédé dimanche 17 au CHU de Rennes. L'état des cinq autres volontaires hospitalisés serait "stable", selon le centre hospitalier.

Le patient en état de mort cérébrale, suite à sa participation à un essai clinique d'un nouveau médicament, est décédé dimanche 17 et l’état de santé des cinq autres patients hospitalisés restait "stable".

"Le patient en état de mort cérébrale est décédé en milieu de journée au CHU de Rennes", a annoncé dans un communiqué le Centre hospitalier universitaire, précisant que "l’état de santé des cinq autres patients hospitalisés reste stable". Parmi ces cinq patients, quatre présentent des troubles neurologiques de gravité différente. "On ne peut pas faire aujourd'hui un diagnostic définitif", avait expliqué vendredi 15 le professeur Pierre-Gilles Edan, médecin-chef du pôle de neurosciences du CHU, précisant qu'aucun de ces quatre patients n'était dans le coma.

Le cinquième patient ne présente pas de symptômes mais a été placé sous surveillance. En effet, il a reçu depuis le début de l'essai, le 7 janvier, la même dose du médicament que les cinq autres, une dose supérieure à celle absorbée par les 84 autres volontaires participant à ce test. Ce groupe de six patients était uniquement composé d'hommes, âgés de 28 à 49 ans et originaires de l'ouest de la France.

Le patient décédé est le premier à avoir été hospitalisé dimanche 10. Lundi 11 au matin, son état de santé s'était dégradé brutalement. Les autres patients l'ont été entre dimanche et mercredi.

Le directeur général de Biotrial, le centre de recherche médicale qui menait cet essai, François Peaucelle, a adressé, peu après l'annonce de ce décès, ses condoléances aux proches de la victime. "Nous mettons tout en œuvre, avec les autorités sanitaires, pour comprendre cette situation et les origines de cet accident", a-t-il assuré aux journalistes présents. Dans un communiqué, le laboratoire a par ailleurs annoncé sa décision de "proposer, en relation avec la communauté scientifique internationale, le cas échéant, des évolutions des standards encadrant ces essais". Il va également créer "immédiatement un comité scientifique de référence afin de rechercher l'origine de cet accident".

De son côté, le président exécutif du groupe pharmaceutique portugais Bial, Antonio Portela, commanditaire de cet essai, s'est dit "profondément choqué" par ce décès et a présenté ses "profondes condoléances à la famille du volontaire". Des équipes de Bial en France et au Portugal "travaillent inlassablement pour comprendre les causes de cet accident tragique" et "pour assurer que les autres volontaires hospitalisés puissent récupérer totalement", a déclaré M. Portela à l'agence portugaise Lusa.

Parmi les "84 autres personnes volontaires ayant été exposées au médicament de l’essai", toutes contactées suite à cet accident thérapeutique, dix "ont été reçues en consultation" samedi 16 après-midi au CHU, selon l'hôpital. "Les anomalies cliniques et radiologiques présentes chez les patients hospitalisés n’ont pas été retrouvées chez ces 10 volontaires", souligne le CHU.

Lors de sa visite vendredi au CHU de Rennes, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a rappelé que Biotrial, un laboratoire créé en 1989, avait fait l'objet de deux inspections de routine en 2014 qui avaient donné des résultats positifs.

Biotrial réalise des tests cliniques, qui se déroulent dans ses locaux situés près du CHU, pour le compte de laboratoires pharmaceutiques internationaux. L'essai incriminé portait sur une molécule censée soulager douleurs et anxiété. Il était effectué pour le compte du groupe portugais Bial. Implanté près de Porto et fondé en 1924, ce groupe, à l'origine familial, est considéré comme un fleuron national au Portugal pour ses efforts en matière d'innovation et de recherche.

Trois enquêtes sont actuellement en cours pour tenter de comprendre les raisons de cet accident. Le ministère de la Santé a saisi l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) afin de mener une inspection notamment sur les conditions d’intervention du laboratoire Biotrial dans la réalisation de l'essai clinique. Par ailleurs, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a entamé dès vendredi sur place une "procédure d'inspection technique" du laboratoire. Sur le plan judiciaire, une enquête de flagrance a été ouverte pour "blessures involontaires supérieures à trois mois" au pôle santé du parquet de Paris, a indiqué ce dernier.

Chaque année, des milliers de volontaires participent à des essais cliniques dans lesquels les accidents recensés sont très rares.

 

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