Évacuation des migrants de Calais : pour l'heure, la réserve est de mise

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 24 octobre 2016 - 20:24
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Calais départ des migrants 24.10.2016
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En début d'après-midi, 25 bus transportant plus de 1.000 personnes étaient partis du camp.
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Si l'évacuation de la Jungle de Calais a démarré ce lundi dans le calme, politiques et associations mettent en garde contre un optimisme excessif sur le déroulement de ce gigantesque transfert. "On va voir dans les jours qui suivent", a confié un député PS tandis que la maire LR de Calais, Natacha Bouchart s'inquiétait de l'après. "Nous n'avons aucune garantie, aucun dispositif pour nous confirmer qu'il n'y aura plus ces difficultés par lesquelles nous passons depuis maintenant trois ans", a-t-elle soutenu.

L'évacuation totale de la "Jungle" de Calais a démarré dans le calme et sur un rythme soutenu, avec le départ de 25 cars ce lundi 24 en début d'après-midi, mais plusieurs voix ont mis en garde contre un optimisme excessif sur le déroulement de ce gigantesque transfèrement. A 14h00, "25 bus transportant 1.051 personnes" étaient partis du camp, a indiqué à l'AFP le porte parole du ministère de l'Intérieur, Pierre Henry Brandet, alors que la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, assurait: "On fera les 60 bus prévus aujourd'hui", soit 2.000 personnes environ.

Bien avant le lever du jour, une centaine de migrants, essentiellement des Soudanais, attendait déjà patiemment devant l'entrée. Une heure plus tard, à la sortie de la "Jungle", un groupe de migrants quittait les lieux avec sacs et valises en criant "Bye, bye, Jungle!" Puis la foule, venue à pied du plus grand bidonville de France où vivent 6.000 à 8.000 personnes, a rapidement grossi. Vers 11h00, la file d'attente atteignait 200 m de long. Soit "1.500 personnes" selon le président de France Terre d'asile, Pierre Henry. "C'est conforme à ce qu'on pensait, il y a beaucoup de monde", a-t-il dit.

Un premier autocar transportant 50 Soudanais a pris la route de la Bourgogne vers 08h45 (vers les villages de Chardonnay et Digoin). Soit trois quarts d'heure seulement après l'ouverture, devant quelque 500 migrants, du centre de transit installé à 300 m du camp. Seize bus étaient partis à 11h30 de la "gare routière" installée juste derrière le centre de transit, appelé "sas". Après les 60 cars prévus ce lundi qui doivent acheminer les migrants vers l'un des 451 Centres d'accueil et d'orientation (CAO) ouverts un peu partout en France, 45 sont programmés mardi 25 et 40 mercredi 26.

"C'est un moment historique, parce que je crois qu'enfin (les migrants) vont pouvoir construire leur avenir d'une meilleure façon", a déclaré la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio, chef d'orchestre de l'opération. L'évacuation se déroule "pour l'instant dans le calme et la maîtrise", a commenté le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. "L'objectif est de procéder à la mise à l'abri de ceux qui relèvent du statut de réfugié en France et qui n'ont pas vocation à être dans la précarité, dans la vulnérabilité à Calais", a-t-il rappelé. Toutefois, une brève altercation entre migrants dans la queue, vers 11h30, a manqué de dégénérer et les bousculades et querelles entre migrants se multipliaient.

Quelque 1.250 policiers et gendarmes sont mobilisés à Calais pour veiller à la sécurité de ce méga-transfert: éviter les mouvements de foule, mais aussi empêcher de nuire les militants ultragauche de No Border, partisans de l'abolition des frontières. Les candidats au départ sont répartis en quatre files: adultes seuls, familles, personnes vulnérables et mineurs. Ils doivent décliner nom, prénom, date de naissance et nationalité, mais il n'y a aucun examen de la situation administrative de chacun.

A l'entrée du Centre d'accueil provisoire (CAP) jouxtant la "jungle", plusieurs centaines de mineurs attendaient le départ des migrants majeurs pour obtenir une place. Ils ne sont pas concernés par l'évacuation et vont être hébergés au CAP, constitué de conteneurs, et au centre Jules Ferry. Achram, un adolescent afghan de 17 ans qui vit ici depuis 10 mois, revient du hangar où il s'est fait identifier. Il peut désormais rejoindre le CAP où le Home office instruira son dossier pour un éventuel transfert en Angleterre: "S'ils ne me laissent pas passer, je me cacherai illégalement pour tenter à nouveau de me cacher dans des camions. J'ai l'habitude maintenant". Malgré ce bon départ, la réserve est de mise dans le camp gouvernemental. "Là, ça se passe dans le calme depuis ce matin. On va voir dans les jours qui suivent", a confié Yann Capet, député PS de Calais.

Christian Salomé, de L'auberge des migrants, s'est dit "beaucoup plus inquiet pour la fin de la semaine, quand il ne restera que les gens qui ne veulent pas partir et qui veulent persister à rejoindre l'Angleterre". Selon lui, les autorités et les associations sur place estiment que 2.000 personnes sont dans ce cas. "Rumeur (...) totalement infondée" qui "participe d'une campagne de désinformation irresponsable", a répliqué auprès de l'AFP le porte-parole de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet. "Les seuls acteurs qui ont intérêt à maintenir les migrants dans la précarité à Calais sont les passeurs qui prospèrent sur cet immonde commerce, et leurs complices", a-t-il ajouté. "Il y a un certain nombre de résistances", a affirmé de son côté Pierre Henry.

La maire de Calais, Natacha Bouchart (Les Républicains), s'est dite, elle, "perplexe". "Nous n'avons aucune garantie, aucun dispositif pour nous confirmer qu'il n'y aura plus ces difficultés par lesquelles nous passons depuis maintenant trois ans", a-t-elle soutenu, réclamant pourtant ce démantèlement total depuis des mois. "Le début des opérations de nettoyage mardi matin va aussi donner un signe que le campement de la Lande c'est vraiment fini", a-t-elle souligné.

 

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