Incendie dans un immeuble de Saint-Denis : cinq morts dont peut-être une mère et ses enfants
Un violent incendie lundi 6 au soir dans un immeuble de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) a causé la mort de cinq personnes, parmi lesquelles pourraient figurer une mère et ses trois enfants piégés par le feu, dont la cause n'a pas encore été établie.
L'incendie a pris vers 19h15 dans cet immeuble de quatre étages où vivaient plusieurs familles et s'est rapidement propagé par la cage d'escalier en bois qui, selon des témoignages, était encombrée de valises et d'affaires.
Les pompiers ont réussi à sauver six occupants dans des "conditions difficiles" car la structure de l'immeuble s'est partiellement effondrée et des portes blindées ont retardé leur progression, a expliqué sur place un porte-parole des pompiers, le capitaine Yvon Bot.
L'incendie qui a mobilisé 80 pompiers a été maîtrisé vers 22h30 au moyen de sept lances à incendie. Mais ce n'est que quatre heures plus tard que les pompiers ont découvert les corps calcinés de cinq personnes piégées dans leur appartement du 3e étage.
Elles n'ont pas encore été identifiées mais selon des voisins et une personne se présentant comme un parent, les victimes seraient une mère et ses trois enfants, deux filles âgées de 12 et 21 ans et un garçon de 15 ans, ainsi qu'une amie de la mère. "L'une des victimes a indiqué que sa famille était restée dans l'appartement" et les corps découverts dans les décombres "pourraient être les membres de cette famille", a confirmé à l'AFP le parquet de Bobigny.
Selon des témoins, le père de famille s'est défenestré pour échapper aux flammes mais son pronostic vital n'est pas engagé, de même que celui d'un autre occupant qui s'est lui aussi jeté par la fenêtre. Onze personnes ont été blessées au total, dont neuf légèrement. Parmi elles, trois sapeurs-pompiers, à qui le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a souhaité un "prompt rétablissement" dans un communiqué.
Une enquête, confiée à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis, a été ouverte pour déterminer les causes exactes du départ de feu.
Lundi soir, le maire-adjoint au Logement Stéphane Peu avait indiqué que cet immeuble situé dans le centre-ville de Saint-Denis, n'était "pas classé insalubre".
Côté rue, les premiers et deuxièmes étages de l'immeuble semblent intacts et du linge mis à sécher aux fenêtres est visible mardi matin. En revanche, l'appartement du troisième étage où vivait la famille est entièrement ravagé ainsi qu'une partie du 4e étage, dont le plancher s'est effondré.
Locataire du 4e, Subash Rohilla était sorti quand le feu s'est déclaré. Sa femme et ses trois enfants ont évacué à temps l'immeuble. D'après lui, le feu s'est déclaré dans la cuisine de l'appartement du 3e étage, côté cour. L'hypothèse d'un feu de cuisine est privilégiée par les habitants qui disent utiliser des bonbonnes de gaz pour la cuisine, en vente-libre dans certaines épiceries de la ville, en dépit de l'interdiction.
Le gérant du Briz Tropical, un restaurant haïtien situé au rez-de-chaussée, est en larmes à l'évocation du décès probable des enfants. Effondré, un habitant de l'immeuble crie: "je leur avais dis de descendre, ils ne m'ont pas écouté!".
Dans le bar-PMU voisin, la colère et l'abattement dominent. Selon un client qui s'est présenté comme un ami du père, cela faisait "dix ans" que la famille, qui vivait dans un "studio de 25 m2", demandait à être logée ailleurs. "C'est la faute de la mairie. On n'a pas le droit de laisser des gamins vivre dans un squat pareil. C'était plein de cafards et de rats là-dedans". Un point presse doit se tenir en mairie à 11h30. Dominique Marie, propriétaire de l'immeuble voisin, n'est pas surpris. Il dit avoir envoyé de nombreux courriers à la mairie au sujet du 6 rue Paul-Eluard.
Pour lui, le bâtiment était clairement insalubre et ne respectait pas les normes de sécurité: pas d'extincteur, une cour débordant d'immondices et dégageant des odeurs pestilentielles, une porte d'entrée toujours grande ouverte, etc. "Mais on ne connaît pas le propriétaire, il est injoignable et c'est pareil pour le syndic", déplore ce riverain.
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