Médine : des victimes du Bataclan dénoncent la récupération politique
Vent debout contre les futurs concerts du rappeur Médine au Bataclan, en octobre prochain, des personnalités de droite et d'extrême droite en appellent au "respect des victimes". Sauf que sur les réseaux sociaux, des personnes blessées dans leur chair dans la salle de spectacle le soir des attentats du 13 novembre, ont fait part de leur refus de voir leur douleur instrumentalisée à des fins politiques.
Alors que la polémique enfle quant à la venue du chanteur au Bataclan, Emmanuel Domenach, ancien vice-président d'une association de victime, a répondu coup sur coup à Laurent Wauquiez et Marine Le Pen.
Sur Twitter, le président des Républicians a écrit dimanche 10: "Au Bataclan, la barbarie islamiste a coûté la vie à 90 de nos compatriotes. Moins de trois ans plus tard, s'y produira un individu ayant chanté «crucifions les laïcards» et se présentant comme une «islamo-caillera». Sacrilège pour les victimes, déshonneur pour la France". Réponse d'Emmanuel Domenach: "Et vous qui vous servez de l'attentat du 13 novembre à des fins politiques ça se situe à quel niveau sur l'échelle du déshonneur?".
Et vous qui vous servez de l'attentat du 13 novembre à des fins politiques ça se situe à quel niveau sur l'échelle du deshonneur ? https://t.co/xP7V6uWxRn
— Emmanuel Domenach (@EDomenach) 10 juin 2018
Même mise au point lapidaire pour la présidente du Rassemblement national qui trouve ce concert "insultant à l'égard de nos morts". "C'est fou comme vous vous souvenez des victimes de terrorisme pour vos polémiques stériles... Quel «dommage» que vous ignoriez notre sort le reste de l'année quand il s'agit de nous aider vraiment".
Même émoi chez Gilbert Collard quant à la venue de Médine. Le même député du Gard qui avait diffusé des images de l'intérieur du Bataclan après l'attentat sur son compte Twitter, sans s'émouvoir particulièrement de ce que ces photos pouvaient faire resurgir comme traumatisme auprès des victimes.
Voir - Images d'exactions de l'EI sur Twitter: Collard mis en examen
Même son de cloche du côté de l'association Life for Paris qui refuse de devenir "un organe de censure". "Suite à la programmation du rappeur Médine au Bataclan, Life for Paris rappelle que cette salle a aussi été victime des attentats du 13 novembre 2015, et qu'elle est complètement libre de sa programmation, sous contrôle de la préfecture de police de Paris. Notre association n'est pas un organe de censure, elle est et restera apolitique et ne laissera personne instrumentaliser la mémoire des victimes des attentats à des fins politiciennes, comme c'est le cas dans cette affaire", a expliqué l'organisme.
Notre association n'est pas un organe de censure, elle est et restera apolitique et ne laissera personne instrumentaliser la mémoire des victimes des attentats à des fins politiciennes, comme c'est le cas dans cette affaire.
— Life for Paris (@lifeforparis) 11 juin 2018
Le président de l'association, Arthur Dénouveaux a par ailleurs indiqué que sur les pages de discussions internes à l'association (notamment sur Facebook), "il n'y a pas ou peu de discussion, de commentaire ou d'émotion" autour des concerts programmés du rappeur.
Lire aussi - Droite et extrême droite vent debout contre un concert de Médine au Bataclan
Plusieurs élus et personnalités de droite et d'extrême droite ont protesté contre les prochains concerts, les 19 et 20 octobre, du rappeur Médine au Bataclan, théâtre d'attentats en novembre 2015, en lui reprochant d'anciennes chansons comme Don't Laïk ou son album Jihad sortie en 2005. Le chanteur y tenait des propos polémiques sur lesquels il est revenu depuis et s'en est expliqué.
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