Terrorisme : un risque d'attaque chimique réel mais faible

Auteur(s)
Maxime Macé
Publié le 21 novembre 2015 - 15:09
Mis à jour le 22 novembre 2015 - 11:52
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Le risque d'attaque à l'arme chimique en France reste très limité.
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©Francois Lo Presti/AFP
Le risque d'attaque à l'arme chimique en France reste très limité.
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Alors que Manuel Valls a mis en garde jeudi contre la possibilité d’une attaque chimique ou biologique, les risques d'un tel attentat sur le territoire national sont assez faibles.

Devant l’Assemblée nationale, jeudi 19 novembre, le Premier ministre, Manuel Valls, a évoqué pour la première fois le risque d’attaques chimiques et bactériologiques sur le territoire français. "Je le dis bien sûr avec toutes les précautions qui s'imposent mais nous savons et nous l'avons à l'esprit. Il peut y avoir aussi le risque d'armes chimiques ou bactériologiques" avait-il alors lancé à l'adresse des députés.

De telles attaques sont très rares même si l'on garde en tête les attentats au gaz sarin perpétrées par la secte millénariste japonaise Aum Shinrikyō en 1994 et 1995 à Tokyo (respectivement 8 et 12 morts) ou l'explosion de deux camions remplis de chlore visant des soldats russes en Tchétchénie en 1999.

On sait déjà que le "califat" de l'Etat islamique a utilisé du gaz au combat en Syrie et en Irak et notamment le tristement célèbre gaz moutarde. Si l'information n'est pas encore confirmée, la dernière utilisation de cette arme par les djihadistes de l'Etat islamique (EI) remonterait à août près l'Alep dans le nord de la Syrie. L'attaque au gaz a été confirmée début novembre par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques.

Pour Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), "le gaz utilisé ne venait pas de Syrie mais probablement de Turquie ou d'Irak". En revanche, selon lui, l'EI s'était procuré du chlore, qui entre dans la composition du gaz moutarde (ou ypérite, dérivé du nom de la ville d'Ypres en Belgique où il fut pour la première fois utilisé au combat pendant la Première Guerre mondiale en septembre 1917) dans des usines de la région d'Alep en 2014.

Il est également possible que les djihadistes aient mis la main sur un stock d'armes chimiques du régime de Damas qui est censé avoir détruit tout son arsenal chimique aux termes d'un accord américano-russe de septembre 2013. Cependant, de gros doutes persistent sur cette destruction.

Des nombreux experts de la situation en Syrie et en Irak s'accordent pour dire que l'EI possède dans ses rangs un certain nombre de spécialistes des armes chimiques. Ces derniers proviennent des rangs de l'ancien parti baasiste de Saddam Hussein, dont de nombreux cadres ont rejoint le groupe djihadiste, écartés du pouvoir dans l'Irak post-intervention américaine de 2003. En 1983, le régime de Saddam Hussein avait bombardé la ville kurde de Halabja au nord du pays avec des armes chimiques provoquant la mort de dizaines de milliers de civils.

Toutefois, il faut noter que la possibilité d'une attaque à l'arme chimique en France reste limitée pour des raisons de logistiques essentiellement. Si tirer un obus chimique est "facile" en Syrie ou en Irak où le groupe est bien implanté et dispose de ressources dignes d'un Etat, se livrer à ce genre d'action est bien plus difficile en Europe où les membres du groupe djihadistes sont condamnés à la clandestinité avec des moyens nettement plus limités. D'autant plus que la fabrication d'un dispositif explosif chimique requiert des compétences très précises et des ressources importantes.

"De ce que j'en sais, de mes contacts dans les services de renseignements, il n'y aucune information solide, pertinente, recoupée qui laisse à penser que ce type d'attentat est en préparation sur le territoire national", a expliqué Olivier Lepick, spécialiste des armes NRBC (nucléaire radiologiques, biologiques et chimique) à la Fondation pour la recherche stratégique, à L'Obs. Néanmoins, la menace est suffisamment prise au sérieux pour qu'un arrêté publié en urgence le 14 novembre dans le Journal officiel autorise la constitution d'une réserve d’un antidote, le sulfate d'atropine, en cas d’attaque chimique, en vue de constituer des stocks dans les hôpitaux à l'horizon de la COP21.

 

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