Violences à Cologne : le premier rapport d'enquête des autorités
Les autorités allemandes doivent dévoiler ce lundi 11 janvier le premier rapport approfondi d'enquête sur les violences de Cologne, à l'origine de plus de 500 plaintes de victimes désormais et qui fragilisent Angela Merkel sur la question des réfugiés.
Parallèlement, dans la soirée, une manifestation contre les réfugiés et contre la chancelière allemande est organisée à Leipzig (est) par la branche locale du mouvement islamophobe Pegida, après un rassemblement à Cologne au cours du week-end marqué par des heurts avec la police.
Le ministre de tutelle de la police de Cologne (ouest), Ralf Jäger, responsables des Affaires intérieures dans l'Etat régional de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, sera auditionné à 10H00 (09H00 GMT) devant le Parlement du Land. Il a promis un état des lieux complet sur l'enquête concernant les agressions en série du Nouvel An, visant des femmes en particulier.
Ce sera le premier du genre car la police locale de Cologne depuis une semaine s'est distinguée par sa politique de communication confuse et très parcimonieuse sur les événements. Son chef en a d'ailleurs fait les frais en étant limogé par Ralf Jäger en fin de semaine dernière.
Le nombre de plaintes pour violences lors de la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne ne cesse d'exploser jour après jour. Il atteint selon le dernier décompte de dimanche 516, dont environ 40% pour des faits d'agression sexuelle.
Au cours de cette même nuit, Hambourg a également été le théâtre d'actes de violence et 133 plaintes, notamment pour agression sexuelle, sont répertoriées.
Dix-neuf personnes sont pour l'instant considérées comme suspectes à Cologne. La police a jusqu'ici parlé principalement de réfugiés et immigrants illégaux originaires de pays d'Afrique du Nord, sans annoncer d'interpellations notamment pour les faits les plus graves, comme les viols.
De nombreuses zones d'ombre demeurent: comment les agressions ont-elles pu prendre une telle ampleur sans que la police n'intervienne alors qu'elle était à proximité? Pourquoi a-t-elle attendu plusieurs jours avant d'en révéler l'ampleur? Et les violences étaient-elles planifiées ou le fruit de débordements dus à l'alcool le soir de la Saint-Sylvestre?
Sur ce dernier point le ministre de la Justice Heiko Maas a déjà tranché. "Quand une telle horde se rassemble pour enfreindre la loi, cela paraît sous une forme ou une autre planifié", a-t-il dit.
Même si rien n'établit à ce jour la culpabilité de réfugiés, les événements de Cologne ont instillé un peu plus le doute dans l'opinion publique sur la capacité du pays à intégrer le million de demandeurs d'asile venus rien que l'an dernier de Syrie, d'Irak, d'Afghanistan ou d'Afrique du Nord.
Quelque 57% des Allemands redoutent désormais une hausse de la criminalité avec l'arrivée d'autant de migrants, contre 40% qui ont un avis contraire, selon un sondage de la chaîne RTL.
Dans un tel contexte, le slogan volontariste d'Angela Merkel sur les réfugiés- "Nous y arriverons!"- devient de plus en plus inaudible.
La chancelière, qui joue gros avec Cologne à moins de deux ans des prochaines élections générales, a dû infléchir sa politique d'ouverture au cours du week-end en annonçant une procédure facilitée d'expulsion des demandeurs d'asile enfreignant la loi.
Son ministre de l'Intérieur veut, lui, renforcer la vidéo-surveillance et déployer davantage de policiers sur les places publiques. Dès ce lundi, les groupes parlementaires des partis de la coalition au pouvoir doivent commencer à préparer le travail législatif en ce sens.
Dans la soirée à Leipzig la branche locale de Pegida va tenter à son tour de capitaliser sur les craintes dans la population. Legida ("Leipzig contre l'Islamisation de l'Occident") organise une manifestation à 18H30 (17H30 GMT) pour son premier anniversaire, à laquelle plusieurs milliers de personnes sont attendues.
Une contre-manifestation est aussi programmée en forme de "chaîne lumineuse" dans la ville, les participants étant invités à venir avec des bougies.
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