Yassin Salhi : le salafiste discret
L'auteur présumé de l'attentat de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) survenu vendredi 26 a été interpellé sur place. Il s'agit de Yassin Salhi, un père de famille de 35 ans originaire du Doubs. Les premiers éléments le concernant dressent le portrait d'un proche de la mouvance salafiste, connu des services de renseignement mais discret et n'ayant jamais commis de délit avant l'attaque du site d'Air Products.
Yassin Salhi est né le 25 mars 1980 à Pontarlier (Doubs), d'une mère au foyer d'origine marocaine et d'un père d'origine algérienne travaillant à l'usine. Selon des voisins de l'époque interrogés par Le Parisien, la famille aurait commencé à montrer des signes d'appartenance religieuse après le décès du père de famille d'une attaque cardiaque: "la maman a commencé à porter le voile à partir de ce moment-là. Les jeunes se sont laissé pousser la barbe. Avant la mort de son mari, la mère était quelqu'un de très moderne". Par la suite, la mère est repartie vivre au Maroc.
C'est au début des années 2000 que Yassin Salhi commence à apparaître dans les radars des renseignements. A l'époque, il se rapproche d'un islamiste radical de Pontarlier surnommé "Grand Ali", soupçonné d'avoir participé à un attentat en Indonésie. En 2004, Yassin Salhi et donc repéré par les renseignements généraux, et en 2006 il fait l'objet d'une "fiche S" (sûreté d'Etat) pour "radicalisation" et pour ses "liens avec la mouvance salafiste". Mais faute d'éléments probants, celle-ci sera suspendue en 2008.
Après un passage par Besançon, toujours dans le Doubs, l'homme s'installe avec sa femme et ses trois enfants à Saint-Priest, dans la banlieue de Lyon (Rhône). Selon Libération, il se rend cependant régulièrement et discrètement dans la région de Besançon.
Ses collègues et voisins de la région lyonnaise décrivent un homme discret, qui n'aurait jamais fait de prosélytisme et dont seule l'apparence laissaient deviner les convictions religieuses. Son casier judiciaire est vierge.
En revanche, l'homme semble bien plus actif à Besançon où il continue de fréquenter la mouvance salafiste. Ce qui lui vaut d'être à nouveau repéré par les services de renseignement en 2013 et 2014. La DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) veut alors mettre son téléphone sur écoute, mais aucune ligne n'est enregistrée à son nom ou celui d'un proche.
Yannis Salhi travaillait comme livreur dans la région lyonnaise. Il avait donc coutume de se rendre sur le site d'Air Products, où il a pu pénétrer sans encombre vendredi 26. Blessé à la tête après avoir projeté son véhicule sur des bouteilles de gaz, il a été maîtrisé par un pompier puis arrêté et placé en garde à vue. Le corps décapité retrouvé sur les lieux est celui de son patron.
Sa femme, visiblement choquée, et sa sœur ont également été interpellées le jour-même. Des arrestations attendues étant donné les circonstances mais aucun élément ne laissait supposer ce samedi que les deux femmes ait un lien avec l'attentat. Tout désigne Yannis Salhi comme un terroriste djihadiste, mais l'enquête doit à présent déterminer s'il a bénéficié d'une quelconque complicité.
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