Alors que des actions en justice tentent de faire retoquer les arrêtés préfectoraux de fermetures ou de restrictions d’horaires des bars, une question se pose : ces établissements favorisent-ils les contaminations ?
Pour le premier ministre Jean Castex, c’est certain :
« On a trois fois plus de chances de se contaminer dans un bar que dans un commerce local »
Jeudi dernier sur France 2, il a détaillé cette affirmation en expliquant qu’à partir d’une certaine heure, « les bars voient arriver beaucoup de personnes qui sont sans masque et qui ne respectent pas les gestes barrière ».
Cette explication pourrait éventuellement justifier une fermeture anticipée des bars à 22 heures, comme c’est désormais le cas à Paris, à Bordeaux et dans de nombreuses autres villes.
Les jeunes visés
A Rennes d’ailleurs, le tribunal administratif a confirmé l’arrêté préfectoral qui impose une fermeture des bars à 23 heures jusqu’au 30 septembre (pour le moment), arguant d’une propagation du virus qui s’accélère rapidement chez les jeunes. Cette population serait donc ciblée par les mesures.
A Lyon, le préfet n’avait pas, dans un premier temps et avant les dernières annonces d’Olivier Véran, retenu cette solution alors même que le taux d’incidence de 213 cas positifs pour 100000 habitants étaient alors supérieur à celui de Bordeaux (159).
Jacques Mailhos, le préfet du Rhône, expliquait sa décision :
« Fermer les bars plus tôt, cela veut dire davantage de consommateurs dehors. C’est prendre un risque de voir plus de gens ne pas respecter les gestes barrières sur la voie publique »
La préservation du tissu économique faisait également partie de ses soucis.
Peu de données
Lien social et économie vs limitation de la propagation du virus, où est la priorité ? A Marseille et Aix-en-Provence, le coût de la fermeture des bars et des restaurants, pour les professionnels comme pour leurs fournisseurs est-il justifié par le nombre de contaminations potentielle dans les établissements ?
Aussi étrange que cela puisse paraître, il n’existe pas vraiment de données sur la question des « bars propagateurs de virus ».
Le gouvernement s’appuie sur une étude menée auprès de 300 personnes par le CDC (Center for Desease Control) américain : les personnes testées positives étaient 2,4 fois plus nombreuses dans un restaurant ou un bar dans les 14 jours précédents que les personnes testées négatives.
L’étude évoque, selon les médias américains, la difficulté de respecter la distanciation sociale dans les établissements de restauration – à croire que le CDC ne connaît pas les transports en commun – et le non port du masque lorsque l’on mange ou l’on boit.
Des clusters en France ?
Qu’en est-il en France ? Les clusters dont l’origine est un bar ou un restaurant étaient jusqu’à présent comptabilisés dans la catégorie « entreprises ». Santé Publique France a dévoilé récemment un chiffre de 50 clusters liés au secteur de la restauration depuis le déconfinement, sur un total de 635 pour l'ensemble des milieux professionnels (hors établissements de santé).
Quelques exemples concrets font état de contaminations suite à des soirées dansantes ou étudiantes, comme à Quiberon, Saint-Tropez ou Rennes. Ce sont les seules données disponibles. Est-ce vraiment suffisant ?