Scandale du Mediator : le laboratoire Servier condamné
Huit ans après la révélation du scandale du médicament Mediator par la Docteur Irène Frachon, le tribunal de grande instance de Nanterre (TGI) a reconnu, pour la première fois ce jeudi, la responsabilité civile des laboratoires Servier pour avoir laissé sur le marché un médicament "défectueux".
Le Mediator a été commercialisé en 1976 pour traiter l'excès de graisse dans le sang, puis à destination des diabétiques en surpoids et enfin utilisé comme coupe-faim. Son principe actif, le benfluorex, serait à l'origine de nombreux cas de valvulopathie (défaillance des valves cardiaques). Pour les avocats des plaignants, les laboratoires Servier avaient connaissance de cette dangerosité dès 1993. Le médicament pourrait être responsable de 2.100 décès à long terme.
Saisie des demandes d'indemnisations de deux malades de 72 et 67 ans, le tribunal a estimé qu'à la date de la prescription du médicament, en 2003 et 2006, "l'état des connaissances scientifiques ne permettait pas d'ignorer les risques d'hypertension artérielle pulmonaire et de valvulopathies induits par le benfluorex", et "la seule suspicion de ces risques" obligeait le laboratoire "à en informer les patients et les professionnels de santé" notamment dans la notice d'utilisation.
Les laboratoires Servier ont indiqué qu'ils continueraient à mener "un combat de principe" pour faire valoir qu'il n'y avait "pas d'alertes significatives" sur les risques du médicament avant son retrait du marché en 2009.
Le laboratoire est donc condamné à verser 30.000 euros de dommages et intérêts aux plaignants. C'est à dire assez peu comparer aux 900.000 et 125.000 euros réclamés pâr les avocats de ces adernoiers qui ont parlé de "victoire en demi-teinite" à l'issue de ce jugement.
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