France : la croissance atone au printemps complique la tâche du gouvernement

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 26 août 2016 - 15:13
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Les bâtiments de l'Insee.
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©Thomas Samson/AFP
La France a connu une baisse de la consommation, des investissements et de la production au printemps.
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Accident de parcours ou coup d'arrêt durable? La croissance économique a été nulle en France au deuxième trimestre, a confirmé vendredi l'Insee, rendant incertain l'objectif gouvernemental d'une hausse de 1,5% du PIB cette année, même si l'activité devrait retrouver de l'élan au second semestre.

Après un début d'année sur les chapeaux de roue, avec une croissance de 0,7% lors du premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) a stagné entre avril et juin (+0,0%), selon des chiffres de l'Insee publiés ce vendredi 26, qui confirment une première évaluation communiquée fin juillet.

A l'origine de ce résultat décevant: un ralentissement de la consommation des ménages, mais aussi une baisse des investissements et un recul de la production, affectée par les mouvements sociaux contre la loi Travail, précise l'institut statistique.

Moteur traditionnel de la croissance française, les dépenses des ménages ont ainsi stagné entre avril et juin (0,0%), avec une baisse dans les services (-0,1%), attribuée notamment à "un contrecoup après l'achat des billets de l'Euro 2016 de football au premier trimestre".

Les dépenses d'investissement se sont pour leur part repliées (-0,2%), alors qu'elles avaient augmenté de 1,3% au premier trimestre. La production, enfin, a reculé de 0,1%, après une hausse de 0,7% en début d'année, avec une chute notable dans le secteur des biens manufacturés (-0,9%).

De quoi menacer sérieusement la dynamique de reprise à l'œuvre dans l'économie française? Pas forcément, selon Denis Ferrand, directeur de l'institut COE-Rexecode, pour qui les mauvais chiffres du deuxième trimestre sont en grande partie liés à la forte croissance du début d'année.

"Le suspense entretenu sur la prolongation ou non du dispositif de suramortissement (mécanisme de déduction fiscale sur les investissements productifs, NDLR) a poussé beaucoup d'entreprises à anticiper leurs investissements. Du coup, il y a eu un contrecoup au deuxième trimestre", explique-t-il.

Pour le gouvernement, qui a fait de sa capacité à tenir ses engagements budgétaires un argument politique, ce coup d'arrêt est néanmoins problématique, alors que Bercy doit trouver des marges de manœuvre pour bâtir son budget 2017, qui prévoit de nouvelles baisses d'impôts pour les ménages.

Jeudi 25, le Premier ministre Manuel Valls a assuré qu'il maintenait son objectif de croissance à 1,5% du PIB cette année. Pour cela, "il faut de la croissance au troisième et au quatrième trimestre. Nous avons le sentiment qu'il y en a", a-t-il argumenté.

Plusieurs signes, de fait, laissent entrevoir une embellie pour le second semestre. L'activité du secteur privé en France a ainsi enregistré en août sa plus forte progression depuis 10 mois, selon l'indice PMI Markit publié mardi. Le moral des ménages s'est pour sa part légèrement redressé, après deux mois de repli.

Autres éléments positifs: les mises en chantiers de logements neufs ont augmenté de 4,7% entre mai et juillet. Quant au climat des affaires, il est resté quasi stable en août, mais à un niveau légèrement supérieur à sa moyenne de long terme, après une amélioration sensible en juillet.

Il y a des "éléments vraiment non négligeables qui donnent un peu de force à la dynamique de la reprise", souligne Hélène Baudchon, de BNP Paribas, qui cite également les "signes d'amélioration sur le marché de l'emploi" et "le redressement du taux de marge des entreprises".

Mais cet élan reste limité: "les conditions ne me semblent pas réunies pour réenclencher la reprise française sur des rythmes trimestriels qui permettraient d'atteindre 1,5%", estime-t-elle. Pour l'heure, "l'acquis de croissance"- autrement dit la progression annuelle du PIB en cas de croissance nulle sur les deux derniers trimestres- s'établit à 1,1%. Pour atteindre les 1,5% visés par le gouvernement, il faudrait une croissance de 0,5% aux troisième et quatrième trimestre.

"Deux trimestres consécutifs à 0,5%, ça n'est pas arrivé depuis 2010", rappelle Denis Ferrand, qui juge "peu probable" une telle performance, alors que l'Insee comme la Banque de France prévoient un rebond limité à 0,3% au troisième trimestre.

"Il y a eu des éléments négatifs qui se sont coagulés pendant l'été", rappelle M. Ferrand, en citant la "baisse de la fréquentation touristique", mais aussi "les mauvais résultats de la production agricole" et "l'incertitude liée au Brexit". Des obstacles de plus pour une réelle reprise de l'activité.

 

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