Le déficit de la Sécurité sociale va se réduire en 2016, au prix d'importantes économies
Le déficit de l'Assurance maladie, qui représente plus de la moitié de celui de la Sécurité sociale, devrait continuer à se réduire en 2016 au prix d'économies drastiques qui ne vont pas sans susciter des inquiétudes dans le monde de la santé.
Les comptes de la branche maladie devraient, selon la Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS), afficher pour 2016 un solde négatif de 5,2 milliards d'euros, soit 600 millions de moins par rapport à 2015.
Un résultat meilleur qu'attendu par le gouvernement qui tablait sur un déficit d'au moins 6,2 milliards, dans un contexte budgétaire particulièrement tendu avec un objectif national des dépenses de santé (Ondam), "historiquement bas" de 1,8 %, un niveau jamais atteint depuis 1998, note la commission.
Destiné à limiter l'augmentation naturelle des dépenses de soins, liée au vieillissement de la population ou encore à l'augmentation des maladies chroniques, l'Ondam est synonyme pour les professionnels de santé d'économies souvent "douloureuses".
"L'amélioration du déficit de l'Assurance maladie est une bonne chose pour pérenniser son avenir", salue Jacques Trévidic, président de la Confédération des praticiens hospitaliers (CPH), mais "cette lutte de tous les instants ne doit pas se faire dans la brutalité", nuance-t-il.
"Les économies se traduisent dans les hôpitaux par des suppressions de postes, des restructurations, des conflits sociaux très durs autour du temps de travail qui créent beaucoup de tensions", souligne le représentant de l'intersyndicale.
"Pourquoi agir uniquement sur les dépenses et pas aussi sur les recettes, en rendant le système moins dépendant des revenus du travail?", interroge Jacques Trévidic.
Le régime général de la Sécurité sociale et sa branche maladie sont financés en grande partie par les cotisations sociales et la CSG (contribution sociale généralisée). Or le chômage record et le ralentissement de la masse salariale les privent de recettes et réduisent la marge de manœuvre des gouvernements pour parvenir à l'équilibre.
"Le budget de fonctionnement devrait être à l'équilibre chaque année en augmentant par exemple la CSG ou les cotisations", souligne Claude Leicher, représentant du syndicat des médecins généralistes libéraux, MG France.
"C'est irresponsable de faire reposer la dette sur nos petits-enfants", renchérit le médecin reconnaissant que les résultats "vont de le bons sens".
Toutefois, Claude Leicher dénonce "l'absence réel d'investissement" par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, pour développer les soins ambulatoires (moins d'hospitalisations, plus de soins en ville), sur lequel "compte pourtant" s'appuyer le gouvernement pour dégager les 10 milliards d'euros d'économies demandés à l'Assurance maladie d'ici 2017.
"Les efforts qu'on demande à la médecine libérale au quotidien, grâce à quoi le déficit de l'Assurance maladie se réduit, ne sont pas accompagnés financièrement" et conduisent à une désaffection du métier de généraliste, déplore le représentant syndical, en pleine négociation sur une revalorisation des honoraires avec l'Assurance maladie.
"Des efforts consentis par les professionnels et portés par une rationalisation des soins" qui "portent leurs fruits", retient de son côté, le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss) qui estime que des "marges d'économies sont encore possibles".
"Il est compliqué d'augmenter les cotisations sociales, mais il est encore possible d'agir sur les dépenses à travers la pertinence des soins de ville comme à l'hôpital, l'amélioration de la coordination des actions des professionnels et des parcours des patients", estime Magali Léo, membre du collectif représentant les patients.
"Les économies ne doivnt plus passer par les restes à charge", défend également le Ciss. Le pourcentage du reste à charge, certes se stabilise autour de 8,5% comme le souligne le ministère, mais les dépenses augmentant, son montant suit la même courbe, souligne le collectif.
Pour "permettre à tous" d'avoir accès à des innovations thérapeutiques de plus en plus coûteuses et des thérapies de niche, "il faut peut-être changer d'échelle", suggère Magali Léo.
"L'urgence est d'agir sur les prix en particulier des médicaments. Il faudra des mesures plus fortes que la simple maîtrise médicalisée pour maintenir cette tendance à la baisse du déficit", observe-t-elle.
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