Crise du lait : le boulet de la hausse de la production européenne

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 17 juin 2016 - 14:44
Image
Deux verres de lait.
Crédits
©DR
Il est difficile de définit une politique européenne commune pour lutter contre la surproduction.
©DR
La crise du lait est toujours d'actualité. La majorité des producteurs continuent à vendre à perte, et a volonté de certains pays européens de produire pus pour mieux peser ne va pas arranger les choses.
Une fois de plus, les ministres européens de l'Agriculture vont tenter, fin juin, de trouver des remèdes à la crise du lait, provoquée par un accroissement de la production qui a déstabilisé le marché mondial après la suppression des quotas.
 
"Il y a une responsabilité européenne écrasante dans cet accroissement de l'offre" sur le marché mondial, a expliqué Christophe Perrot, économiste à l'Institut de l'élevage, lors d'un colloque organisé par la Confédération Paysanne près de Rennes.
 
"Depuis 2013, l'UE a mis sur le marché mondial 10 millions de tonnes supplémentaires sur un marché de 66 MT", souligne M. Perrot.
 
Résultat: un séisme d'un bout à l'autre de la planète laitière. De la France, où les producteurs vendent, sauf exception, leur lait à perte, à la Nouvelle-Zélande, premier exportateur mondial: selon la Banque centrale de ce pays, 80% des éleveurs travaillent actuellement à perte.
 
Pour tenter de sortir de cette spirale dévastatrice, la France vient de signer avec la Pologne et l'Allemagne un accord pour demander à la Commission européenne de mettre en œuvre des instruments de stabilisation des marchés, à commencer par la surproduction laitière.
 
La suppression des quotas laitiers en mars 2015 est pour une bonne part dans cette fuite en avant. Mis en place en place en 1984, ces quotas visaient à maîtriser la production et stabiliser le marché. Logiquement, la dérégulation a eu l'effet inverse: sur la campagne 2015-2016, la première sans quotas, l'UE a augmenté encore sa production de 4,3%, allant de +1,3% pour la France à +18,5% pour l'Irlande, selon M. Perrot.
 
"Cette forte hausse s'est conjuguée avec un tassement de la demande mondiale", en particulier de la Chine, qui avait manifesté "une frénésie d'importations et de stockage fin 2013" avant de se rétracter.
 
Petit producteur (environ 5% de la production européenne), l'Irlande vise un accroissement "de 50% d'ici 2020", constate l'économiste. De même, le Danemark table sur +20%.
 
Comme les Pays-Bas, quatrième pays producteur dans l'UE après l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, l'Irlande et le Danemark "exportent plus des deux tiers de leur production et ne veulent laisser aucune opportunité à leurs concurrents internationaux", souligne M. Perrot.
 
Les principaux pays producteurs, comme la France, sont, eux, dans une autre stratégie: "les transformateurs y ajustent leur collecte à leurs besoins et leurs débouchés commerciaux, notamment pour le marché intérieur plus rémunérateur".
 
Au final, on arrive à une "concurrence exacerbée entre pays européens pour tenter de trouver des débouchés hors-UE", constate Aurélie Trouvé, économiste à AgroParis Tech. Et ce, bien que "85% de la production européenne soit consommée sur le territoire européen", rappelle Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, branche laitière de la FNSEA.
 
Pour le moment, chaque pays essaie de parer au plus pressé face à des producteurs en détresse et "des prix internationaux très bas, autour de 200 euros la tonne", observe Christophe Perrot. Comparé à la moyenne 2007-2014, "les prix actuels sont inférieurs de -20% (France, Allemagne, Etats-Unis) à -33% (Irlande, Nouvelle-Zélande)", constate l'économiste.
 
Pour la France, en mars 2016, le prix moyen versé aux producteurs français s'est établi à 309 euros la tonne, inférieur de 4,5% à mars 2015, selon Agreste, le bulletin statistique du ministère de l'Agriculture.
 
En atendant d'éventuelles décisions lors du conseil des ministres les 27 et 28 juin à Luxembourg, des raisons d'espérer existent. Contrairement à la viande, "la consommation de lait augmente davantage que la population mondiale", constate Christophe Perrot. Et une stabilisation de la production, bien "qu'à haut niveau", semble se profiler dans l'UE comme en Nouvelle-Zélande.
 
Si certains analystes voient les prix réaugmenter et le marché se rééquilibrer au cours de 2016", Aurélie Trouvé tempère les optimismes. "On considère que l'UE est dans une crise structurelle de surproduction, alors que les instances européennes voient ça comme une crise conjoncturelle sur deux/trois ans".
 
 

À LIRE AUSSI

Image
Deux verres de lait.
Tokyo : un bar à lait maternel a ouvert ses portes
Une nouvelle tendance a fait son apparition à Tokyo. Là-bas, le Bonyu Bar, situé dans le quartier rouge de la ville, propose de consommer le lait maternel de ses serve...
04 février 2015 - 16:03
Lifestyle

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
25/11 à 21:00
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.