Gel : "la plus grande catastrophe agronomique" du siècle

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Par Nicolas GUBERT et Myriam LEMETAYER, Nicolas GUBERT et Myriam LEMETAYER - Paris (AFP)
Publié le 12 avril 2021 - 21:24
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Une vigne.
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©Claude Robillard/Flickr
France-Soir
©Claude Robillard/Flickr

Après des gelées qui ont détruit la semaine dernière nombre de cultures, le monde agricole retenait son souffle lundi avant une nouvelle vague de froid, mais anticipait quoiqu'il arrive une hausse mécanique des prix des fruits et une chute exceptionnelle de la production de vin en 2021.

C'est déjà "probablement la plus grande catastrophe agronomique de ce début de XXIe siècle", a déclaré lundi soir le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie sur le plateau d'Audition Publique (LCP-Public Sénat-Le Figaro).

"Ce sont plusieurs centaines de milliers d'hectares - je dis bien centaines de milliers d'hectares - qui ont été impactés", a ajouté le ministre, tout en soulignant qu'il était trop tôt pour chiffrer, en euros, les dégâts.

"En termes d'argent ce sera très significatif", a-t-il simplement dit.

M. Denormandie avait réuni plus tôt dans la journée, en visioconférence, une première "cellule de crise" sur ces gelées printanières qui ont touché 10 des 13 régions françaises, afin de coordonner la réponse gouvernementale.

La réunion rassemblait les représentants des producteurs de vin, de fruits, de légumes et de céréales, mais aussi les assureurs, les banques, les chambres d'agriculture, la sécurité sociale agricole MSA, ainsi que des représentants des différents ministères (Matignon, Bercy, Travail).

Le Premier ministre Jean Castex avait promis "des enveloppes exceptionnelles" lors d'un déplacement en Ardèche ce week-end, au chevet des producteurs de fruits.

Parmi les mesures envisagées: un recours facilité au chômage partiel, des allègements de charges patronales mais aussi, "vu l'ampleur des dégâts", la création d'un "fonds exceptionnel qui vienne compenser les pertes de revenu", a détaillé M. Denormandie.

Il sera notamment accessible aux viticulteurs. Ces derniers ont la possibilité de s'assurer et ne peuvent donc pas prétendre aux indemnisations du fonds des calamités agricoles. Or moins d'un tiers d'entre eux sont assurés.

"Le ministre s'est fixé pour objectif que les premiers financements arrivent mi-juin/début juillet pour les arboriculteurs et producteurs de petits fruits", a rapporté la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, à l'issue de la réunion.

- Des fruits plus chers -

Les producteurs ne quittent pas les prévisions météo des yeux: le thermomètre menace de descendre sous zéro jusqu'à jeudi matin, relève Luc Servant, vice-président des Chambres d'agriculture.

"Avec l'humidité, on peut avoir des gelées blanches et donc la formation de glace sur les plantes et donc on sait que ça peut faire du dégât à des températures plus faibles", explique-t-il à l'AFP.

A cette heure, le bilan est déjà lourd pour les viticulteurs, selon M. Servant: hormis les vignobles charentais de la région du Cognac et les vignes d'Alsace, "tous les autres vignobles ont été très durement touchés".

Il se refuse toutefois à faire un pronostic sur l'ampleur des pertes, car une partie de la récolte peut encore être sauvée.

"Il y a des vignobles où on parle d'une perte à 80%, d'autres, ça peut être de l'ordre de 50%, ça peut peut-être repartir. Il y a des bourgeons qui sont gelés, mais tous n'étaient pas sortis", estime-t-il.

"Par contre, sur les fruitiers où les fruits sont gelés, c'est sûr il n'y aura pas d'autre fleurs maintenant, c'est râpé", décrit, fataliste, M. Servant.

"Quand on parle sur la partie Sud-Ouest de 80% de pertes, ce sont des chiffres qui vont sûrement se retrouver jusqu'au bout", pense-t-il, tablant sur le même terrible ratio pour la vallée du Rhône et sur toute la partie Centre/Val-de-Loire.

S'agissant des grandes cultures, la betterave sucrière a souffert: "Plus de 10% des betteraves françaises ont été détruites par le gel", a rapporté lundi la CGB, syndicat des betteraviers.

Une seule certitude, selon le ministre de l'Agriculture: "Le consommateur aura beaucoup moins accès cette année à des abricots, des cerises, certains fruits" vu la faiblesse de la récolte qui s'annonce, "et "la rareté (...) de nos produits sera telle que probablement les prix s'en feront ressentir".

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