Affaire Legay : la Cour de cassation dépayse l'enquête à Lyon
La Cour de cassation a décidé mercredi de dépayser à Lyon l'enquête sur les violences subies par Geneviève Legay, une manifestante de 73 ans blessée en mars lors d'une charge de police contre un rassemblement interdit de "gilets jaunes" à Nice, a-t-on appris de source judiciaire.
Cette enquête, qui a valu au procureur de Nice de nombreuses critiques, sera désormais menée par un juge d'instruction lyonnais.
"Attac France se réjouit de cette décision, qui devrait pouvoir enfin garantir un travail serein de la justice, sur cette affaire grave, qui ne concerne pas seulement les agissements d’un seul policier, mais aussi ceux de toute une chaîne de commandement", a réagi Attac, association où milite Mme Legay, dans un communiqué.
Pour Raphael Pradeau, porte-parole d’Attac France, "cette décision confirme ce que nous disons depuis le début de cette affaire : le procureur de Nice a multiplié les mensonges et les obstacles à la manifestation de la vérité, ainsi que les conflits d’intérêts".
L'avocat général s'était prononcé en faveur du dépaysement de l'enquête. "Le procureur de la République (de Nice) avait d'abord confié l'enquête à la sûreté départementale alors que la cheffe de ce service avait elle-même participé à l'opération de maintien de l'ordre dans le périmètre où Mme Legay a été bousculée et était la compagne du commissaire chargé du commandement de cette opération", avait-il rappelé. Le magistrat reprenait les éléments avancés par le procureur général d'Aix-en-Provence qui avait transmis la demande de dépaysement des avocats de Mme Legay et d'Attac.
L'avocat général soulignait également que certains policiers ayant participé le 23 mars à l'opération étaient en relations habituelles avec les magistrats de Nice.
Vertement critiqué pour sa gestion de l'affaire, et notamment pour avoir saisi la sûreté départementale, le procureur de Nice Jean-Michel Prêtre avait été convoqué par sa hiérarchie pour s'expliquer.
Le 23 mars à Nice, alors que la mairie et la préfecture craignaient des débordements à la veille de la visite du président chinois Xi Jinping, un large périmètre avait été interdit aux "gilets jaunes". Mme Legay faisait partie de la cinquantaine de manifestants venus dans la matinée braver cette interdiction de manifester place Garibaldi.
Selon le témoignage d'un policier recueilli par l'AFP, corroboré par une note émanant de la direction de la gendarmerie révélée par Mediapart, les gendarmes ont refusé de charger, contrairement aux policiers: "Ordres reçus disproportionnés face à la menace (foule calme)", indique cette note.
L'enquête ouverte pour violences vise un policier accusé d'avoir causé à Mme Legay un traumatisme crânien en provoquant sa chute.
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