Après l'"affaire Théo", une journée pour créer du lien entre jeunes et policiers

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Par AFP
Publié le 10 mars 2017 - 22:03
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Des policiers arrêtent un adolescent lors de heurts avec la police le 23 février 2017 à Paris après
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Des policiers arrêtent un adolescent lors de heurts avec la police le 23 février 2017 à Paris après l'"affaire Théo"
© Lionel BONAVENTURE / AFP

Léo, 11 ans, enfile gilet pare-balles et casque d'intervention: il doit sauver une victime, jouée par une policière. Quelques semaines après l'"affaire Théo", des policiers ont monté une journée d'activités avec des jeunes de Seine-Saint-Denis. Objectif: "faire redescendre les tensions".

Sa "mission" accomplie, Léo souffle. "Je trouve que c'est dangereux d'être policier", dit cet élève de CM2, en relevant l'épaisse visière de son casque. Encadré par des agents municipaux et nationaux, il vient de terminer un petit parcours d'obstacles, installé vendredi dans le gymnase de Vaujours, en Seine-Saint-Denis.

Avec sa binôme, Eliane, 10 ans, ils ont dû sortir d'une pièce enfumée une policière jouant une blessée. "Léo! Mets-la en PLS!" lui ordonne la fillette, la leçon de l'atelier secourisme bien en tête.

Pour les deux enfants, pas de griefs à adresser aux policiers qui sont "gentils et aident les gens". Mais, un peu plus loin, Ianis, 14 ans, est plus dubitatif: "A Clichy, il n'y a pas de bons policiers", lance l'ado. Il a accepté de participer à la journée parce que figure au programme une démonstration de chiens formés à la recherche d'explosifs et de stupéfiants. Les policiers "nous parlent mal, nous insultent", dit-il.

Faux, rétorque Erwan, 15 ans, scolarisé comme Ianis dans une classe de 3e pour enfants en rupture. "Moi je ne m'énerve pas, donc les policiers ne s'énervent pas."

Comme eux, 1.200 jeunes de 11 à 18 ans sont passés vendredi dans les différents ateliers imaginés par Prox'aventure, une association de policiers, qui intervient depuis trois ans dans une cinquantaine de villes en France chaque année, en majorité en Seine-Saint-Denis et dans le Val-d'Oise.

Habituellement, quelque 600 personnes se succèdent lors de ces journées. Mais, à Vaujours, "on a été débordé par les demandes d'inscription", explique Arnaud Libert, chef de la police intercommunale de Vaujours-Coubron. "C'est lié à l'affaire Théo", assure-t-il.

Théo est ce jeune homme de 22 ans dont le viol présumé lors d'une interpellation début février dans le département a eu un retentissement considérable et a donné lieu à plusieurs nuits de violences urbaines.

- "Message civique" -

"Les jeunes ont besoin de comprendre", poursuit M. Libert. Et les policiers de leur montrer qu'"au quotidien on est là pour eux, pour les protéger".

"Il faut supprimer les idées reçues entre les jeunes et nous", complète Maïva Hamadouche, policière à Paris et championne du monde de boxe IBF catégorie super-plume.

Marraine de Prox'aventure, elle donnait vendredi des cours de boxe sur un ring gonflable installé pour l'occasion. Pour elle, les moments comme cette journée, peuvent permettre de faire "redescendre les tensions". "Les jeunes voient des policiers à l'écoute, qui peuvent expliquer le métier, répondre à leurs questions."

Lors de ces journées au contact de jeunes qu'elle a découverts "très attachants", la policière-boxeuse a été frappée par leurs nombreuses "questions sans réponse". "Ils ont un manque de repères, qui fait qu'ils font ce qu'ils font."

Trente policiers étaient mobilisés vendredi, tous bénévoles. La plupart travaillent dans des brigades d'intervention dans des quartiers difficiles en Île-de-France, explique Quentin, policier depuis 15 ans, et l'un des organisateurs de la journée.

Les policiers de l'association viennent même "s'ils se prennent des cailloux dans les cités". A leurs yeux, ajoute-t-il, le métier est "complet" quand ils sont "capables de faire respecter l'ordre, mais aussi de l'expliquer".

C'est ce qu'attendent les jeunes des quartiers, poursuit ce policier de 36 ans, qui a vécu jusqu'à ses 30 ans dans une cité "chaude" de Gonesse (Val-d'Oise). "Ils n'ont pas besoin qu'on les materne, ils ont besoin qu'on discute avec eux et qu'on leur donne le message civique que personne ne leur donne."

Mission en tout cas accomplie auprès de Mathéo, 13 ans. Après son parcours d'audace, il n'a qu'une seule question: "Il faut passer quel bac pour entrer au GIGN?"

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