Attaques de l'Aude : polémique sur le suivi de l'assaillant, hommage national mercredi

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Par Ambre TOSUNOGLU, Grégory DANEL à Paris - Trèbes (France) (AFP)
Publié le 26 mars 2018 - 13:32
Mis à jour le 27 mars 2018 - 00:22
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Radouane Lakdim, auteur des attentats de l'Aude, était toujours suivi par les renseignements en mars: cela ne l'a pas empêché de passer à l'acte ce qui alimentait la polémique avant un hommage national au gendarme Arnaud Beltrame mercredi.

Fiché "S" ("sûreté de l'Etat") depuis 2014, Lakdim, qui a assassiné quatre personnes à Carcassonne et Trèbes vendredi, était inscrit "depuis novembre 2015" au fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) en raison de ses "liens supposés avec la mouvance salafiste locale", a indiqué lundi le procureur de Paris, François Molins, lors d'une conférence de presse.

Son "suivi effectif, toujours en cours en mars 2018, n'a pas permis de mettre en évidence des signes précurseurs d'un passage à l'acte, ni des velléités de départ sur la zone irako-syrienne", a ajouté le chef du parquet antiterroriste, soulignant que "le risque zéro n'existe pas" et insistant sur "les difficultés du suivi des individus radicalisés".

Deux proches de l'assaillant, dont sa compagne, 18 ans, comme lui fichée pour radicalisation, était toujours en garde à vue lundi soir. Cette dernière a crié "Allah Akbar" lors de son interpellation vendredi, mais "conteste avoir été associée au projet mortifère de son petit ami", a relevé François Molins. Le matin du périple sanglant de son compagnon, "elle a posté une sourate promettant l'enfer aux mécréants", a-t-il ajouté.

Une cérémonie d’hommage national au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, tué après s'être substitué à une otage, aura lieu mercredi à partir de 11H30 aux Invalides, en présence du président Emmanuel Macron qui prononcera l'éloge funèbre de l'officier de gendarmerie.

"On ne peut comprendre son sacrifice si on le sépare de sa foi personnelle. Il a accompli le geste d'un chrétien", a déclaré à La Vie Marielle, la veuve du gendarme qui a succombé à ses blessures samedi matin. Mme Beltrame a encore déclaré qu'elle formait un "couple chrétien" avec son mari qui était "revenu à la foi de façon forte vers la trentaine".

Son autopsie a mis en évidence des lésions par balles non létales et "révélé plusieurs lésions par arme blanche, dont une plaie très grave de la trachée et du larynx ayant entraîné une détresse respiratoire à l'origine du décès", a souligné François Molins.

- "coupable naïveté" -

La mort de l'officier de gendarmerie, qui aurait eu 45 ans en avril, a suscité une immense émotion et des hommages dans tout le pays.

Le pape François a salué son "geste généreux et héroïque", et condamné "de tels actes de violence aveugle".

Une minute de silence a été observée à midi dans les supermarchés de l'enseigne Système U, en hommage "à toutes les victimes de l'attentat", revendiqué par le groupe Etat islamique.

Dans la ville voisine de Narbonne, des gerbes de fleurs ont été déposées devant la gendarmerie.

A Trèbes, encore sous le choc, la vie reprenait progressivement. Peu d'élèves se sont rendus lundi matin à l'école primaire L'Aiguille, située à proximité du supermarché, où les élèves avaient été confinés pendant l'attentat. "Mon enfant (...) a passé la matinée, presque toute l'après-midi jusqu'à 16H sous les tables" vendredi, a rapporté une jeune mère, Nadia.

"Quelques jours après le drame, ce qui est important c'est d'assurer la prise en charge psychologique des victimes, c'est fondamental", a déclaré à Carcassonne Elizabeth Pelsez, déléguée interministérielle à l'aide aux victimes.

Les attentats de l'Aude ont pris une tonalité plus politique, avec des critiques très vives de la droite et de l'extrême droite contre le gouvernement.

La présidente du Front national Marine Le Pen a réclamé la démission du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, "dont les premiers mots devant la caméra c'est de dire +nous ne savions pas qu'il était radicalisé+". Elle a fustigé une "défaillance profonde" des autorités dans la lutte contre le terrorisme.

Laurent Wauquiez, président de LR, a dénoncé la "coupable naïveté" d'Emmanuel Macron. Il a réclamé le rétablissement de l'état d'urgence et l'expulsion des étrangers fichés "S", une demande également formulée par le président de Debout La France Nicolas Dupont-Aignan.

L'ex-Premier ministre Manuel Valls a évoqué une éventuelle "rétention administrative" des fichés "S" les plus dangereux et plaidé pour une "interdiction du salafisme".

Réagissant aux critiques, le président du groupe MoDem à l'Assemblée, Marc Fesneau, a dénoncé une "instrumentalisation" des attaques, avec des propos "accusatoires à l'encontre de l'Etat", contraires à "ce dont le pays a besoin".

- Attaques en trois temps -

Les attentats de vendredi se sont déroulées en trois temps. Peu après 10H00, Radouane Lakdim, 25 ans, Français d'origine marocaine, a entamé son équipée meurtrière en volant une voiture à Carcassonne, blessant grièvement son conducteur portugais et tuant son passager, un viticulteur à la retraite.

Après avoir tenté de s'en prendre aux parachutistes du 3e RPIMa, il a tiré sur des CRS revenant d'un jogging, blessant sérieusement un policier.

C'est en criant "Allah Akbar" qu'il a ensuite surgi et fait feu dans le Super U de Trèbes, tuant un salarié du supermarché et un client, maçon retraité. Il a ensuite tiré sur le lieutenant-colonel Beltrame, déclenchant l'assaut du GIGN qui l'a abattu, au cours duquel un gendarme a été blessé.

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