Brexit : Jaguar montre les crocs avant une réunion cruciale de May et ses ministres

Auteur:
 
Par Patrice NOVOTNY - Londres (AFP)
Publié le 05 juillet 2018 - 18:47
Image
Le constructeur automobile Jaguar Land Rover a menacé de réduire ses dépenses au Royaume-Uni en cas de Brexit dur
Crédits
© Andrew YATES / AFP/Archives
Le constructeur automobile Jaguar Land Rover a menacé de réduire ses dépenses au Royaume-Uni en cas de Brexit dur
© Andrew YATES / AFP/Archives

Le constructeur automobile Jaguar Land Rover a menacé de réduire ses dépenses au Royaume-Uni en cas de Brexit dur, à la veille d'une réunion cruciale du gouvernement mis sous pression pour adopter une position commune.

La Première ministre conservatrice, Theresa May, réunit vendredi son cabinet à Chequers, sa résidence de campagne. Loin de s'annoncer comme une aimable mise au vert, cette rencontre risque d'être orageuse entre les partisans du maintien d'une relation commerciale étroite avec l'UE et les supporters d'un divorce sans concession, sous l'oeil attentif de Bruxelles, qui exige une position claire du Royaume-Uni à moins de neuf mois du Brexit.

Les "Brexiters" devraient défendre la solution dite de "facilitation maximale". Elle intègre la mise en place de contrôles douaniers entre le Royaume-Uni et l'UE et, en particulier, entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande, mais propose de s'appuyer sur des solutions technologiques pour conserver la fluidité des échanges et éviter le spectre d'embouteillages aux frontières et aux ports entrevus avec effroi par les milieux d'affaires.

Partisans d'une ligne dure face à Bruxelles, le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, le ministre du Brexit, David Davis, ou encore le ministre de l'Environnement, Michael Gove, devraient défendre cette option.

Face à eux les ministres des Finances, Philip Hammond, et de l'Industrie, Greg Clark, veulent la solution plus "douce" d'un partenariat douanier inédit: le Royaume-Uni percevrait les taxes douanières au nom de l'UE pour les biens transitant sur son territoire mais destinés au marché des 27.

Cette option aurait l'avantage d'éviter l'instauration de douanes en bonne et due forme entre le Royaume-Uni et le continent.

Entre les deux, Theresa May voudrait proposer une solution de compromis: un partenariat douanier avec des technologies utilisées pour réduire les contrôles. Depuis Berlin où elle rencontrait son homologue allemande, Angela Merkel, elle a promis jeudi que la réunion de Chequers "fixerait une voie pour avancer afin de permettre aux négociations d'accélérer et de s'approfondir".

Confrontée aux divisions aiguës de sa majorité, Mme May a reçu un coup de pouce du chancelier autrichien, Sebastian Kurz, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, qui a proposé de prolonger les négociations pour empêcher un Brexit sans accord de divorce.

"J'espère que nous parviendrons à résoudre la difficile question de l'Irlande du Nord et la potentielle frontière. Si nous ne parvenons pas à une solution, alors je plaide pour qu'on poursuive les négociations afin d'éviter un Brexit dur", a déclaré M. Kurz à Vienne.

- "Lignes rouges" -

Avant la réunion très attendue de Chequers, le constructeur d'automobiles Jaguar Land Rover (JLR) a mis son poids dans la balance du côté de MM. Hammond et Clark. Comme BMW, Airbus ou Siemens ces dernières semaines, JLR a prévenu qu'il serait contraint de réduire ses investissements au Royaume-Uni si le Brexit devait conduire au rétablissement de contrôles douaniers avec l'UE.

"Nous et nos fournisseurs faisons face à un avenir imprévisible si les négociations du Brexit ne maintiennent pas des relations commerciales sans droits de douane et sans entrave avec l'UE et un accès sans restriction au marché unique", a averti son directeur général, Ralf Speth.

D'après lui, "un mauvais accord sur le Brexit coûterait à JLR plus de 1,2 milliard de livres de bénéfice par an" et, "par conséquent, nous devrions drastiquement revoir notre plan de dépenses". Il a précisé que les 80 milliards de livres de dépenses sur cinq ans prévues par le groupe au Royaume-Uni seraient "menacées" en cas de "mauvais résultat" des négociations.

Propriété de l'indien Tata Motors, le constructeur emploie 40.000 personnes au Royaume-Uni.

Le leader du principal syndicat britannique, Unite, s'est aussi immiscé dans le débat. "Je dis ceci au Parti conservateur: vous n'avez pas le droit de jouer à la roulette russe avec nos emplois", a tonné son secrétaire général, Len McCluskey.

Il a exigé que le gouvernement renonce à ses "lignes rouges" dans les négociations avec Bruxelles, notamment sa promesse de sortir du marché unique européen.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

26/12 à 14:34
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.