Covid-19 : 38 nouveaux départements sous couvre-feu, 46 millions de Français concernés

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Par Jacques KLOPP - Paris (AFP)
Publié le 22 octobre 2020 - 06:00
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Le Premier ministre Jean Castex à l'Assemblée nationale à Paris le 20 octobre 2020
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© Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Le Premier ministre Jean Castex à l'Assemblée nationale à Paris le 20 octobre 2020
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"La situation est grave" et la réponse concerne désormais les deux-tiers des Français : le couvre-feu sera étendu samedi à 38 nouveaux départements et à la Polynésie pour faire face à une circulation du virus "extrêmement élevée", avec 41.000 cas enregistrés ces dernières 24 heures, un niveau jamais vu.

Jeudi, 41.622 nouveaux cas de Covid-19 ont été dépistés, soit 15.000 de plus que la veille. Un record depuis le lancement des tests à grande échelle, sur fond de nette dégradation des indicateurs.

Dans ce contexte, le Premier ministre a averti plus tôt que si l'épidémie n'était pas jugulée, le gouvernement devrait "envisager des mesures beaucoup plus dures", alors que plusieurs pays, comme l'Irlande, viennent de décider des reconfinements face à la deuxième vague. "Il est encore temps de l'éviter, mais il ne nous reste plus beaucoup de temps", a-t-il ajouté.

- 54 départements sous couvre-feu -

Au total, 54 départements et 46 millions d'habitants sont désormais soumis à un couvre-feu nocturne qui, pour les nouveaux territoires, entrera en vigueur à 00H00 samedi, a précisé M. Castex lors d'une conférence de presse au ton empreint d'anxiété.

Le couvre-feu "s'appliquera de 21H00 à 6H00 sur l'ensemble du territoire des départements concernés et, normalement, pour une durée de six semaines", a poursuivi le Premier ministre, en décrivant des règles qui "seront les mêmes que pour les métropoles déjà placées en couvre-feu depuis samedi dernier", en l'espèce l'Île-de-France, Lille, Lyon, Marseille, Rouen, Grenoble, Saint-Etienne, Montpellier et Toulouse.

Les mesures de soutien à l'économie seront étendues à tous les départements concernés. Les aides aux entreprises touchées par le couvre-feu et les nouvelles restrictions coûteront entre 1,3 et 1,5 milliard d'euros par mois.

- "Novembre sera éprouvant" -

"Le mois de novembre sera éprouvant" et "le nombre de morts va continuer d'augmenter", a-t-il insisté. Quelque 165 décès de malades du Covid ont officiellement été enregistrés jeudi.

Le maire de Reims (Marne), Arnaud Robinet (LR), a réagi en considérant que "le temps des polémiques n'est pas venu" et que "cette situation de crise exige le rassemblement". Son homologue de Cannes (Alpes-Maritimes), David Lisnard (LR), a en revanche estimé que "le couple maire-préfet, que l'on nous avait tant vanté, n'existe pas".

Au niveau national, le nombre de personnes atteintes du Covid s'établit sur les sept derniers jours à 251 pour 100.000 personnes, "c'est-à-dire une progression de 40 % en une semaine", a rappelé le chef du gouvernement.

Le taux de reproduction du virus se situe autour de 1,35, "ce qui concrètement signifie un doublement du nombre de cas en 15 jours", a-t-il précisé.

Le taux d'incidence est notamment en hausse à Clermont-Ferrand (322), Tours (237) ou Nantes (194).

Dans l'Eurométropole de Strasbourg, où il frôle désormais le seuil d'alerte maximale, le taux d'incidence "double chaque semaine", constate l'Agence régionale de santé du Grand Est. Ce qui a conduit la mairie de la capitale alsacienne à renoncer à son traditionnel marché de Noël. Seules des animations seront maintenues, ainsi que le grand sapin sur la place Kléber.

"Il est trop tôt à ce stade pour mesurer les effets du couvre-feu, c'est la semaine prochaine que nous verrons s'il commence à réduire suffisamment la circulation virale", a encore prévenu Jean Castex.

Les forces de l'ordre ont effectué 32.033 contrôles et prononcé 4.777 verbalisations pour non-respect du couvre-feu depuis samedi dernier, a-t-il indiqué.

- Une nouvelle application -

Lors de cette conférence de presse, la nouvelle version de l'application de "traçage" du virus, rebaptisée "Tous anti-Covid", a par ailleurs été présentée par le secrétaire d'Etat chargé du Numérique, Cédric O.

"Je l'ai téléchargée", a assuré le Premier ministre, qui avait été pris en défaut il y a quelques semaines lorsqu'il avait reconnu ne pas avoir installé sur son téléphone la première version, "Stop Covid", qui n'avait par ailleurs pas fait la preuve de son efficacité.

"Ses premières fonctionnalités seront enrichies toutes les deux semaines", a affirmé Cédric O, notamment avec l'intégration de l'attestation de sortie ou les registres d'enregistrement des restaurants.

Mais dans la soirée, le téléchargement de l'application rencontrait des difficultés: "#TousAntiCovid est vraisemblablement victime de très (trop) nombreuses tentatives d'activation simultanées. Nous sommes en train de régler le problème. La mobilisation continue", a écrit Cédric O dans un Tweet.

Présente à la conférence de presse, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a annoncé que les acteurs du spectacle vivant et du cinéma allaient recevoir respectivement 85 millions et 30 millions d'euros d'aides supplémentaires pour traverser la crise sanitaire.

Jeudi matin, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal avait rappelé que "toutes les mesures" prises par le gouvernement "visent à empêcher un reconfinement", aux conséquences sociales et économiques catastrophiques.

Alors que le Conseil scientifique a déjà prévenu que "les mois d'hiver seront difficiles", l'exécutif a adopté en Conseil des ministres un projet de loi pour prolonger l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 16 février 2021 inclus.

Nécessitant un vote au parlement, il sera examiné dès ce week-end à l'Assemblée.

L'exécutif entend aussi pouvoir appliquer des mesures de restrictions de circulation, de rassemblements ou d'ouvertures des établissements au moins jusqu'au 1er avril 2021, sur tout ou partie du territoire et en fonction de la situation épidémique, selon le même texte.

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