Covid-19 : un couac gouvernemental sur le couvre-feu, toujours plus de morts

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Par Stéphane ORJOLLET avec les bureaux de l'AFP - Paris (AFP)
Publié le 03 novembre 2020 - 12:39
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Le café Les Deux Magots à Paris fermé, le 2 novembre 2020
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© Ludovic MARIN / AFP
Le café Les Deux Magots à Paris fermé, le 2 novembre 2020
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Après la polémique et les volte-face sur les commerces, le gouvernement a connu mardi un nouveau gros couac sur le reconfinement de la population française avec des informations contradictoires, tandis que le nombre de décès quotidiens a franchi une nouvelle fois la barre des 400.

Le nombre de décès liés au Covid-19 a continué de progresser: 430 morts en 24 heures annoncés mardi soir, après plus de 400 la veille. 36.330 nouvelles contaminations ont été détectées, avec un taux de tests positifs à 20,6%. A ce rythme, l'épidémiologiste Antoine Flahaut a redouté sur Twitter que "l'on dépasse 100.000 cas/jour à la fin de la semaine".

Le nombre de cas graves de Covid-19 en réanimation augmente en parallèle, avec 469 nouvelles admissions en 24 heures, portant le total à 3.869 patients, pour 6.400 lits disponibles (pour les malades touchés par la pandémie mais aussi par d'autres pathologies).

Un peu plus tôt dans la journée, évoquant le nombre de PV dressés pour infraction au confinement (14.000 sur 100.000 contrôles depuis vendredi à travers le pays), le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a annoncé sur BFMTV/RMC qu'"au regard de ces situations, nous allons réinstaurer un couvre-feu sur Paris et peut-être l'Ile-de-France".

Patatras, l'annonce est démentie quelques minutes plus tard par Matignon, qui assure qu'une telle mesure n'est "absolument pas décidée à ce stade". "Le préfet de police a évoqué cette mesure au regard de certaines situations observées en soirée à Paris", comme des regroupements devant des restaurants faisant de la livraison, mais elle n'est "pas décidée à ce stade", a assuré Matignon à l'AFP, le choix devant intervenir "dans les prochains jours".

Selon un conseiller de l'exécutif, la mesure a bien été discutée lundi lors d'une réunion de la "task force Covid" rassemblant une dizaine de ministres. Vu les chiffres "catastrophiques" de l'épidémie en région parisienne - une hospitalisation toutes les 15 minutes dans la capitale - elle a été largement soutenue, mais pas actée, d'autant que les discussions n'avaient pas commencé avec la municipalité ou la région.

Il faut dire que l'annonce est explosive, alors que le Premier ministre Jean Castex a assuré vouloir coopérer avec les élus locaux, qui se sont souvent plaints de restrictions imposées sans concertation par l'exécutif.

La maire PS de Paris, Anne Hidalgo, tout en montant en première ligne contre la fermeture de certains commerces, les librairies notamment, s'est cependant refusée à rejoindre la fronde de dizaines d'élus locaux qui ont pris de façon unilatérale des arrêtés autorisant leur réouverture.

Selon le chef du gouvernement, seuls 71 édiles ont pris un arrêté pour demander la réouverture des commerces, "16 l'ont retiré, et 55 l'ont maintenu" sur 36.000 maires, a-t-il précisé saluant des maires "responsables".

Un nouveau Conseil de défense consacré au Covid est planifié mercredi matin.

- "Différence notable" -

Ce nouveau cafouillage a été raillé par les oppositions, d'autant que M. Attal et le ministre de la Santé Olivier Véran ont tous deux assuré mardi que les premières indications montraient plutôt un respect global du confinement.

Ils ont notamment cité une baisse de moitié de la fréquentation des transports en commun dans la capitale. La SNCF, dont la fréquentation s'est effondrée, va de son côté supprimer jusqu'à 70% des TGV et installer des centres de dépistage sur des parvis de gares.

Mais le nouveau confinement présente une "différence notable" avec celui du printemps, a souligné M. Véran. La population est incitée à poursuivre le travail (télétravail quand c'est possible) et les établissements scolaires restent ouverts. Douze millions d'élèves sont ainsi rentrés des congés de Toussaint lundi, mais avec un protocole sanitaire que des syndicats enseignants et des présidents de région jugent irréaliste. Des manifs de lycéens ont eu lieu mardi devant divers établissements.

Pendant ce temps, l'épidémie galope toujours, et entraîne une "tension très forte à l'hôpital", a souligné M. Véran, qui s'est rendu en fin d'après midi avec Jean Castex dans un hôpital de l'Essonne.

"Ce qui est très inquiétant, ce sont les prévisions pour la mi-novembre et l'annonce que cette deuxième vague va être encore plus violente," abonde sous couvert d'anonymat un médecin anesthésiste-réanimateur d'un hôpital de région parisienne. "Je ne vois pas où on va pouvoir mettre tous ces patients".

- Décret, décrets -

En attendant, le gouvernement espère éteindre une autre polémique, en publiant mardi, après des jours de valse-hésitation, un décret (qui précise lui-même un précédent décret) sur les produits pouvant être vendus en grande surface. S'y ajoutent donc notamment les "produits de toilette, d'hygiène, d'entretien et de puériculture".

Face à la grogne, M. Castex avait annoncé dimanche qu'au nom de l'"équité" et de la sécurité sanitaire, le gouvernement avait décidé de fermer les rayons de produits "non essentiels" dans les grandes surfaces, plutôt que d'autoriser les petits commerces à rouvrir. Décision qui n'a satisfait ni les petit commerçants, ni la grande distribution.

Côté économique toujours, alors que le reconfinement met en péril les espoirs de rebond, organisations patronales et syndicales ont entamé mardi une négociation pour encadrer davantage le télétravail, auquel les Français sont à nouveau contraints de recourir massivement.

Et la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a indiqué sur Europe1 qu'elle allait "proposer aux partenaires sociaux de rouvrir une discussion" sur les congés payés des salariés mis au chômage partiel à cause de la crise sanitaire.

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