L'intelligence artificielle partage l'affiche avec les stars au festival de Sundance
Le festival du film indépendant de Sundance débute jeudi aux États-Unis, pour une édition où l'émergence de l'intelligence artificielle, abordée par plusieurs cinéastes, va partager la vedette avec des stars comme Kristen Stewart et Pedro Pascal.
Co-fondé par l'acteur Robert Redford, cet événement se tient jusqu'au 28 janvier dans les montagnes de l'Utah (ouest), à plus de 2.000 mètres d'altitude. Il constitue une plateforme de lancement essentielle pour de nombreux films indépendants et documentaires, à la recherche de diffuseurs.
Parmi les 90 productions retenues cette année, les bouleversements liés à l'IA occupent une place de choix, quelques mois à peine après avoir largement contribué aux grèves qui ont paralysé Hollywood, où acteurs et scénaristes craignaient d'être remplacés par des robots.
Le documentaire "Love Machina" suit par exemple les efforts d'un couple pour perpétuer au-delà de leur mort l'amour qui les lie, en transférant leur conscience à un humanoïde.
Son réalisateur Peter Sillen s'estime "chanceux" que l'aboutissement de ce projet, démarré en 2017, coïncide avec "la sensibilisation du public à l'IA", propulsée sur le devant de la scène par les progrès de robots conversationnels comme ChatGPT.
Un autre documentaire, "Eternal You", plonge lui dans l'univers opaque et florissant des start-up qui s'attaquent au marché du deuil, en proposant de converser avec des avatars capables de mimer un proche décédé grâce à une IA basée sur ses souvenirs.
Deux films avec Kristen Stewart
Côté fictions, l'ex-star de "Twilight" Kristen Stewart est à l'affiche de "deux des films dont on parlera le plus au festival", prévient la directrice de la programmation, Kim Yutani.
Dans "Love Lies Bleeding", l'actrice incarne une gérante de salle de musculation qui s'éprend d'une culturiste bisexuelle. Une histoire d'amour mise à l'épreuve par un enchaînement d'événements violents.
Elle joue également dans "Love Me", un film mystérieusement présenté comme une romance en ligne entre "une bouée et un satellite" dans un monde post-humain.
Jeudi soir, le festival ouvrira notamment avec la projection de "Freaky Tales", avec l'acteur Pedro Pascal en vedette dans une série d'histoires se déroulant dans la même journée en 1987. Un récit où s'entrecroisent des adolescents punks, des skinheads, une bataille de rap et une star du basket.
Autre film très attendu, la comédie "Thelma" met en scène une grand-mère embarquée dans un florilège d'action, dans une version troisième âge de la série "Mission Impossible".
"J'espère que nous serons distribués par quelqu'un qui nous permettra d'abord d'apparaître au cinéma, puis en streaming", a confié l'actrice principale June Squibb, 93 ans.
Coqueluches de Sundance, les réalisateurs Steven Soderbergh et Richard Linklater viennent défendre leurs derniers projets. Le premier signe "Presence", un thriller effrayant avec Lucy Liu dans une maison pavillonnaire hantée, tandis que le second offre un portrait de sa ville natale dans la série documentaire "God Save Texas".
Japon et démocratie américaine
Outre l'intelligence artificielle, les documentaires traitent encore cette année de thématiques très diverses, allant de l'éclosion tardive du mouvement #MeToo au Japon à l'avenir de la démocratie américaine.
"War Game" suit ainsi un exercice entre hauts gradés du renseignement et politiques américains, qui se soumettent à un jeu de rôle pour imaginer leur gestion d'un coup d'État après une élection présidentielle contestée.
En pleine année électorale, "il est certainement troublant de savoir que les jeux peuvent être très proches de la réalité", a estimé le nouveau directeur du festival, Eugene Hernandez.
Autre chronique de la société américaine, "Will & Harper" suit le coming out d'une femme transgenre qui voyage à travers le pays.
Enfin, la journaliste nippone Shiori Ito, figure de proue du mouvement qui a permis de réformer le Code pénal japonais pour élargir la définition du viol, propose "Black Box Diaries". Un journal intime qui retrace ses accusations de viol envers un responsable d'une chaîne de télévision, et sa lutte contre la misogynie pour améliorer la prise en charge des violences sexuelles par la justice.
"Je ne sais pas à quoi m'attendre, mais c'est l'Amérique, alors j'espère que je pourrai rencontrer des gens qui partageront aussi leurs expériences", a-t-elle confié avant la diffusion de son documentaire, prévue samedi.
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