Épidémies. Vrais dangers et fausses alertes du Professeur Didier Raoult
Retour sur le premier livre de Didier Raoult paru en 2020, pierre fondatrice du mouvement littéraire de la « rassuritude ». Une idée de cadeau à prix modique en cette période de vaches non pas folles mais maigres. Un petit livre qui permet de comprendre la stratégie et l'attitude du professeur lors de l'épidémie actuelle, à l'aune de son expérience de plus de quarante ans de médecine.
Le Pr Didier Raoult (né en 1952) est devenu une personnalité de 1er plan en 2020 lors du délire mondial provoqué par ce qu'il appelait encore le « coronavirus chinois » dans ce livre paru en février 2020 et réédité en avril. En effet, la plupart des dirigeants des pays que l'on croyait démocratiques, ont brutalement décidé d'imiter les méthodes dictatoriales chinoises pour lutter contre un virus, au lieu de le soigner par la médecine comme dans le temps d'avant. Vous vous rappelez peut-être si vous avez plus de 40 ans, ce temps où il n'y avait pas d'Internet, pas de télétravail, pas d'applis, et les médecins généralistes nous soignaient. Le Pr Didier Raoult et son équipe de pointe de professeurs & médecins de l'IHU Méditerranée Infection ont mis au point, dès février 2020, un protocole simple & peu onéreux, à base d'hydroxychloroquine & d'azithromycine, qui permettait de soigner & sauver 99 à 99,5 % des malades. Ils ont mis en place à vitesse grand V un testage volontariste et rapide que les incapables qui nous gouvernent n'ont toujours pas réussi à étendre à toute la France. Épidémies. Vrais dangers et fausses alertes est un précis à destination du grand public comme le professeur a l'habitude d'en publier régulièrement depuis une vingtaine d'années (Les Nouvelles maladies infectieuses, collection « Que sais-je ? », 1999) en marge de ses publications à destination des scientifiques. La 2e édition d'avril 2020 comporte « un chapitre plus long sur le Coronavirus ». Raoult est un scientifique passionné, Indiana Jones de la médecine comme il en existe sans doute fort peu, à côté des familiers des congrès, des repas offerts par Gilead & autres croisières de labos. À aucun moment il n'essaie de faire joli, et s'il exprime espoirs & déconvenues, il n'établit pas un programme de candidat à quelque poste que ce soit. Laisser son nom à l'histoire des sciences suffit à son bonheur, mais je suis désolé de lui apprendre qu'il aura sans doute une statue à Marseille et qu'à Bujumbura, une statue de blanc lui sera boulonnée ! Si vous ne deviez écouter qu'une seule des interventions télévisées du Pr Raoult pendant cette crise, je vous conseille son audition par la mission d'information de l'Assemblée nationale, le 24 juin 2020, sous serment, qui entraîna une plainte auprès du parquet de Paris pour « dénonciation calomnieuse » contre l'inénarrable Martin Hirsch, énarque qui accusa Raoult de « faux témoignage » et s'en fit fissa fesser les joues.
Épouvantail & accidents de trottinette
« Dans ces conditions, brandir chaque jour le nombre de nouveaux cas et de morts comme un épouvantail ne sert qu'à provoquer des réactions disproportionnées par rapport aux risques réels qui, eux, ne peuvent qu'être négligés dans le même temps » prévient la 4e de couverture, qui présente l'auteur comme « microbiologiste mondialement connu ». Dans la préface, Raoult fait l'inventaire des maladies que les médias nous agitent sous les yeux alors que pour la plupart elles sont rares et peu létales : « J'ai eu l'occasion de dire que, sauf pour la vache folle pour laquelle je ne tiens pas les comptes, toutes ces maladies n'avaient fait que 4 morts depuis vingt ans en France métropolitaine. Alors que le nombre d'accidents de trottinette pour l'année 2019 a été finalement de 11 dans ce même pays. Toutes ces alarmes lancées dans le pays, toutes ces affiches dans les aéroports pour quelque chose qui a fait 4 morts ! Sans compter les milliards dépensés pour des médicaments qui n'ont pas vu le jour, et des vaccinations qui n'ont pas abouti. » On sait comment cette phrase a été tirée de son contexte par les collabos de l'industrie pharmaceutique pour disqualifier Raoult en empereur des ignobles « rassuristes ».
Dès le 1er chapitre consacré au charbon, Raoult identifie un processus qui se reproduit aujourd'hui : on persuade les politiques de commander une grande quantité d'un médicament très cher, alors que « cette maladie était « parfaitement traitable avec des antibiotiques simples comme la pénicilline ou la doxycycline ». Raoult a depuis longtemps été mandaté comme expert par les ministres de la santé, comme Jean-François Mattei, mais ses avis ont souvent été écartés pour des raisons irrationnelles. Par exemple dans ce rapport sur le bioterrorisme (2003) dont il avait réussi à faire étendre le champ aux maladies transmissibles. On peut le consulter en ligne, et vérifier que Raoult y préconisait déjà : « Renforcer l'information sur les conflits d'intérêt, éventuellement sanctionner les manquements à la transparence dans ce domaine par une exclusion des structures en cause (AMM, comité du médicament). » On ne le lui a pas pardonné « d'avoir servi la France » comme dirait Boris Vian ! Dans le même rapport, il avait préconisé aussi la « pharmacosurveillance », et a convaincu le ministre Mattéi de mettre en œuvre sa recommandation de façon rétrospective, ce qui fit apparaître des pics de mortalité qui n'avaient pas été perçus, comme la canicule de 1976 et certaines grippes saisonnières particulièrement virulentes.
Le chapitre 3 consacré au chikungunya à La Réunion pourrait être médité en 2020 : « la consommation majeure de Doliprane pour les douleurs liées au chikungunya a été accompagnée d'une mortalité non négligeable du fait que le Doliprane en surdose provoque des atteintes hépatiques majeures qui peuvent être mortelles, ce qui justifie d'ailleurs depuis un meilleur encadrement de sa prescription. En fait, ce n'est pas le chikungunya qui a tué, c'est la lutte contre les douleurs qu'il provoquait. » Aura-t-on droit à une étude rétrospective sur la recommandation de ce même médicament en 2020 par un certain médecin, qui pourrait avoir eu des conséquences mortelles ? Le conseil de l'Ordre devrait s'y intéresser entre deux attaques sorciéristes.
Raoult n'en finit pas d'évoquer les crises sanitaires que nous avons connues (SARS, « folie ébola », grippe aviaire…) et les mesures disproportionnées qui ont été adoptées. « l'OMS va devenir le pyromane de la planète sur les épidémies. Entrant en résonance avec les peurs actuelles, et suscitant une attention dont elle ne bénéficiait pas jusqu'à ce moment, l'OMS pourrait ainsi, éventuellement, faire des appels de fonds, ce qui permettrait de continuer de faire marcher cette institution qui n'est pas composée d'experts mais de représentants de toutes les nations du monde ». Raoult explique l'engrenage favorisé par l'OMS de recherches & de financements aussi délirants qu'inutiles sur « une catastrophe annoncée, devenue dérisoire si l'on compare les 500 morts des deux grippes aviaires aux 4 à 5 millions de morts par infections respiratoires qui se sont produites chaque année pendant les quinze ans d'alerte à la grippe aviaire ». « Tous les experts de ce domaine vont adhérer à l'idée que c'est un enjeu terrible, que les États doivent financer la recherche, plus le développement de vaccins, plus la découverte de médicaments, plus le tirage et l'Audimat des journaux scientifiques. Tout cela constitue un ensemble qui finit par devenir incontrôlable. »
Roselyne Bachelot, l'animatrice de radio préférée de big pharma
Le chapitre 7 sur « La crise H1N1 » de 2009 explique le ressentiment de Bachelot envers Raoult, dont la macronie l'a récompensée par un hochet ministériel. Ce qui s'est passé à l'époque est le modèle original de ce qui se passe actuellement : « En France, le président de la République prend en main les choses directement, assisté de Roselyne Bachelot, ministre de la Santé avant d'être animatrice de radio. Le Pr Zattara, au Conseil de l'ordre, me demande rapidement d'écrire un mot pour le journal de ce Conseil, et compte tenu de ce que l'on sait à ce moment-là (on sait déjà que les gens qui avaient la grippe espagnole sont morts de surinfection bactérienne), j'écris un article conseillant la vaccination contre le pneumocoque, à tous les âges, pour éviter les surinfections bactériennes, et la prescription d'antibiotiques dans les formes sévères. Je suggère aussi qu'on s'appuie sur les médecins généralistes pour généraliser la vaccination. Mon mot dans le bulletin du Conseil de l'ordre entraînera une rupture des stocks de vaccins contre le pneumocoque ! Toutefois l'État va gérer l'épidémie comme une guerre mais sans soldats, ce qui est difficile, et ressemble plus à un jeu vidéo qu'à la réalité.
En pratique, l'État va se passer des médecins généralistes pour lutter contre la grippe, ce qui était vraiment une première ! » « J'ai essayé de contacter à ce sujet les gens que je connaissais dans l'environnement du ministère de la Santé et de la présidence et je me suis fait sévèrement rabrouer : on m'a expliqué qu'on savait très bien ce qu'il fallait faire. Celui qui m'a dit ça n'a jamais vu de maladies infectieuses ni d'épidémies de sa vie ! » « Cela montre que, dans une assemblée, il suffit parfois que quelqu'un parle avec autorité, et que les autres ne soient pas suffisamment compétents, pour que s'imposent des stratégies surréalistes. » « il semble que personne, parmi les décideurs, n'ait une vision lucide de ce qu'est la connaissance à ce moment-là de la littérature scientifique. Or, au cours des risques épidémiques, le plus important est d'avoir une connaissance au jour le jour de la réalité non pas racontée dans des réunions officielles, mais rapportée par les gens qui travaillent réellement sur l'observation. » Résultat des courses : « l'énorme gaspillage lié à la commande de la double vaccination d'un vaccin très cher à fait l'objet d'un scandale ! J'ai eu l'occasion de m'en exprimer devant la commission sénatoriale. Nous savions depuis juillet qu'il n'était pas nécessaire d'avoir deux vaccins par personne. Cela a entraîné la sensation que l'État avait été manipulé par l'industrie pharmaceutique. Et cela a créé une défiance considérable contre les vaccins en général et contre la vaccination contre la grippe en particulier ».
« Enfin un phénomène étrange s'est produit avec cette épidémie : les sujets âgés de plus de 60 ans n'ont pas ou presque pas fait de grippe, ce qui explique qu'elle ait eu une mortalité relativement faible (quand même entre 100 000 et 300 000 morts, ce qui n'a rien à voir avec les zoonoses qui ont effrayé le monde). Toutefois cette mortalité n'a pas été supérieure à celle des autres épidémies de grippe habituelles. L'absence d'atteinte des sujets de plus de 60 ans est peut-être liée au fait qu'avait circulé dans les années 1970 un virus H1N1 provenant de Russie, qui aurait immunisé les jeunes de l'époque et cette mémoire immunitaire a protégé les sujets de plus de 60 ans de ce nouveau virus, qui n'était pas entièrement nouveau finalement ». Je ne suis pas médecin, mais j'en tire, sinon une conclusion, du moins une question, qu'il faudrait poser au Pr Raoult ; est-ce que, en empêchant actuellement la propagation normale de ce coronavirus notamment auprès des jeunes, on ne leur prépare pas un risque accru pour dans 20 ou 30 ans ?
Au chapitre des coronavirus, Raoult relativise le danger : « Rappelons cependant que, malgré tous ces « drames » successifs autour des nouveaux virus respiratoires, la mortalité par infections respiratoires ne cesse de diminuer et que, selon les éléments que nous avons, les infections respiratoires bactériennes et virales qui étaient à l'origine de 4,5 millions de morts par an il y a encore trente ans, tuent actuellement 2,6 millions de personnes, soit une régression spectaculaire, due à l'amélioration des conditions d'hygiène, l'usage des antibiotiques qui permet de diminuer les surinfections mortelles, et la vaccination contre les pneumocoques des très jeunes enfants (qui protège aussi les personnes plus âgées) ». Dans la partie ajoutée en avril 2020, le paragraphe sur l'attitude de l'État vis-à-vis des deux médicaments du protocole de l'IHU est clair : « Ainsi, l'État a organisé l'impossibilité d'utiliser le seul médicament qui pouvait avoir une activité, sous prétexte d'une toxicité complètement fantasmatique dont l'idée même a été abandonnée depuis, et s'est jeté ensuite sur le complément qui a été utilisé, un antibiotique, l'azithromycine, qui est le plus prescrit de tous les antibiotiques dans les infections respiratoires et se retrouve maintenant lui aussi accusé de tous les maux. Ces interdictions ont été associées à des remontrances du Conseil de l'Ordre qui semble jouer, dans cette affaire, un rôle exactement opposé à celui de sa nature, c'est-à-dire qu'au lieu de défendre la liberté de prescription de chaque médecin face à son malade, il fait les gros yeux aux médecins qui tenteraient de soigner leur patient avec un médicament dont il faut reconnaître qu'il est recommandé maintenant dans la moitié des pays du monde, en particulier ceux qui ont les taux les plus bas de mortalité »
Les chapitres suivants consacrés aux Zika, typhus, choléra et autres petits microbes, révèlent le même type de comportement des « autorités » sanitaires, consistant à refuser l'azithromycine, qui marche contre le virus Zika par exemple, et « distribu[er] par millions des sommes pour trouver de nouveaux traitements » Dans le cas du « Clostridrium difficile », Raoult évoque « la greffe d'excréments » qui « remet violemment en cause la technologie ». Voilà sûrement un microbe contre lequel journalistes et politiciens sont immunisés, à force de se lécher l'anus les uns les autres ! Raoult évoque les fausses alertes sur des maladies circulant peu, « permettant le développement de nouvelles molécules totalement inutiles car les molécules génériquées – comme la fosfomycine – sont parfaitement efficaces ».
Sur l'épidémie de choléra à Haïti en 2010, une étude française est refusée par le Lancet ; lequel publiera par contre « un nouveau modèle mathématique pour prédire quand le choléra va s'arrêter, ou quand il va continuer, modèle qui, bien entendu, ne prédira rien de réel » (déjà à l'époque) ! En ce qui concerne le typhus, Raoult se la joue Indiana Jones : « À l'époque, mon centre étant encore lié à l'OMS, je demande à l'OMS de m'envoyer en mission au Burundi, ce que l'on m'interdit formellement. Je me missionne donc moi-même, je débarque au Burundi, où j'étais le seul étranger à pénétrer depuis plusieurs semaines, dans le premier avion qui reliait Bujumbura (la capitale du Burundi) à partir de Brazzaville. C'était pratique, j'étais seul dans l'avion ! » Il identifie le typhus et traite « tous les patients avec une dose unique : 2 comprimés de doxycycline (soit un coût de quelques centimes d'euros) », ce qui met fin immédiatement à l'épidémie. Il estime avoir sauvé 10 000 personnes, après la mort de 10 000, sans aucun écho médiatique, car au même moment, un bombardement dans le même pays avait tué quelques personnes et accaparé toute l'attention de la presse. Dans le même genre, Raoult mentionne des missions secrètes consacrées à des cas de choléra ou de peste, les gouvernements ayant interdit la diffusion de ces informations.
Alice joue au croquet avec un flamant rose, illustration de John Tenniel pour Alice au pays des merveilles.
Le chapitre 12, « De la prédiction à la prophétie » utilise une belle allégorie empruntée à l'anthropologue américain Gregory Bateson : « La théorie du croquet vivant s'inspire du livre Alice au pays des merveilles, où Alice joue au croquet, mais le bâton du croquet est un flamant rose et la boule, un hérisson. Trois êtres vivants dont les objectifs sont imprévisibles. Le flamant rose tourne la tête à droite ou à gauche, le hérisson se met en boule ou pas, leurs réactions sont trop variables pour qu'Alice puisse les deviner, donc la chance que le bâton frappe la boule et l'envoie sous l'arceau est proche de zéro ». Bref, c'est un thème très raoultien, maintes fois abordé par notre gourou, mais pas sous cette forme : les prévisions en matière d'épidémies sont de la foutaise.
Le dernier chapitre réfléchit sur les « maladies émergentes », et commence par une vision d'ensemble digne de Buffon : « Les maladies infectieuses témoignent de nos interactions avec notre écosystème. Les maladies infectieuses sont entièrement écologiques. […] Nous interagissons avec ces microbes et ces microbes interagissent entre eux. Ils s'envahissent les uns les autres, nous envahissent parfois, nous parasitent, peuvent tuer nos cellules. Les virus peuvent tuer les bactéries, les bactéries et les champignons sécrètent des produits empêchant la multiplication des virus, mais aussi des antibiotiques empêchant la multiplication des bactéries concurrentes ! Nous vivons dans un état de guerre civile permanent où le vivant se bat contre le vivant. » Il évoque les risques que constituent pour la contagion la proximité des animaux génétiquement proches de l'homme, notamment les grands singes, ou les animaux qui vivent dans des colonies très denses, les « élevages de type pseudo-industriel de poules ou de cochons, comme dans la nature au sein des colonies de chauves-souris » ; la consommation de « viande de brousse » qui peut amener de nouvelles maladies, les crachats, et encore plus les vomissements.
Ma conclusion est qu'à force de vivre en colonies voire en concubinage, et à force de cracher et de vomir sur les « rassuristes », politiciens, journalistes délateurs & médicastres de salon sont en train de propager leur covidisme à travers le monde, un peu à la façon des chauves-souris ou des visons… vous me suivez ?
Épidémies. Vrais dangers et fausses alertes du Professeur Didier Raoult, Michel Lafon, 2020, 176 p., 12 €.
Prochainement, nous présenterons le 2e essai du Pr Raoult publié en 2020, La Science est un sport de combat. Si vous aimez ce livre vous aimerez aussi Chloro King, la BD de Dadou consacrée au Pr Raoult.
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