"Fun et mégaphones" : retour sur la naissance du punk

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Sylvain Boulouque, édité par la rédaction.
Publié le 17 juin 2019 - 16:12
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Sex Pistols
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©peace6x/Flickr
Retour sur la naissance du mouvement punk avec "Fun et Megaphone" de Pierre Raboud.
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Il y a plus de quarante ans naissait en Angleterre les premiers groupes de punk. Très rapidement, le mouvement se diffuse sur le continent pour devenir un phénomène de rupture musicale et de contestation politique. L’historien et enseignant Sylvain Boulouque revient pour France-Soir sur l'ouvrage Fun et mégaphones de Pierre Raboud (ed. Riveneuve) qui raconte la genèse de cette histoire.

Le punk a soulevé bien des interrogations et des fantasmes sur ces jeunes gens circulant avec des chiens et portant des rats sur les épaules, vivant dans les logements vides qu’ils occupaient, refusant de travailler et qui écoutaient une musique faite du son de guitares saturées et de boîtes à rythme.

Né d’une thèse soutenue en Suisse, l’auteur propose une analyse de la naissance de la scène musicale hors normes, polymorphe et multiforme, devenue une forme d’expression politique, variable selon les pays. Pour ce faire l’auteur propose d’analyser la naissance et le développement de la scène punk dans l’espace germanophone et francophone après son émergence en Angleterre – exclue de l’étude tellement les ouvrages sur le thème sont nombreux. Initialement, le terme est issu de l’argot anglais, il signifie en français "non recommandable". Aujourd’hui, il renvoie au courant musical dont l’auteur analyse les premières années et la diffusion. Le punk est un phénomène urbain, qui apparaît en 1976, les groupes et la scène se développent à Zurich ou à Düsseldorf. En France l’un des premiers concerts est celui du groupe mythique The Clash qui se produit à Rouen en 1977. L’auteur termine son analyse en 1983, lors que les Bérurier Noir commencent à se produire.

La couverture de Fun et mégaphones, L’émergence du punk en Suisse, France, RFA et RDA de Pierre Raboud (ed. Riveneuve).

Comme souvent la musique ne connaît pas de frontière, les groupes naissent partout en Europe, y compris en Allemagne de l’Est. Dans ce pays, son développement est souterrain. En RDA, la police politique fiche les quelques cinq cents personnes appartenant à cette mouvance. En Europe occidentale, les Punk sont beaucoup plus nombreux, quelques milliers par pays. La scène suisse connaît aussi une naissance difficile, elle éclot plus facilement en France et en RFA dans le sillage de la contre-culture des années 1970 et des maisons des jeunes et de la culture ou des squats berlinois. Les amateurs de ce genre musical sont plutôt jeunes, précaires, peu diplômés ou marginaux et pour les plus diplômés, en rupture avec les milieux familiaux. Phénomène essentiellement urbain, ces jeunes cherchent à vivre hors de la société. Ils refusent l’habitat traditionnel et vivent dans des immeubles occupés, publient des fanzines, ces journaux paraissant épisodiquement hors des canaux officiels, mais surtout écoutent, font et produisent une musique en rupture avec les sons habituels en introduisant un volume et des productions originales. Il invente des labels indépendants pour éviter la société de consommation. La recherche de la rupture n’est pas seulement culturelle et musicale, elle devient vite politique. La mouvance punk se situe en rupture avec l’ordre établi qu’il soit incarné par le communisme en RDA où par le libéralisme en France et en Allemagne, dénonçant la société autoritaire et normative, les groupes punk font l’apologie d’une autre société proche des modèles anti-autoritaires de la mouvance libertaire.

Enfin, l’auteur ajoute avec raison que le succès du punk correspond aujourd’hui à une certaine forme de nostalgie d’un autre mode de vie et d’une forme originale de contestation politique et sociale.

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