"D'après une histoire vraie", le nouveau film de Polanski sort sur fond de polémique
Le nouveau film de Roman Polanski, "D'après une histoire vraie", faux thriller entre fiction et réalité, sort mercredi dans les salles, sur fond de polémique ravivée par l'affaire Harvey Weinstein.
Avec cette adaptation du best-seller de Delphine de Vigan, présenté hors compétition au dernier festival de Cannes, Polanski retrouve des thèmes familiers de son oeuvre.
Comment ne pas penser à "Répulsion" (1965) ou au "Locataire" (1976) devant cette histoire de romancière, en panne d'inspiration, et qui laisse une lectrice s'insinuer dans sa vie, jusqu'à prendre sa place ?
Emmanuelle Seigner, épouse de Polanski à la ville, tient le rôle de l'écrivaine, face à un ange gardien, bientôt démoniaque, incarné par Eva Green ("Casino Royale", "Miss Peregrine et les enfants particuliers").
Comme dans la vie, le livre et le film, l'héroïne se prénomme Delphine. Son mauvais génie tout simplement "Elle".
Cette histoire d'emprise d'une lectrice névrosée sur un écrivain en crise, louche du côté de "Misery" de Stephen King et avait tout pour plaire au cinéaste de "Rosemary's Baby".
Elle "fait écho à mes premiers films", "je me sentais un peu sur mon terrain", avait déclaré le réalisateur à Cannes.
Autre motif d'intérêt du cinéaste multi-récompensé pour "Le Pianiste": "Je n'avais jamais fait un film où deux femmes s'opposent. C'était deux hommes ou un homme et une femme".
Le film est porté par le duo d'actrices qui jouent la carte du mimétisme, l'une allant jusqu'à se faire passer pour l'autre. Du moins, c'est ce que la romancière croit. Mais "Elle" est-elle une fiction ou la réalité ?
"On se pose constamment la question. Est-ce qu'+Elle+ existe vraiment ? C'est très intéressant pour un acteur", avait confié Eva Green à Cannes.
- Une rétrospective contestée -
Le réalisateur (84 ans) déploie tout son savoir-faire pour distiller l'ambiguïté des relations entre les deux femmes, puis l'angoisse dans des couleurs grises et des jeux d'ombres. Sans retrouver cependant l'intensité et le vertige de ses premiers films.
Des premières oeuvres que l'on pourra voir ou revoir lors de la rétrospective Polanski, programmée à la cinémathèque de Paris à partir de lundi et jusqu'au 3 décembre. Une initiative dénoncée par Osez le féminisme qui accuse l'institution de "participer à la culture de l'impunité des violences masculines".
"N'avons-nous donc rien retenu de ces dernières semaines?", s'insurge l'association, évoquant "la vague de libération de la parole" dans la foulée de l'affaire Weinstein. Elle a appelé à un rassemblement devant la cinémathèque lundi soir pour la soirée de lancement, qui doit se dérouler en présence du cinéaste.
Sous la pression de féministes, Polanski avait déjà dû en début d'année renoncer à présider la cérémonie des César.
Accusé de viol il y a 40 ans par une jeune fille de 13 ans, Roman Polanski a reconnu une relation sexuelle avec une mineure mais nié le viol. Un juge de Los Angeles a refusé en août dernier de clore les poursuites contre le réalisateur.
Depuis cette affaire et le scandale de l'affaire Weinstein, plusieurs femmes sont sorties de l'ombre pour accuser le cinéaste d'agression sexuelle, des accusations "sans fondement", a contesté son avocat.
La Cinémathèque, présidée par le réalisateur Costa-Gavras, a quant à elle défendu son choix, n'entendant "se substituer à aucune justice", et affichant son "ambition": "montrer la totalité des œuvres des cinéastes et les replacer ainsi dans le flux d'une histoire permanente du cinéma".
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