Enquête pour viol : une partie de la droite accentue la pression sur Darmanin

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Par Anne Pascale REBOUL - Paris (AFP)
Publié le 29 janvier 2018 - 18:22
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Une partie de la droite a mis lundi la pression sur le ministre Gérald Darmanin (ex-LR) pour qu'il démissionne, après l'enquête préliminaire suite à une accusation de viol le visant, la majorité continuant à appeler au respect de la présomption d'innocence.

"Compte tenu des graves accusations qui sont portées et pour la sérénité de l'action publique, nous pensons qu'il n'a pas d'autre choix que de démissionner", a estimé l'une des porte-parole des Républicains, Laurence Sailliet.

La justice a récemment rouvert à Paris l'enquête sur une accusation de viol visant le ministre de l'Action et des Comptes publics pour des faits présumés remontant à 2009 -qu'il conteste vigoureusement, avec une plainte pour dénonciation calomnieuse. Une première plainte mi-2017 avait été classée sans suite.

M. Darmanin "n'a rien à se reprocher" et attend, "très serein", un nouveau classement sans suite, a affirmé à BFMTV son avocat, Mathias Chichportich.

"Cette affaire n'est pas une affaire de viol mais de dénonciation calomnieuse", a-t-il défendu, évoquant un ministre "à la fois blessé" et "combatif".

La plaignante est une ancienne call-girl, qui accuse M. Darmanin, alors jeune chargé de mission au service des affaires juridiques de l'UMP, de lui avoir fait miroiter son appui auprès de la Chancellerie dans une affaire judiciaire en échange de faveurs sexuelles.

"Le monde vertueux, irréprochable d'Emmanuel Macron se casse la figure", a asséné une autre porte-parole de LR, Lydia Guirous, citant les noms de Richard Ferrand, François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard, mis en cause dans des affaires et qui ont quitté le gouvernement d'Edouard Philippe.

- Confiance "totale" -

Prudente, la première vice-présidente de LR, Virginie Calmels, n'a en revanche pas voulu "prendre parti". Pas d'appel à la démission non plus des députés LR Guillaume Larrivé, pour qui il ne doit pas y avoir de "tribunal médiatique", ou Eric Ciotti, qui rejette toute "instrumentalisation de la justice".

Le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand (ex-LR), dont M. Darmanin est proche, lui a apporté "tout (son) soutien", dénonçant "une campagne politique indigne".

Ancien partisan de Nicolas Sarkozy lors de la primaire de la droite, l'ancien maire de Tourcoing et ex-député du Nord était encore récemment secrétaire général adjoint de LR, avant de rejoindre Emmanuel Macron au gouvernement et d'adhérer à La République en marche.

A 35 ans, M. Darmanin est devenu une des pièces maîtresses du gouvernement et ses ennuis judiciaires affaiblissent par ricochet Edouard Philippe, lui aussi issu de la droite et dont il est sans doute le plus proche au sein d'un gouvernement dominé par la Macronie.

Le ministre, qui doit être à l'Assemblée mardi pour les questions au gouvernement, garde "toute la confiance" d'Edouard Philippe, avait fait savoir Matignon dès samedi.

Confiance "totale", a répété lundi un proche du Premier ministre, qui souligne que M. Darmanin "a su prendre une place importante dans le groupe majoritaire, avec un cocktail d'intelligence, de travail et d’humour".

"Si dès qu'un ministre est visé par une plainte, il doit partir, on ne peut plus avoir de gouvernement", relève la même source.

En pointe dans la lutte contre les violences sexuelles, la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, a demandé de "laisser la justice sereinement travailler". Et s'il y avait mise en examen pour viol, "bien évidemment, il devrait quitter le gouvernement".

Lancée dimanche par des féministes, la pétition en ligne demandant au Premier ministre de mettre fin dès à présent aux fonctions de M. Darmanin rassemblait lundi plus de 3.700 signatures.

"Très favorable" à la libération de la parole des femmes, dans la lignée du mouvement #Balancetoporc, la porte-parole des députés "marcheurs" Aurore Bergé a plaidé qu'"il ne faut pas que la présomption d’innocence soit balayée demain par une présomption de culpabilité".

A gauche, l'ex-ministre Stéphane Le Foll estime aussi que contraindre M. Darmanin à la démission reviendrait à "juger avant que la justice ait fait son travail".

S'en distinguant, le chef de file des députés PS Olivier Faure a souligné que si M. Darmanin reconnaissait avoir "monnayé des faveurs en échange d'une lettre qu'il a ensuite remise au garde des Sceaux" et même si c'est prescrit, il y aurait "une faute a minima morale" et il devrait quitter le gouvernement.

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