Huit choses à retenir de la visite de Macron en Chine
Une mégacommande pour Airbus, un cheval en cadeau, quelques mots en mandarin, du Johnny au dîner, mais discrétion sur les droits de l'homme: huit points à retenir du voyage d'Emmanuel Macron en Chine, qui s'achève mercredi.
- Macron joue l'Europe pour peser face à Pékin
Il entend parler d'égal à égal avec le géant chinois en se positionnant non seulement comme président français mais aussi en nouveau leader de l'Europe, qui doit "arriver groupée" face à la Chine "pour ne pas la subir". Emmanuel Macron cherche à reprendre la main sur le colossal projet chinois d'infrastructures des "Nouvelles routes de la Soie", destiné à relier la Chine à l'Europe, en déclarant que ces routes ne sont pas à sens unique: "un train (de marchandises) qui arrive à plein doit repartir à plein".
- Inquiétude face à une "nouvelle hégémonie"
Emmanuel Macron met en garde contre la "nouvelle hégémonie" que les Nouvelles routes de la Soie pourraient faire peser sur les pays traversés, liés aux prêts chinois. Son ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'inquiète du risque de devenir des "vassaux" d'investisseurs chinois "qui ne comprennent que le rapport de force". Il se dit déterminé à bloquer les "investissements de pillage" par une Chine qui vise le "dépassement" technologique de ses partenaires commerciaux.
- Quelques accords arrachés, pas de montant total annoncé
La Chine a commandé 184 Airbus A320 pour livraison en 2019-2020, a indiqué l'Elysée, sans préciser le montant de l'enveloppe. Mais cette vente représenterait un prix catalogue total d'environ 18 milliards de dollars. La France a également obtenu un accord pour signer dans trois mois la fourniture d'une usine de retraitement des déchets nucléaires mais, admet Bruno Le Maire, en "faisant un effort sur le prix" (10 milliards d'euros selon lui). Paris obtient aussi la levée "dans les six mois" de l'embargo sur le boeuf imposé depuis 2001, mais n'obtient toujours pas d'accès pour la volaille.
La présidence ne livre aucun chiffre total: "Venir faire du chiffre comme le fait Trump, ça n'a pas du tout d'intérêt", assure l'Elysée, deux mois après une visite du président américain qui avait revendiqué pour plus de 250 milliards de dollars de contrats.
- Brigitte en bleu-blanc-rouge
Discrète, en grand manteau rouge éclatant à l'armée souterraine du premier empereur, puis en long manteau blanc neige à la Cité interdite, enfin en robe bleu roi à la réception officielle avec Xi Jinping et son épouse. L'épouse du président, bien connue en Chine, est allée à la Grande muraille "dans des conditions extrêmes" de froid mais s'est émerveillée en lançant, citant Mao: "Qui n'est pas allé à la Muraille de Chine n'est pas un homme".
- La diplomatie du cheval en réponse à celle du panda
Emmanuel Macron a offert à son hôte "Vésuve du Brekka", un cheval de la Garde républicaine. Une "diplomatie du cheval" qui semble répondre à la "diplomatie du panda" pratiquée depuis des décennies par les dirigeants chinois. L'animal étant en quarantaine, Emmanuel Macron a dû remettre une photo de Vésuve à Xi Jinping.
- Macron parle en mandarin, Xi passe du Johnny au dîner d'Etat
Le président français prononce en chinois "Make our planet great again" ("Rendre à nouveau notre planète grande et belle") et poste la phrase sur les réseaux sociaux, pour le plus grand bonheur des internautes. Il cite un poète chinois ("Ne vous souciez pas de flatter sa beauté du moment que sa senteur se répand partout") et un proverbe ("Quand le vent du changement se lève, certains construisent des murs, d'autres des moulins à vents -- nous devons construire des moulins à vent"). Au dîner d'Etat, son hôte fait jouer "Retiens la nuit" en hommage à Johnny Hallyday.
- Discrétion sur les droits de l'homme
Interpellé par les associations de défense des droits de l'homme, M. Macron assume d'évoquer le sujet "en privé" avec le régime communiste. "Je peux me faire plaisir en donnant des leçons à la Chine en parlant à la presse française. Ça s'est beaucoup fait, ça n'a aucun résultat", a-t-il assuré devant des journalistes, disant refuser de pratiquer la "diplomatie de l'hygiaphone" (sic). "Il y a des différences entre nous qui sont liées à notre histoire, à nos philosophies profondes, à la nature de nos sociétés", a aussi justifié le président français aux côtés de son homologue chinois.
- Ravi du ciel bleu
"Je n'étais pas venu depuis plusieurs années, je n'avais jamais connu Pékin comme ça", s'est émerveillé le chef de l'Etat français en évoquant le ciel bleu au-dessus de la capitale chinoise pendant son séjour. Considérée comme l'une des métropoles les plus polluées du monde, Pékin bénéficie ces derniers mois d'un fort vent qui a nettoyé l'atmosphère, mais aussi des décisions "drastiques" du gouvernement qui a fait fermer des usines. "La Chine a des capacités rapides, brutales, d'ajustement", a observé Emmanuel Macron.
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