La baisse du taux du CICE en 2018 "pas acceptable", selon Gattaz
Le président du Medef, Pierre Gattaz, a fustigé mardi la baisse en 2018 d'un point du taux du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) annoncée la veille par le gouvernement, appelant ce dernier à "revoir sa copie".
"Les projets du gouvernement de transformation du CICE en baisse de charges ne sont pas acceptables car ils conduiraient à augmenter de nouveau les prélèvements sur les entreprises", a déclaré le patron des patrons lors d'une conférence de presse.
Selon les organisations patronales, la bascule du CICE, mesure de baisse du coût du travail emblématique du quinquennat Hollande, en baisse de charges pérenne, va augmenter le coût du travail pour les entreprises, qui verront leur compte de résultat augmenter, et du coup gonfler leur impôt sur les sociétés.
Dans ce contexte, le Medef réclame depuis plusieurs mois que la baisse de charges soit supérieure à ce que représente actuellement le CICE, pour que l'effet de la transformation soit neutre.
Or, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé lundi que le taux du CICE serait abaissé de 7 à 6% de la masse salariale (jusqu'à 2,5 smic) l'année prochaine.
Matignon a fait valoir que cette mesure ne serait pas très coûteuse pour les entreprises: le crédit d'impôt pour 2018 se concrétisera un an plus tard, en 2019, année où les employeurs vont cumuler l'effet du CICE avec la nouvelle baisse de cotisations promise durant la campagne présidentielle par le chef de l'Etat.
En cumulant les deux mesures, entreprises et employeurs bénéficieront ainsi d'une baisse de coûts de près de 21 milliards d'euros en 2019, selon Matignon.
"Tout cela n'est ni sérieux, ni pertinent ni cohérent", a dit M. Gattaz.
Il a déclaré que l'exécutif devait "respecter la parole donnée", rappelant que le précédent gouvernement avait augmenté le taux du CICE de 6 à 7% en 2017 contre le maintien de la dernière tranche de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S), qui devait initialement être supprimée.
"L'actuel gouvernement ne peut se contenter de revenir à 6 points sans autre forme de procès", a-t-il dit.
Il a insisté sur la "nécessité de baisser le coût du travail sur l'ensemble des salaires", et non seulement jusqu'à 2,5 smic.
"Nous sommes en train de rater l'opportunité ouverte par le Brexit d'accueillir une partie de la place financière (de Londres, ndlr) pour cette raison", a-t-il affirmé. Il appelle le gouvernement à examiner "l'idée d'un plafonnement des cotisations sur les hauts salaires", comme cela se pratique par exemple en Allemagne.
"Je ne désespère pas de continuer à discuter avec le gouvernement", a-t-il dit.
De son côté, l'Union des entreprises de proximité (U2P), qui rassemble artisans, commerçants et professions libérales, a déclaré dans un communiqué accueillir "avec satisfaction la transformation du CICE en allègement pérenne de cotisations patronales".
Mais l'organisation a regretté que "cette étape ne soit franchie qu'en 2019". Elle demande "que le taux du crédit d'impôt soit maintenu à 7% pour 2018 et non ramené à 6% comme annoncé".
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