La mère infanticide de Raphaël, bébé lâché du 7e étage, condamnée à 8 ans de prison

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Par Caroline TAIX - Paris (AFP)
Publié le 06 septembre 2018 - 19:37
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Une mère de 34 ans a été condamnée jeudi par la cour d'assises de Paris à 8 ans de prison pour le meurtre de son bébé de 10 mois, lâché depuis le 7e étage, "l'acte le plus atroce et incompréhensible" pour l'avocat général.

Raphaël est mort le 29 août 2015, après avoir chuté d'un immeuble du XVIIe arrondissement de la capitale.

"J'ai eu envie de sauter avec mon bébé. Je ne sais pas ce qui m'a pris, j'ai écarté le bras, je l'ai laissé partir", a expliqué Myriam D. au premier jour du procès, mardi. Elle a évoqué sa "grosse angoisse" alors qu'elle devait amener l'enfant à son père, qui, trois jours plus tôt, lui avait annoncé qu'il souhaitait mettre fin à leur cohabitation.

La cour a ordonné un suivi socio-judiciaire pendant 5 ans, à l'issue de la peine de prison de 8 ans. Elle a jugé qu'il y a eu, chez cette mère qui avait déjà des antécédents psychiatriques lourds, une altération du discernement au moment des faits. Le parquet avait requis quinze ans de réclusion criminelle avec également 5 ans de suivi socio-judiciaire.

Myriam D. a accueilli le verdict sans manifester d'émotion particulière, avec ce regard fatigué, vide, qu'elle a conservé pendant les trois jours de procès. "Je culpabilise énormément. Il y a un mot dans mon coeur, c'est souffrance", a-t-elle dit dans ses dernières paroles devant la cour d'assises.

Pour Marie Grimaud, l'avocate du père de Raphaël, partie civile, "cette peine, difficilement compréhensible, n'est pas à la hauteur de la gravité des faits". "Cette femme sortira de prison dans deux ans (avec une remise de peine et étant donné qu'elle a passé trois ans en détention provisoire, ndlr) et pourra à nouveau être mère", a déploré l'avocate.

"Mais cette peine est dans la lignée des peines prononcées depuis quelques années dès lors que l'on parle de meurtre d'enfant", a-t-elle critiqué.

Pour l'avocat général Julien Eyraud, "l'acte qu'a commis Myriam D. est l'acte le plus terrible, atroce, incompréhensible, impensable".

Elle n'a jamais clairement reconnu avoir jeté l'enfant, malgré les questions pressantes du représentant de l'accusation. "Lorsqu'on prend Raphaël dans les bras, qu'on le met au-dessus de la barrière, qu'on le lâche, le pousse, mathématiquement il se tue. Qu'est-ce que vous imaginiez Myriam D.? Qu'il allait s'envoler?", l'a interpellé l'avocat général dans son réquisitoire.

- Retrait de l'autorité parentale -

La cour a tenté de comprendre pendant trois jours pourquoi Myriam D., qui dit "toujours aimer" son enfant, a commis ce geste.

"Il y a tout un tas de réponses", a reconnu l'avocat général, qui a "proposé" une explication. Myriam D., à la "personnalité énigmatique et complexe", a été adoptée à 4 mois. "Manifestement elle a été malheureuse, cet abandon a été marquant", a-t-il souligné. Et lorsque le père de Raphaël, Guillaume F., lui a annoncé qu'il souhaitait mettre fin à leur cohabitation, "c'était un abandon encore une fois".

Un expert-psychiatre a lui estimé qu'il faudrait "des années d'analyse après sa peine pour qu'elle découvre pourquoi elle a ainsi agi".

Myriam D. a dû être hospitalisée en psychiatrie mi-août, car, refusant de s'alimenter, "elle était sous la barre des 40 kilos", a expliqué son avocat, Sorin Margulis.

L'accusée a fait sa première tentative de suicide à 22 ans, après une adolescence extrêmement difficile. Elle est "issue d'une lignée de malheurs", a estimé l'expert psychiatre. Elle accuse son père de violences et de viols, ce que lui nie. De là, pourrait venir son rejet total de la sexualité.

L'enfant, dont le père, Guillaume F., est homosexuel, a été conçu sans rapport sexuel, mais avec une insémination artisanale, à l'aide d'une pipette de Doliprane. Guillaume F. et Myriam D. s'étaient rencontrés sur un site internet mettant en relation des personnes souhaitant avoir un enfant.

Six mois avant de tomber enceinte de Raphaël, Myriam D. avait accouché d'un petit Alexandre, conçu selon le même procédé. La cour a ordonné le retrait de l'autorité parentale de Myriam D. pour Alexandre, un enfant de 5 ans, trisomique, élevé par son père.

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