Législatives : la droite s'en tire mieux que prévu, sans masquer ses divisions
Les Républicains et leurs alliés de l'UDI s'en tirent moins mal qu'ils ne le redoutaient, mais échapperont difficilement à une explication entre ceux disponibles pour coopérer avec la majorité et ceux qui entendent être dans une franche opposition.
Selon les premiers résultats dimanche soir du second tour des législatives, LR pourrait obtenir jusqu'à 133 sièges et l'UDI suffisamment pour constituer un groupe parlementaire (15 députés minimum).
En nommant des élus LR à Matignon (Edouard Philippe) et à Bercy (Bruno Le Maire, Gérald Darmanin), Emmanuel Macron a déstabilisé la droite traditionnelle. Et il y a encore trois jours encore, au vu des sondages, les responsables LR tablaient sur une petite cinquantaine d'élus, "même pas de quoi lancer une motion de censure", selon un membre de l'équipe dirigeante.
Même si La République En marche et le MoDem raflent la mise avec environ 360 sièges, selon les estimations, le soulagement relatif était perceptible à droite: elle n'est "pas cassée", a soufflé Bernard Accoyer, secrétaire général de LR, appelant "à l'unité" pour former une opposition "vigilante".
François Baroin, chef de file du parti pour les législatives, a affirmé que le groupe LR était "suffisamment important pour faire valoir les convictions" de la droite, et Gérard Larcher, président du groupe LR du Sénat, s'est félicité du "sursaut du 2e tour" en faveur de sa famille politique.
Tous deux ont insisté sur le fait que les Républicains et l’UDI formaient "la première force de l’opposition" à l'Assemblée. Idem pour Rachida Dati, pour qui la droite n'est "pas ratatinée".
Parmi les gagnants LR figurent notamment ceux qui n'avaient pas de candidats En Marche face à eux, les "constructifs" Thierry Solère, Franck Riester ou Pierre-Yves Bournazel, et d'autres qui affrontaient un représentant du parti présidentiel: Christian Jacob, Eric Ciotti, Michèle Tabarot, Guillaume Peltier, Julien Aubert ou encore Isabelle Valentin, dont le suppléant est Laurent Wauquiez.
Et aussi Bruno Le Maire, mis au ban de LR à sa nomination au ministère de l'Economie.
"Je mesure le niveau d'abstention et la résistance du FN dans les territoires ruraux, notamment le mien", a affirmé à l'AFP Bruno Le Maire après sa réélection dans l'Eure. "Il ne s'agit pas de crier victoire mais de se remettre au travail. Les Français attendent de nous des résultats", a-t-il ajouté.
- Voter ou pas la confiance au gouvernement -
Le premier défi qui attend les Républicains sera la composition des groupes à l'Assemblée, prévue mardi. Y aura-t-il un ou deux groupes LR? Les "constructifs", prêts à coopérer - à "collaborer", persiflent leurs détracteurs - avec le pouvoir vont-ils rompre avec les partisans d'une franche opposition?
"Il est encore trop tôt pour dire si nous aurons notre groupe mais nous avons la volonté d'être dans une attitude constructive vis-à-vis du gouvernement, pour la réussite de ce quinquennat qui doit être utile aux Français", a affirmé M. Riester à l'AFP.
Egalement "Macron-compatible", M. Solère a redit qu'il voterait la confiance au gouvernement, début juillet, s'attirant immédiatement les foudres de Valérie Pécresse, présidente LR d'Ile-de-France. "Soit on vote la confiance, et on est dans la majorité, avec En marche, soit on est dans l'opposition et on ne vote pas la confiance".
Parmi les partisans d'une opposition claire, Jean-François Copé (dont le successeur à Meaux Jean-François Parigi a été confortablement élu), plaide pour que "droite et centre fassent bloc", et souhaite "un immense travail de réflexion et de rénovation" du parti.
Pour Guillaume Peltier, élu en Sologne, la droite doit faire "un énorme travail d'introspection sur les terribles échecs de 2017. Il faut recréer un corpus idéologique, réinventer une droite sociale, populaire et entrepreneuriale".
"Les Républicains auront deux groupes, car je ne vois pas comment des élus comme Peltier ou Solère peuvent siéger dans le même groupe", tranche l'universitaire Gilles Richard, auteur d'une Histoire des droites en France.
"Mais les groupes sont une chose, le parti, une autre. Les LR vont trouver les moyens de rester ensemble jusqu'au congrès de novembre et la compétition" entre deux lignes, analyse-t-il.
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