Les chocs climatiques et les conflits, premières causes des crises alimentaires en 2019

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Par Isabel MALSANG - Paris (AFP)
Publié le 02 avril 2019 - 12:38
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Au Soudan du Sud, une femme ramasse un sac de céréales distribué par le Programme alimentaire mondial, en juillet 2018
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© PATRICK MEINHARDT / AFP/Archives
Au Soudan du Sud, une femme ramasse un sac de céréales distribué par le Programme alimentaire mondial, en juillet 2018
© PATRICK MEINHARDT / AFP/Archives

Les chocs climatiques et les conflits resteront les premières causes des crises alimentaires dans le monde en 2019, prévient un rapport mondial publié jeudi par plusieurs agences de l'Onu et des bailleurs de fonds internationaux.

En 2018, plus de 113 millions de personnes dans 53 pays étaient au bord de la famine, particulièrement en Afrique, indique le rapport publié mardi à Bruxelles en prélude à une réunion d'experts de haut niveau sur le sujet.

Le Yémen, la République démocratique du Congo, l'Afghanistan, l'Ethiopie, la Syrie, le Soudan, Soudan du sud, et la partie nord du Nigeria étaient les huit pays les plus touchés par une malnutrition aiguë, selon le rapport, qui étudie en détail chaque année depuis trois ans la cinquantaine de pays qui peinent le plus à nourrir leur population.

L'Afrique est affectée de manière "disproportionnée" par la faim aiguë, avec près de 72 millions de personnes concernées, a déclaré à l'AFP Dominique Burgeon, chef des urgences de l'Agence des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, FAO, au cours d'un entretien téléphonique.

"Jusqu'à 80% des populations" des pays au bord de la famine "dépendent de l'agriculture" a-t-il dit. "Il faut leur apporter à la fois une aide humanitaire d'urgence pour se nourrir et des moyens d'existence en relançant l'agriculture" et la production d'aliments, selon lui.

- Afghanistan: vendre ses bœufs pour se nourrir -

Pour 2019, le rapport alerte sur la situation des pays voisins de conflits, qui accueillent massivement des réfugiés, et se retrouvent à leur tour en fragilité alimentaire.

"En particulier en Egypte, en Jordanie, au Liban et en Turquie où sont accueillis des réfugiés syriens, au Bangladesh où arrivent des Rohingya venus du Myanmar, en Ouganda qui héberge des réfugiés du Soudan du sud et de la République démocratique du Congo, au Cameroun et au Burundi où parviennent les réfugiés de République centrafricaine et de RD Congo, en Colombie, en Equateur et au Pérou où affluent les migrants vénézuéliens" indique le rapport, en citant aussi "les pays autour du lac Tchad en Afrique où se réfugient "les populations chassées par les violences liées à Boko Haram".

Le Venezuela, pour lequel les données fiables manquaient jusqu'à présent, devrait être déclaré en état de crise alimentaire en 2019, estime M. Burgeon en se disant "préoccupé" par la hausse "importante et significative" de la pauvreté dans ce pays frappé par une émigration massive.

En Afghanistan, l'insécurité alimentaire a "empiré" en 2018 après des sécheresses sévères, souligne l'expert.

"Dans la région d'Hérat, j'ai rencontré des familles d'agriculteurs obligées de vendre leurs bœufs, utilisés pour le labour, afin de se nourrir: c'est le summum de la vulnérabilité alimentaire quand il n'y a plus de semence et plus de moyen de cultiver. Il faut les aider à diversifier leurs sources de revenus, en développant par exemple la production de safran", a-t-il dit.

L'Irak et la Syrie ont souffert de la même sécheresse: elle a annulé la résilience dont avaient fait preuve les agriculteurs syriens pendant les huit ans de conflit, selon M. Burgeon.

- Syrie: aider le secteur semencier -

La production syrienne de blé a ainsi "massivement" chuté l'an passé, à 1,2 million de tonnes, alors qu'elle s'élevait en moyenne à 4,1 MT de 2002 à 2011, avant le conflit: "C'est la production la plus basse depuis 30 ans (1989)" a souligné M. Burgeon, qui souhaite une aide au secteur "semencier" dans ce pays, autrefois grenier à blé du Moyen Orient.

Le rapport prévoit pour 2019 une augmentation de l'insécurité alimentaire à Haïti, l'Etat le plus pauvre du continent américain, en état de "vulnérabilité chronique", selon M. Burgeon.

En Amérique Centrale, le rapport pointe du doigt les risques pesant sur le "corridor sec": Guatemala, Honduras, Salvador et Nicaragua, ainsi que l'ouest du Costa Rica et du Panama. Dans cette zone, affectée par le changement climatique et le phénomène El Niño, 45 millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Outre la FAO, le réseau d'information sur la sécurité alimentaire (FSIN) qui a rédigé le rapport comprend d'autres agences de l'Onu, comme l'Unicef ou le Programme alimentaire mondial (Pam), l'Union européenne, l'agence américaine pour le développement USAid, ainsi que des comités régionaux comme le comité permanent de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS).

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