Le retour de la cabine téléphonique pour protester contre la dictature numérique
De nos jours, les téléphones sont devenus si smart qu'ils ne servent plus seulement à téléphoner, mais à bien d'autres choses : naviguer sur Internet, écouter de la musique, jouer à des jeux vidéos, prendre des photos, se perdre sur les réseaux sociaux, et même... attester son état de santé ! Aujourd’hui, un collectif grenoblois demande le retour des bonnes vieilles cabines téléphoniques, non seulement parce qu’elles sont utiles en cas d’urgence (fin de batterie), mais aussi pour se débarrasser de l'oppression des smartphones connectés et de la "dictature numérique".
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C'était mieux avant ?
Basé à Grenoble, l'Observatoire international pour la réinstallation des cabines téléphoniques (OIRCT) se mobilise depuis avril 2021 pour la réinstallation de cabines téléphoniques publiques, à Grenoble et partout dans le monde. Vendredi 25 mars 2022, une d'elles a été réinstallée illégalement dans un parc de la ville. Bien que la mairie n'ait pas donné son accord, le dispositif est pour l’instant toujours en place et opérationnel. Le projet est aujourd’hui entre les mains de la municipalité, qui l’a retenu dans le cadre de son budget participatif. Le collectif attend désormais la mise en place de 22 cabines téléphoniques supplémentaires.
Plus que de la nostalgie, du militantisme pour la liberté
Pour Alice Lecomte, membre de l’association, ce mouvement est encouragé par la volonté croissante de lutter contre la numérisation de la société, tout en revendiquant le droit à la liberté et à la vie sans smartphone, exempte de l'espionnage constant des applications et plateformes numériques.
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Comme l’explique le collectif, le numérique laisse toute une frange de la population sur le banc de touche, que ce soit pour des raisons culturelles ou géographiques, ce qui provoque un accès difficile aux services publics. Par ailleurs, de plus en plus de citoyens refusent d'être esclaves de leurs portables, des algorithmes addictifs, des applications, des réseaux de surveillance, du ciblage automatisé des publicités, etc. Pour l’OIRCT, les cabines téléphoniques représentent la liberté "de ne pas être sans cesse pisté, calculé, évalué, flashcodé, QR-codisé" par les smartphones, devenus obligatoires pour "quantité d’activités anodines de la vie quotidienne".
Le 27 avril dernier, des actes de vandalisme sans précédent ont touché le réseau de fibres optiques de plusieurs fournisseurs d’accès à Internet dans plusieurs villes françaises, ce qui est un autre marqueur du mécontentement grandissant contre les services numériques.
Le Royaume-Uni revisite la cabine téléphonique en mini bureau pour télétravailler
À contre-courant, le Royaume-Uni modernise les cabines téléphoniques pour les rendre compatibles avec la société hyperconnectée. Une start-up propose de convertir ces cabines en mini bureau de télétravail, grâce à un service de construction de modules de travail équipés de tous les outils nécessaires pour travailler, se reposer ou passer des appels téléphoniques depuis ces habitacles. Ici, l'objectif affiché n'est pas de s'opposer aux évolutions sociétales, mais plutôt de s'y conformer en fournissant un espace isolé, sécurisé et équipé pour pouvoir travailler un peu partout, tout le temps. N'allons-nous plus jamais revoir les fameuses cabines rouges ?
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