Mossoul : les forces irakiennes en passe de prendre l'aéroport
Les forces irakiennes sont entrées vendredi dans l'ouest de Mossoul, pour la première fois depuis le début il y a quatre mois de l'offensive pour reprendre le dernier grand bastion irakien des jihadistes, qui répliquent par des attentats meurtriers.
Parallèlement, l'armée de l'air irakienne a bombardé des positions du groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans la Syrie voisine, où un attentat suicide a fait plus de 50 morts.
Près d'un mois après la reprise le 24 janvier du secteur oriental de Mossoul, des milliers d'hommes de la Force d'intervention rapide (FIR), des unités d'élite du contre-terrorisme (CTS) et de la police fédérale participent depuis dimanche à l'assaut pour reconquérir le secteur occidental de la ville.
Progressant rapidement dans la bataille pour la reconquête de la deuxième ville d'Irak, les forces irakiennes ont enfoncé les lignes du groupe jihadiste après avoir repris la veille l'aéroport de Mossoul à la périphérie sud-ouest de la ville, sans rencontrer de forte résistance des jihadistes.
Les forces de la FIR sont entrées vendredi dans le quartier de Jawsaq, adjacent à l'aéroport, où elles ont été accueillies à la fois par des tireurs embusqués, mais aussi par des youyous de femmes, célébrant la fin de plus de deux ans de tyrannie et par des hommes réclamant des cigarettes, interdites sous les jihadistes.
"Je n'en ai plus, je jure que je n'en ai plus", a répondu un combattant gouvernemental à bord d'un convoi qui avance doucement dans ce quartier situé au nord de l'aéroport.
- 'Progression rapide' -
L'EI a utilisé des véhicules piégés pour ralentir la progression des forces irakiennes.
Trois d'entre eux ont été neutralisés vendredi matin, a dit à l'AFP le général Abdelwahab Saadi, un commandant des CTS à la périphérie sud de Mossoul, faisant état de blessés parmi ses hommes, touchés par des drones et des tirs de mortier.
A l'ouest de l'aéroport, les membres du CTS ont repris la base militaire de Ghazlani ainsi que le village de Tal al-Rayyan avant de parvenir à la lisière du quartier résidentiel d'Al-Maamoun, dans le sud-ouest de Mossoul, a-t-il précisé.
Des tirs d'artillerie et d'obus de mortier pouvaient être entendus des limites sud de la ville, alors que des avions menaient des raids, selon des correspondants de l'AFP.
Outre l'aviation de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, des conseillers militaires américains sont présents sur la ligne de front.
La bataille "progresse rapidement pour l'instant mais la prochaine étape pourrait s'avérer plus difficile", a souligné le général Saadi.
- Bataille difficile -
En effet, la bataille s'annonce difficile avec des ruelles étroites et des jihadistes mieux implantés et tentés de recourir aux civils comme boucliers humains.
Quelque 2.000 jihadistes s'y trouvent, selon le renseignement américain et ils sont encerclés de toutes parts.
L'ONU et les ONG s'inquiètent pour les 750.000 habitants de Mossoul-Ouest, dont près de la moitié sont des enfants. Leurs conditions de vie sont de plus en plus difficiles dans cette zone désormais coupée de l'extérieur et privée d'approvisionnement.
Tous les ponts sur le fleuve Tigre qui relie l'est à l'ouest de la ville ont été détruits.
Selon des sources médicales et des habitants de Mossoul-Ouest, certains commencent à mourir de malnutrition et du manque de médicaments.
Une perte totale de Mossoul représenterait un terrible revers pour l'EI qui ne contrôlerait plus alors qu'une région autour de la ville irakienne de Hawija, à 180 km au sud-est de Mossoul, la cité de Tal Afar, à l'ouest, et de petites localités dans l'ouest irakien.
- Attentat meurtrier en Syrie -
Face à la recrudescence des attentats meurtriers de l'EI, l'armée de l'air irakienne a bombardé vendredi "avec succès" des positions du groupe jihadiste dans des régions frontalières en Syrie voisine, selon le Premier ministre irakien Haider al-Abadi qui a lié les cibles visées à des attentats sanglants commis à Bagdad.
Le bombardement s'est fait en coordination avec Damas, a affirmé une source proche du ministère syrien des Affaires étrangères.
Cible d'offensives dans les régions qu'il occupe depuis 2014 en Irak et en Syrie, l'EI parvient toujours à frapper malgré les revers subis ces derniers mois.
En Syrie, 51 personnes ont ainsi péri vendredi dans un attentat suicide revendiqué par l'EI près d'Al-Bab, dernier grand fief des jihadistes dans la province d'Alep, que des groupes rebelles soutenus par la Turquie affirment avoir repris. A l'entrée d'Al-Bab, deux soldats turcs ont été tués dans un autre attentat suicide. Et, en Irak, 15 gardes-frontières sont morts dans une attaque près de la frontière jordanienne.
"Ce sont les +chiens+ (du chef de l'EI Abou Bakr) al-Bagdadi qui ne peuvent pas supporter leur immense défaite et leurs kamikazes ont commencé à prendre leur revanche", a dit à l'AFP Abou Jaafar, commandant du groupe rebelle syrien Liwa al-Moutassem.
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