Nigeria : le père de la sage-femme assassinée par Boko Haram "sous le choc"

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Par Audu Abba KURAMA, Avec Aminu Abubakar à Kano - Maiduguri (Nigeria) (AFP)
Publié le 17 octobre 2018 - 20:37
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La fondatrice de Bring Back Our Girls, Oby Ezekwesili (à gauche) est réconfortée par Aisha Yesufu, membre du groupe, pendant une manifestation le 16 octobre 2018, à la suite du meurtre d'une humanitai
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© Mudashiru ATANDA / AFP
La fondatrice de Bring Back Our Girls, Oby Ezekwesili (à gauche) est réconfortée par Aisha Yesufu, membre du groupe, pendant une manifestation le 16 octobre 2018, à la suite du meu
© Mudashiru ATANDA / AFP

Le père de la jeune humanitaire du CICR de 24 ans assassinée lundi par le groupe jihadiste Boko Haram, a confié à l'AFP être "sous le choc" de cette tragédie, mais dit n'avoir aucun regret de l'avoir encouragée à "aider sa communauté".

"Malgré tout ce qui est arrivé, je ne regrette pas qu'elle soit allée à Rann et qu'elle ait offert son aide", a raconté Mohammed Liman, le père d'Hauwa. "Elle a vraiment joué un grand rôle au sein de la communauté".

La jeune fille travaillait pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans un camp de déplacés à Rann, dans l'extrême nord-est du Nigeria, d'où sa famille est originaire.

Dans ce camp, 60.000 personnes, qui ont fui les combats entre l'armée nigériane et les insurgés islamistes de Boko Haram, vivent toujours dans un camp et dépendent de l'aide humanitaire pour leur survie.

Mais lors d'une lourde attaque du groupe jihadiste de la base militaire située à proximité du camp le 1er mars dernier, trois humanitaires nigérianes avaient été enlevées. Le groupe détient également Leah Sharibu, la dernière lycéenne de Dapchi enlevée en février dernier.

Deux d'entre elles (dont Hauwa) ont déjà été tuées et la troisième, Alice Loksha, employée de l'Unicef (Fonds des Nations unies pour l'enfance), est toujours entre les mains du groupe.

"J'ai été très choqué lorsque j'ai appris qu'Hauwa avait été tuée", a rapporté son père en langue haoussa.

"Trois jours avant, le ministre de l'Information est venu nous rendre visite et nous a assuré que le gouvernement faisait tout ce qui était en son pouvoir pour garantir la libération des otages", se souvient-il. "Mais moins d'une semaine plus tard, on apprend qu'elle a été tuée."

"Nous sommes très affectés. Toute la famille est très affectée."

"Je ne sais pas quel islam ces meurtriers pratiquent", regrette ce fervent musulman. "Moi l'islam que je connais encourage l'aide humanitaire et l'altruisme envers ceux qui en ont besoin". C'est pour cela, assure-t-il, que la jeune fille est retournée dans la ville familiale de Rann avec son "consentement" et sa "bénédiction".

Hauwa Liman était "une femme sociable, dynamique et enthousiaste, très aimée de sa famille et ses amis (...) dévouée à son travail", a commenté le CICR au lendemain de l'annonce de sa mort, un acte "ignoble, inhumain et impie" selon l'organisation qui est particulièrement présente dans le nord-est du Nigeria, et a participé à de nombreuses négociations pour la libération de lycéennes de Chibok, enlevées en 2014.

Mardi, plusieurs manifestants, en larmes, se sont réunis à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, arborant des pancartes avec les derniers mots de Hauwa Liman.

La jeune femme était au téléphone avec son frère, au moment de son enlèvement. Dans un enregistrement révélé à la presse, on l'entend confier : "Nous étions là pour les plus vulnérables et maintenant nous sommes les plus vulnérables".

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