Sortir de la secte, étape 2 – prédictions et suggestion : désamorcer l’effet nocebo

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FranceSoir
Publié le 25 février 2021 - 19:45
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Cette tribune fait suite à Anticovidisme : la nouvelle secte mondiale et à "Sortir de la secte, étape 1".

Sortir de la secte, étape 2 – prédictions et suggestion : discerner leur influence sur notre psychisme pour désamorcer l’effet nocebo 

"L'effet nocebo peut produire une vraie maladie", déclare le Pr Jean-François Bergmann, chef du service de médecine interne de l'hôpital Lariboisière, dans un article pour Allô Docteurs.

L’effet nocebo est l’exact opposé de l’effet placebo : il s’agit de la capacité qu’a l’être humain de générer une maladie physique réelle, par le simple fait qu’il s’attend à en être victime.

Lorsqu’une prédiction alarmante est faite par un représentant d’une autorité quelconque, cela crée une cascade de réactions émotionnelles qui s’impriment dans l’esprit et le corps de la personne qui l’entend. C’est un mécanisme automatique, incontrôlable, et ses effets sont indélébiles. On ne peut pas « désentendre » une prédiction qu’on a entendue. Si elle a eu sur vous un impact émotionnel profond, elle s’est littéralement gravée en vous sans que vous en soyez conscient.

Les gourous assoiffés de pouvoir exploitent l’effet nocebo pour asseoir leur domination sur leurs ouailles et s’assurer que ces derniers ne quitteront pas la secte. Le mien prédisait beaucoup et se trompait beaucoup, mais il maniait la suggestion avec un art si consommé que nous n’y voyions que du feu. Il avait une façon subtile de « déplorer » les malheurs qui étaient prétendument arrivés à ceux qui avaient cessé de croire en lui, et de prophétiser les évènements terribles qu’ils allaient affronter dans l’avenir à cause de leur manque de foi.

Au niveau individuel, l’effet nocebo conduit notamment à des désordres physiques.
Avez-vous déjà vécu l’expérience de vous faire annoncer une catastrophe par quelqu’un dont vous ne mettriez jamais la parole en doute ?
Un médecin de renom a-t-il déjà fait un pronostic alarmant sur vos chances de guérir d’une maladie pénible ou grave ? Qu’avez-vous ressenti alors ?
Avez-vous été témoin de l’effondrement moral d’une personne qui vient d’entendre son médecin prononcer le mot « cancer » ?

A l’énoncé du mot « cancer », même si le praticien bien intentionné a juste voulu en évoquer la lointaine possibilité, votre corps réagit automatiquement en intégrant cette éventualité comme s’il s’agissait d’une certitude : les mots ont ce pouvoir, comme l’attestent les neurosciences. Votre mental prend alors le relais en transformant cette simple possibilité en une quasi-certitude, terrifiante, concernant votre avenir. Ainsi se met en place l’infernale partie de ping-pong où corps et esprit se renvoient la balle pour imaginer un scénario de plus en plus catastrophique aboutissant à une épouvantable agonie.

Si une trop forte angoisse vous pousse à faire des recherches sur les symptômes auxquels vous pouvez vous attendre, votre corps commence à faire apparaitre certains de ces symptômes, bien que vous soyez en pleine santé. Votre corps répond automatiquement à votre croyance dans ce qui, au départ, n’était qu’une simple suggestion. C’est ainsi que certains gourous charismatiques contemporains, comme les sorciers ou « hommes-médecine » d’antan, réussissent à faire périr leurs ennemis sans même les approcher, par le simple fait de les avoir publiquement maudits: la victime est tellement convaincue de la puissance magique du gourou et de la tangibilité de sa malédiction qu’elle se met à dépérir, et finira par mourir si le sort n’est pas officiellement annulé par celui qui l’a jeté. L’impact de la malédiction est démultiplié par la pression du groupe qui a foi en l’infaillibilité du jeteur de sorts.

Au niveau d’une société, l’effet nocebo collectif conduit à des désordres… de tous ordres.

Dans son remarquable article : « Effet NOCEBO : des mots et des maux, quand prédiction rime avec malédiction », le Docteur Annette Lexa nous explique que l’effet nocebo repose sur 3 principaux mécanismes de l’esprit :
• la suggestion : messages et attitudes négatives de la part des soignants, autosuggestion
• le conditionnement et la croyance
• la représentation symbolique : effet blouse blanche, représentations symboliques collectives

Une suggestion habilement faite, si elle est répétée suffisamment de fois, finit par devenir une croyance. Et les croyances définissent en grande partie notre vision du monde, notre réalité personnelle.

Depuis le début de la crise du COVID-19, de nombreuses prédictions catastrophiques on été faites. Pour nous inciter à leur accorder du crédit, on leur a donné un nom imposant : «modélisations». Ces prédictions nous ont été exprimées par des représentants éminents de l’autorité politique et scientifique, puis nous ont été répétées ad nauseam en utilisant tous les moyens de communication possibles.

Ces prédictions ont été assorties de suggestions quotidiennes, qui en ont amplifié l’effet :

Le slogan : « Protégeons-nous les uns les autres » : la première fois que je l’ai lu dans une station de métro, savez-vous ce que mon cerveau a automatiquement enregistré ? Il a interprété ce slogan par : « Protégeons-nous les uns des autres ». Alors que « « Protégeons-nous mutuellement » ou simplement « Protégeons-nous du COVID-19 » auraient été tout aussi efficaces (et plus courts, donc plus percutants), les signataires de cette affiche ont préféré une phrase qui, mal lue ou lue trop vite, pouvait interprétée comme une incitation à avoir peur de l’autre.

Le terme « gestes barrière » produit le même effet. « Gestes protecteurs, gestes de santé, gestes anti-COVID » : ce type de terminologie aurait tout aussi bien incité la population à se comporter de manière prudente et citoyenne, sans générer de méfiance excessive envers l’autre.

Port obligatoire en espace public ouvert ou fermé, d’un masque chirurgical. C’est-à-dire d’un type de masque que notre inconscient associe automatiquement avec l’hôpital, la chirurgie, et en fin de compte la mort, puisque de nos jours il est plus rare de mourir chez soi qu’à l’hôpital.

En Suisse, l’interdiction faite aux enfants masqués de chanter en présence d’autres personnes, elles-mêmes masquées et respectant la distance requise de plusieurs mètres, de peur qu’un super-postillon franchisse ces multiples barrières, et que tel une sorte de McGyver infectieux, il réussisse à s’évader en dépit des obstacles, pour finalement toucher quelqu’un. Le chant, sa spontanéité, la joie qu’il exprime, est donc dangereux pour les autres. On peut tuer rien qu’en chantant, c’est le message subliminal que les plus jeunes reçoivent et intègrent automatiquement.

Je ne détaillerai pas plus avant les suggestions verbales et non verbales directes faites jour après jour dans les médias, par des membres reconnus de l’élite scientifique, depuis le début de la crise du COVID : les effets de ce matraquage ont déjà été décrits maintes fois par des psychologues dans le monde entier. Ces derniers ont ainsi tenté d’alerter leurs concitoyens sur les risques encourus par leur esprit et leur corps s’ils acceptaient l’angoisse générée par ces suggestion comme leur nouveau mode de vie normal.

Pour ne parler que de la France, il suffit de regarder autour de nous pour constater que notre société est désormais malade de peur bien plus que du COVID-19. La peur de l’autre est omniprésente : dans les yeux de la jeune femme qui change de trottoir pour ne pas vous croiser; de l’homme qui, seul dans sa voiture, décide de conduire masqué « parce qu’on ne sait jamais» ; de l’ami de longue date qui décide de faire une détour pour ne pas avoir à vous rencontrer, parce que, même si vous portez un masque et lui aussi, il existe forcément un risque, tout le monde le sait.

La peur de l’autre est un cancer que notre société a contracté en réponse aux prédictions et aux suggestions de nos élites, et elle est susceptible de conduire certains d’entre nous à une mort prématurée, involontairement ou volontairement. Une étude sur les risques suicidaires liés au confinement, menée fin 2020 par la Fondation Jean-Jaurès nous apprend notamment que :
•20 % des personnes interrogées ont déjà envisagé sérieusement de se suicider ;
•Parmi les personnes qui ont envisagé de se suicider, 11 % l’ont envisagé durant le premier confinement, 17 % depuis la fin du premier confinement.
 

Pour sortir de la secte, il est nécessaire de briser l’influence malsaine du gourou en déterminant clairement l’origine de nos croyances : ces dernières nous appartiennent-elles, ou ont-elles été implantées dans notre esprit par suggestion ? Il faut ensuite prendre conscience de l’influence qu’ont sur notre corps et sur notre désir de vivre les croyances qui nous ont été suggérées. C’est ainsi qu’on désamorce l’effet nocebo.

C’est une discipline mentale que l’on doit pratiquer et perfectionner chaque jour, comme un kata de karaté. Mais l’effort en vaut la peine : il s’agit finalement d’appliquer un simple « geste barrière » mental, efficace et librement consenti, contre les effets potentiellement néfastes des suggestions que nous absorbons quotidiennement.

 « La suggestion consiste à faire dans l’esprit des autres une petite incision où l’on met une idée à soi. » - Victor Hugo

 

Marilis Valo est écrivain.
 


Pour en savoir plus sur l’effet nocebo : 
https://www.allodocteurs.fr/se-soigner/medicaments/l-effet-nocebo-le-cote-obscur-de-l-effet-placebo_9942.html
https://cancer-rose.fr/2016/11/05/effet-nocebo-des-mots-et-des-maux-quand-prediction-rime-avec-malediction/
https://brainblogger.com/2009/07/15/the-curse-of-the-nocebo-effect/ (anglais)

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